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NJEGOŠ PETAR II PETROVIĆ (1813-1851)

Njegoš est un des plus célèbres poètes et philosophes slaves du Sud. Malgré une mort prématurée, en 1851 à Cetinje, il marqua, comme homme politique, l'histoire de son pays. Comme écrivain et penseur, il était presque seul dans son Monténégro à la population désunie, encerclé par des régions sous domination turque, et qui était seul aussi contre l'ennemi séculaire, en face d'une Europe égoïste et indifférente. Comptant d'abord sur ses propres forces, Njegoš entreprit une œuvre d'unification et de progrès ; il centralisa le pouvoir, forma le sénat, l'organe d'État législatif et administratif, renoua les rapports amicaux avec la Russie ; il créa la première école primaire et fonda une imprimerie. Njegoš a posé les bases indispensables à un État futur. Mais c'est avant tout son œuvre littéraire qui l'a rendu immortel.

Poète et philosophe

Petar II Petrović Njegoš naquit à Njeguši au Monténégro, dont il devint le souverain en 1830 et l'évêque en 1833. Son œuvre a un caractère lyrique, épique et dramatique. Inspirés par un sentiment patriotique ou intime, ses poèmes lyriques – environ cent dont une partie ne fut publiée qu'après sa mort – sont de caractère réflexif et de style concis et séduisant. En 1834, il publia à Cetinje deux recueils de poèmes, Pustinjak cetinjski (Anachorète de Cetinje) et Lijek jarosti turske (Le Remède contre la colère turque). En 1833, il écrit Glas kamenštaka (La Voix de l'ermite) qu'il ne réussit pas à publier et, en 1835, il le transforma en Svobodijada (Chants sur la liberté), qui ne fut publié qu'en 1854. Le texte original de Glas kamenštaka est perdu et il n'en est resté qu'une version italienne. L'œuvre principale de Njegoš est composée du triptyque épico-dramatique Luča mikrokozma (La Torche du microcosme), Belgrade, 1845, Les Lauriers de la montagne (Gorski vijenac), Vienne, 1847, et Lažni car Šćepan Mali, (Le Faux Tsar Šćepan Mali), Zagreb, 1851. Il publia entre La Torche du microcosme et Les Lauriers de la montagne le recueil de poèmes Ogledalo srpsko (Le Miroir serbe), à Belgrade en 1846. La Torche du microcosme est une épopée en six chants allégoriques dont le thème est religieux et le style foisonne de symboles. Le terme microcosme ici signifie l'homme ou, plus précisément, son principe spirituel. Dès son apparition, cette œuvre fut comparée, avec raison, au Paradis perdu. Bien qu'étant une vision poético-philosophique du cosmos, une cosmogonie, cette épopée est aussi une anthropologie philosophique, une éthique et une métaphysique. De plus, elle présente la vie du poète Njegoš lui-même. Utilisant une terminologie polyvalente et au fond très métaphorique, c'est une synthèse de la philosophie et de la poésie, un genre unique dans les lettres yougoslaves. Dans ses descriptions du cosmos, du ciel, de la source du péché originel, de la lutte entre le bien et le mal, du destin de l'âme humaine et du paradis promis, il considère l'élément spirituel comme un principe indépendant, et se rattache ainsi au courant dualiste. Pourtant, bien que sa conception du monde soit idéaliste en même temps que matérialiste, sa manière de la transposer en un équivalent esthétique est à dominante réaliste, et la préoccupation essentielle éthico-philosophique de cette épopée ne détache pas le poète des problèmes réels, surtout politiques. Il le prouve avec Ogledalo srpsko qui succède directement à Luča mikrokozma et qui est un recueil de chants populaires évoquant les guerres menées par les Monténégrins du début du xviiie siècle à l'époque de Njegoš et des guerres des Serbes pendant la révolution de Karageorges. Ogledalo srpsko, anthologie du patriotisme, est en rapport génétique avec Glas kamenštaka et Svobodijada, poèmes qui glorifient les mêmes guerres.[...]

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Classification

Pour citer cet article

Milivoje PEJOVIC. NJEGOŠ PETAR II PETROVIĆ (1813-1851) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MONTÉNÉGRO

    • Écrit par Amaël CATTARUZZA, Renaud DORLHIAC, Universalis
    • 5 232 mots
    • 3 médias
    Les premiers fondements d'un appareil d'État sont déjà posés lorsque son neveu,Petar II Petrović Njegoš, lui succède en 1830. Ce dernier, connu plus généralement sous le nom de Njegoš, à la fois poète et prince, continue la politique entreprise par son oncle. Il établit en 1832 un Sénat composé...
  • SERBIE

    • Écrit par Amaël CATTARUZZA, Christophe CHICLET, Jovan DERETIC, Universalis, Catherine LUTARD
    • 11 827 mots
    • 9 médias
    ...(1791-1847), comme aussi les œuvres poétiques et dramatiques de Jovan Sterija Popović (1806-1856), considéré comme le père de la comédie serbe, et surtout de Petar II Petrović Njegoš (1813-1851), dont la philosophie de l'histoire trouve son expression la plus élaborée dans un chef-d'œuvre de la littérature serbe,...

Voir aussi