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KRUGMAN PAUL R. (1953- )

Paul Krugman appartient à cette catégorie d'économistes américains réputés qui ont le souci de vulgariser les avancées de la recherche économique à l'intention d'un public non spécialisé. À l'image des écrits de Robert Reich ou de Joseph Stiglitz, les textes de Paul Krugman sont clairs et percutants.

Né en 1953, Paul Krugman grandit dans la banlieue new-yorkaise. Diplômé de Yale (Connecticut) en 1974, il obtient son doctorat au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1977 et ne cesse, à partir de cette date, de multiplier conférences et déplacements dans le monde entier pour diffuser sa « vision » de l'économie, les notions et hypothèses qu'il juge essentielles, au sein de la discipline, pour que la théorie traduise mieux la réalité : les rendements croissants et la concurrence imparfaite.

Paul Krugman - crédits : D. Applewhite/ Princeton University Office of Communications

Paul Krugman

Très imprégné par le « style MIT », il applique sa démarche (un peu de mathématique, de petits modèles appliqués aux problèmes réels) au champ de la nouvelle « économie géographique », dont il devient l'un des leaders à la fin des années 1990. L'hybridation de ses recherches et l'hétérodoxie qu'il revendique lui permettent de cultiver une attitude critique comme moyen de faire exploser les clivages et de proposer des idées neuves, notamment en matière de commerce international.

Au-delà de la théorie traditionnelle du commerce international

La théorie traditionnelle de l'échange s'est longtemps appuyée sur la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo (1817) et, dans le prolongement de cette dernière, sur d'autres travaux, qui se sont succédé pendant la première moitié du xxe siècle, avec les économistes suédois Eli Heckscher et Bertil Ohlin d'une part, et l'Américain Paul Samuelson d'autre part.

Selon l'approche classique, l'échange international est un jeu à somme positive, la spécialisation des pays s'explique par l'existence de différentiels naturels de productivité, échange et spécialisation garantissent une allocation optimale des ressources.

Dès les années 1970, des études empiriques inspirées de la thèse de « l'échange inégal » mettent en évidence les limites de la théorie traditionnelle : le « jeu à somme positive » l'est davantage pour certains pays que pour d'autres ; certaines spécialisations créent des avantages tels que les pays favorisés connaissent des rythmes de croissance durablement plus élevés ; le différentiel de productivité peut être construit grâce à des économies d'échelle et des innovations dans le cadre d'une concurrence imparfaite.

Pour tenter d'expliquer ces nouvelles tendances de l'échange, Paul Krugman jette les bases, dans les années 1980, de ce qu'il est convenu d'appeler la « nouvelle théorie du commerce international ». Certains contestent la nouveauté de ses analyses, estimant qu'il ne fait que donner une large diffusion à des approches antérieures qui avaient en commun de renoncer aux hypothèses irréalistes du modèle de concurrence parfaite. Il est vrai que Krugman intègre des effets connus : ceux de la concurrence monopolistique mis à jour par Edward Chamberlin en 1933, ou ceux des rendements croissants étudiés par Alfred Marshall.

Ce talent d'interprète ne fait pas moins de Krugman la figure de proue du courant de pensée de la « nouvelle macroéconomie keynésienne ».

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Écrit par

  • : maître de conférences, université Paris-Sorbonne
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Françoise PICHON-MAMÈRE. KRUGMAN PAUL R. (1953- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • COMMERCE INTERNATIONAL - Théories

    • Écrit par Lionel FONTAGNÉ
    • 7 228 mots
    La synthèse proposée par Elhanan Helpman et Paul Krugman en 1985 en termes d'équilibre intégré a permis de dépasser l'opposition paradigmatique entre avantage comparatif et concurrence imparfaite, en donnant une nouvelle interprétation de l'apport de Jaroslav Vanek.
  • COMMERCE INTERNATIONAL - Avantages comparatifs

    • Écrit par Matthieu CROZET
    • 5 804 mots
    Le modèle dit de  »dumping réciproque », développé au début des années 1980 par James Brander et Paul Krugman, explique les flux de commerce par le comportement stratégique des firmes sur des marchés oligopolistiques : chaque entreprise dispose d'un avantage compétitif sur son propre marché...
  • COMPÉTITIVITÉ

    • Écrit par Jean-Louis MUCCHIELLI
    • 1 340 mots
    • 1 média
    ...États-Unis, l'Europe et le Japon seraient des concurrents, au même titre que Coca-Cola et Pepsi-Cola. Pourtant, comme l'a rappelé l'économiste américain Paul Krugman dans La mondialisation n'est pas coupable (1998), l'analogie est impropre : une entreprise vend tout, ou presque, à l'extérieur de son...
  • CRISES ÉCONOMIQUES

    • Écrit par Jean-Charles ASSELAIN, Anne DEMARTINI, Pascal GAUCHON, Patrick VERLEY
    • 21 855 mots
    • 14 médias
    ...des économies à moyen terme ne signifie pas pour autant la fin des crises, celles-ci demeurant plus que jamais d'actualité au début du xxie siècle. Dans son livre The Return of Depression Economics paru en 1999, Paul Krugman insistait justement sur leur caractère inéluctable, même si, au fil du temps,...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi