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AUSTER PAUL (1947- )

Les miroirs de l'œuvre

En 1982, Paul Auster publie également The Art of Hunger (L'Art de la faim), qui rassemble des essais critiques sur Hamsun, Dupin, Celan, Kafka, notamment. Il travaille ensuite à sa Trilogie new-yorkaise, qui rassemble Cité de verre (1985), Revenants (1986) et La Chambre dérobée (1986). Ce qui était déjà esquissé dans L'Invention de la solitude – labyrinthes intertextuels, conjonction d'univers fabuleux, substitution d'identités – trouve ici un espace à sa démesure, à travers l'évocation d'un Manhattan abrupt et violent. Mais si L'Invention de la solitude empruntait son modèle aux anciens arts de la mémoire, c'est ici la structure du roman policier qui prévaut. Encore celle-ci apparaît-elle comme minée de l'intérieur : l'énigme ne se laisse pas résoudre, elle se dérobe sans cesse, de variation en digression. Ainsi, dans Cité de verre, l'enquête n'aboutit pas, elle conduit plutôt à l'effacement progressif des éléments et des protagonistes qui la composaient.

Ce jeu entre disparition et dédoublement suscite d'autres ramifications dans les deux autres romans de la trilogie. Moon Palace (1989) porte à son extrême la fascination de Paul Auster pour les chambres-tombeaux, les espaces dérobés, pivots secrets du monde : à sa mort, son oncle laisse au jeune M. S. Fogg une caisse de livres. Leur lecture en huis clos va organiser la trame narrative de Moon Palace, et constituer la matière à la fois d'une odyssée intérieure et d'un déchiffrement des archives mythiques de l'Amérique. Paul Auster a également publié La Musique du hasard (1990), Leviathan (1992), où l'exploration critique du rêve américain se double d'un jeu fictionnel avec un personnage inspiré de l'artiste Sophie Calle, Le Carnet rouge (1993),Seul dans le noir (2008), Invisible (2009), Sunset Park (2011) et 4 3 2 1 (2017). Au cinéma, Paul Auster a collaboré à la réalisation de Smoke et Blue in the Face (1994), tous deux dirigés par Wayne Wang, avant de mettre en scène en 1998 Lulu on the Bridge, d'après son propre roman, et La Vie intérieure de Martin Frost (2006).

— Gilles QUINSAT

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Pour citer cet article

Gilles QUINSAT. AUSTER PAUL (1947- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Paul Auster - crédits : Timothy Fadek/ Corbis/ Getty Images

Paul Auster

Autres références

  • MOON PALACE, Paul Auster - Fiche de lecture

    • Écrit par Pierre-Yves PÉTILLON
    • 1 031 mots

    Dans L'Invention de la solitude (1982), Paul Auster (né en l947) avait exhumé l'histoire de son père absent. Avec Moon palace (1989), il écrit sa propre autobiographie sous la forme d'une sorte d'« auto-graphie » nationale qui pourrait porter comme sous-titre « L'invention de l'Amérique...

  • 4 3 2 1 (P. Auster) - Fiche de lecture

    • Écrit par Anne BATTESTI
    • 1 156 mots

    4 3 2 1, roman d'apprentissage de Paul Auster situé dans les années 1950 et 1960 (traduit de l’américain par Gérard Meudal, Actes Sud, 2018), relate en préambule une histoire familiale, autour de l'arrivée en 1900 d'un Juif russe à Ellis Island et son acquisition fortuite du patronyme de Ferguson....

  • SEUL DANS LE NOIR (P. Auster) - Fiche de lecture

    • Écrit par Anne BATTESTI
    • 1 076 mots

    Le narrateur de Seul dans le noir (trad. C. Le Boeuf, Actes sud, Arles, 2009), dernier roman de Paul Auster, est une fois encore un Jonas confiné dans le ventre de la baleine, espace mental aux abords de la mort, de la survie ou de la renaissance. Dans ce voyage au bout de la nuit en mode mineur, la...

  • CALLE SOPHIE (1953- )

    • Écrit par Universalis, Elvire PEREGO
    • 1 768 mots
    Jeux de chassés-croisés, aussi. L'exposition donnait lieu en effet à un tête-à-tête avec le romancier new-yorkais Paul Auster qui, dans son livre Léviathan, paru en 1993, s'était inspiré de la plasticienne, en ces termes : « Au début elle me faisait un peu peur, je la soupçonnais d'un rien...

Voir aussi