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NURMI PAAVO (1897-1973)

Champion solitaire, ascétique, silencieux, l'athlète finlandais Paavo Nurmi pouvait parfois sembler dédaigneux, tant la concentration qui était la sienne à l'approche d'un grand événement l'éloignait de toute sollicitation qu'on n'appelait pas encore « médiatique ». Toujours est-il que celui que les journalistes surnommèrent le « Finlandais volant » construisit, à force de ténacité, une œuvre athlétique quasi inégalée. De 1920 à 1932, il régna en maître sur le demi-fond et le fond mondial, multipliant médailles olympiques et records du monde, qu'il établissait avec la régularité d'un métronome.

Mais l'idole finlandaise, orphelin de père à l'âge de douze ans, ce qui avait plongé la famille dans le besoin, eut le mauvais goût, pour les autorités sportives de l'époque, de monnayer son talent, et fut pour cela voué aux gémonies par les tenants de l'amateurisme sportif. Disqualifié pour « professionnalisme » quelques jours avant le début des jeux Olympiques de Los Angeles en 1932, où son ultime défi était de remporter le marathon, Paavo Nurmi dut laisser inachevée sa fantastique symphonie athlétique. Vingt ans plus tard, il connut l'honneur d'embraser la vasque olympique à l'occasion de la cérémonie d'ouverture des Jeux d'Helsinki, prenant une douce revanche sur ses censeurs.

Paavo Nurmi a obtenu neuf médailles d'or et trois d'argent aux jeux Olympiques, il a battu vingt-deux records du monde, du 1 500 mètres au 20 kilomètres.

Les premiers exploits

Joseph Guillemot et Paavo Nurmi - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Joseph Guillemot et Paavo Nurmi

Paavo Johannes Nurmi naît le 13 juin 1897 à Turku, cité portuaire de Finlande, alors intégrée à l'Empire russe. Il est le fils d'un modeste artisan ébéniste. Son père meurt alors que l'enfant n'est âgé que de douze ans. Le gamin se retrouve soutien de famille et exerce divers métiers manuels pour subvenir aux besoins de son frère et de ses deux sœurs. À dix-neuf ans, il effectue son service militaire, et c'est à ce moment qu'il découvre sa vocation d'athlète. En moins de quatre ans, sa progression est fulgurante et il se présente en favori aux jeux Olympiques d'Anvers, en 1920. Personne ne semblait pouvoir l'inquiéter sur 5 000 mètres. Comme à son habitude, Nurmi force l'allure dès le départ, sans se soucier de ses concurrents accrochés à sa foulée régulière. Mais le Français Joseph Guillemot parvient à le suivre et surprend l'idole par un sprint prolongé dans le dernier virage. Guillemot résiste et devance le Finlandais de 4 secondes – un cruel échec pour Nurmi. Trois jours plus tard, sur 10 000 mètres, le Finlandais reste sur ses gardes et, grâce à un dernier tour mené à un train d'enfer, finit par s'imposer devant le même Joseph Guillemot. À Anvers, Nurmi obtient deux autres médailles d'or : il est champion olympique de cross-country, individuellement et par équipes, avec ses compatriotes Heikki Liimatainen et Teudor Koskenniemi.

La Finlande, qui venait d'obtenir l'indépendance, fut si fière des médailles d'or de Nurmi que des hommes d'affaires lui offrirent de financer ses études d'ingénieur à l'Institut industriel d'Helsinki. Première entorse à l'amateurisme ?

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Pour citer cet article

Pierre LAGRUE. NURMI PAAVO (1897-1973) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Joseph Guillemot et Paavo Nurmi - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Joseph Guillemot et Paavo Nurmi

Ville Ritola, Paavo Nurmi et Edvin Wide - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Ville Ritola, Paavo Nurmi et Edvin Wide

Autres références

  • AMSTERDAM (JEUX OLYMPIQUES D') [1928] - Chronologie

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 2 519 mots
    Premières finales d'athlétisme. Dans le 10 000 mètres, la lutte entre les Finlandais Paavo Nurmi et Ville Ritola est intense : Ritola se porte en tête et tente de lâcher son rival, mais Nurmi attaque à deux tours de l'arrivée, résiste au rush de son compatriote dans les derniers mètres et s'impose...
  • ANVERS (JEUX OLYMPIQUES D') [1920] - Chronologie

    • Écrit par Pierre LAGRUE
    • 2 765 mots
    ...1 min 53,4 s, alors que Rudd ne se classe que troisième et s'effondre épuisé une fois la ligne franchie. Dans le 5 000 mètres, l'impassible Finlandais Paavo Nurmi (vingt-trois ans) se porte en tête du peloton de seize champions après trois tours de piste et force l'allure. Seul le petit Français Joseph...
  • JEUX OLYMPIQUES

    • Écrit par Jean DURRY, Universalis, Pierre LAGRUE, Alain LUNZENFICHTER
    • 15 675 mots
    • 12 médias
    ...(dont 78 femmes), représentant 29 pays, se mesurent dans 154 épreuves et 22 sports. Le Finlandais Hannes Kolehmainen remporte le marathon, son compatriote Paavo Nurmi gagne le 10 000 mètres, mais se voit devancé par le Français Joseph Guillemot sur 5 000 mètres. La distance du steeple est fixée à 3...
  • JEUX OLYMPIQUES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Universalis, Pierre LAGRUE
    • 918 mots

    16-23 juin 1894 Tenue à la Sorbonne à Paris du Congrès international pour le rétablissement des jeux Olympiques ; sous l'impulsion de Pierre de Coubertin, la naissance des jeux Olympiques de l'ère moderne est entérinée.

    6-16 avril 1896 Iers jeux Olympiques de l'ère moderne à Athènes....

Voir aussi