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ZADKINE OSSIP (1890-1967)

L'œuvre de Zadkine, sculpteur français d'origine russe, est, avec celles de Laurens et de Lipchitz, la plus représentative d'une adaptation systématique des principes du cubisme pictural à la troisième dimension. Il ne faut pas chercher en elle des innovations de portée révolutionnaire, mais elle abonde en trouvailles de toutes sortes. Surtout, elle s'acquitte avec un brio étourdissant d'une tâche singulièrement ambitieuse : investir l'objet sculpté d'un contenu poétique en réhabilitant le sujet et en privilégiant les grands thèmes lyriques et épiques de l'histoire humaine.

Réminiscences

Lorsqu'en 1906 Ossip Zadkine, quittant Smolensk, sa ville natale, débarque en Angleterre, c'est en principe pour parfaire son éducation. Mais cette liberté toute neuve est aussitôt mise à profit pour obéir à une impérieuse vocation de sculpteur. Vite déçu par l'enseignement traditionnel de Londres, puis de Paris, où il s'installe en 1909, Zadkine découvre avec le même enthousiasme Rodin, la statuaire romaine et gothique, les arts africains. Rien ne pouvait mieux le prédisposer à comprendre la portée des recherches plastiques qui s'effectuaient alors dans le sillage du cubisme pictural. Bien qu'interrompue par le douloureux épisode de la guerre qu'il fit comme engagé volontaire, sa contribution à la nouvelle esthétique se révèle dès sa première exposition particulière, organisée en 1920 dans son propre atelier. La critique la plus perspicace, en la personne de Jean Cassou et de Maurice Raynal, ne ménage pas ses éloges. C'est le début d'un succès qui ne faiblira pas : importante exposition au musée des Beaux-Arts de Bruxelles en 1933, retrospective du musée national d'Art moderne de Paris en 1949, grand prix de la biennale de Venise l'année suivante, rétrospective de Knokke-le-Zoute en 1963. À l'académie de la Grande Chaumière, où il enseigne à partir de 1945, ou dans son atelier parisien, Zadkine ne cessera jusqu'à sa mort, à Paris, d'exercer une profonde influence sur de jeunes sculpteurs venus du monde entier.

L'œuvre de Zadkine n'est pas de celles qui s'imposent par une série d'innovations fulgurantes. C'est même son originalité que de ne pas connaître, comme beaucoup d'œuvres importantes qui lui sont contemporaines, de ces périodes fiévreuses où le jaillissement de l'invention semble prendre de court l'exécution, où l'aspect proprement révolutionnaire des solutions retenues explique les dissonances, la beauté sauvage et comme hésitante des objets. On trouverait chez de grands novateurs comme Archipenko ou Lipchitz des exemples très significatifs à cet égard. Rien de tel chez Zadkine où, quelles que soient l'audace du propos et la sincérité de l'engagement, le stade expérimental est toujours dépassé. Cette maîtrise, cette constante domination de la forme jusque dans ses délires apparemment les moins contrôlés, Zadkine la doit à une exceptionnelle intuition des ressources du matériau, mais aussi à une extrême sensibilité aux expériences qui furent menées parallèlement à la sienne, à un pouvoir d'assimilation peu commun. Les affinités de thèmes et de structures avec Brancusi, Modigliani, Lipchitz sont évidemment plus fréquentes dans la production antérieure à 1935, mais les œuvres de pleine maturité se souviennent parfois, tel Le Poète (bronze, 1954) qui fait écho au Prophète de Gargallo (1933), de schémas de construction inaugurés par d'autres.

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