OSCILLATEURS
Applications
Examinons quelques exemples que l'on peut classer selon le degré de l'équation Δn(s) = 0.
Premier exemple
Considérons un circuit électrique accordé (L, R, C), incorporé au circuit plaque d'une triode (Δn = 0 de degré 3 ou 2).
Si l'on désigne par M le coefficient d'induction mutuelle entre la self L et un bobinage inséré entre la grille et sa source de polarisation négative, Lg la self sur la grille, ρg la résistance de grille, Vp la tension plaque, Vg le potentiel de grille, et si l'équation caractéristique de la lampe est :
Tout se passe alors comme si on était en présence d'un circuit accordé (L1, R1, C1) avec :
Or M peut être négatif et assez grand en valeur absolue :
On peut prévoir, dans ce cas, si le schéma linéaire est encore valable, que le système physique sera le siège de phénomènes dont les amplitudes vont croître très rapidement avec le temps. Mais l'expérience montre que les amplitudes atteignent une valeur limite stable : cela correspond au fait que, dans l'équation caractéristique de la lampe, ρ et K ne restent pas constants sur un large domaine de variations de Vp et Vg. On peut encore dire que l'amplitude des oscillations s'établit de telle sorte qu'en moyenne la résistance R1 puisse être considérée comme nulle pendant une période, le circuit cédant autant d'énergie qu'il en reçoit pour qu'il soit l'équivalent d'un oscillateur harmonique.
Deuxième exemple
Prenons ensuite le cas où Δn = 0 est une équation bicarrée en s. Considérons les deux équations linéaires :
Un tel système régit les phénomènes électriques dont est le siège un ensemble de deux circuits accordés couplés par une mutuelle M et dans lequel, subsidiairement, un amplificateur reçoit à l'entrée la tension aux bornes de C2 (soit q2/C2) et fournit à la sortie la tension αq2/C2 ; on a effectivement dans ce cas :
La stabilité impose que :
Un tel système régit également les mouvements de flexion q1 et de torsion q2 d'une aile d'avion (par conséquent, l'oscillateur électrique ci-dessus peut constituer un modèle sur lequel s'effectueraient éventuellement des mesures de vitesses critiques d'ailes vibrant en flexion-torsion). La force vive de l'aile, dans les vibrations de son schéma simplifié à deux degrés de liberté, peut s'exprimer par la forme quadratique en q′1 et q′2 :
On conclut l'étude de la même façon que pour le modèle électrique (cf. supra, les conditions de la stabilité), et il existe donc une vitesse critique qu'il ne faut pas que l'avion atteigne, sinon il se produira une rupture d'aile.
Troisième exemple
Considérons enfin le cas où Δn = 0 est une équation du quatrième degré en s ou, plus particulièrement, une équation bicarrée en s. Une bobine de haut-parleur électrodynamique, par exemple, se déplace en translation dans le champ magnétique radial H d'un aimant ; on désigne par m sa masse et par K la dureté longitudinale du ressort qui rappelle cette bobine vers sa position d'équilibre ; on appelle x le déplacement de la bobine par rapport à cette position. Un circuit constitué d'une self L et d'une capacité C de charge q comporte en série un enroulement de longueur l monté sur la bobine. On monte sur cette bobine un second enroulement de fil qui crée une force électromotrice d'induction, laquelle, amplifiée par A, donne aux bornes de la résistance R1 une tension αHlx′, aux bornes de la self L1 une tension βHlx″ et aux bornes de la capacité C1 une tension γHlx (ces trois tensions de réaction étant dues au courant de sortie de l'amplificateur A). On appelle x le déplacement de la bobine par rapport à cette position, q la charge du condensateur.
Les équations qui régissent les phénomènes électromécaniques étudiés sont :
Comme les branchements permettent de donner à α, β, γ les signes désirés, on s'arrange pour que β et γ soient positifs (dans la théorie générale de Routh, ce sont des conditions nécessaires de stabilité) et il faut de plus que les deux conditions de Routh b0 > 0 et b1 > 0 (conditions de la théorie générale appliquée à l'équation du quatrième degré traitée ci-dessus en cas particulier) soient satisfaites pour que la stabilité ait bien lieu.
Si l'on exerce la réaction sur le circuit électrique (L, C) uniquement par l'intermédiaire de la résistance R1, les coefficients β et γ s'annulent et l'équation en s devient bicarrée. Les conditions de stabilité s'écrivent :
Si le coefficient (1 + α) devient négatif, et si sa valeur absolue est assez grande, des instabilités peuvent naître ; cela se produira si :
Dans le cas général où des équations de degré supérieur à 4 interviennent pour la variable s dans l'étude des schémas linéaires, il faut étudier la stabilité par la méthode de Routh, lourde mais efficace. Toutefois, on doit bien remarquer, en terminant, que cette méthode est en défaut lorsque la mise en équation du système est trop compliquée ou inextricable : il y a lieu, dans ce cas, de faire intervenir des courbes de description d'impédance ou de phase qui sont accessibles à des mesures et qui permettent de conclure en ce qui concerne la stabilité sans mettre en danger le fonctionnement et le bon état de marche de l'ensemble physique considéré.
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Écrit par
- Michel CAZIN : professeur au Conservatoire national des arts et métiers
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