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OPPORTUNISME, politique française

Jules Grévy, président de la République (1807-1891) - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Jules Grévy, président de la République (1807-1891)

Terme désignant l'attitude de ceux qui estiment nécessaire en politique de tenir largement compte des circonstances et qui admettent des atténuations aux principes doctrinaux. Mais ce terme désigne particulièrement, dans l'histoire de France la fraction centrale du parti républicain, animée par Grévy, Gambetta et Ferry, au début de la IIIe République. Aux militants intransigeants qui critiquaient sa modération Gambetta répond, le 12 août 1881, en relevant le mot pour définir une « politique avisée, ne laissant jamais passer l'heure propice, les circonstances favorables mais ne sacrifiant rien ni au hasard ni à l'esprit de violence » : « C'est, disait-il, la politique de la raison et [...] c'est la politique du succès. » Les opportunistes, qui se qualifient eux-mêmes de républicains de gouvernement, ont lutté activement pour l'établissement d'un régime républicain, parlementaire et démocratique, mais ils acceptent l'existence d'une haute assemblée, le Sénat ; ils décident la laïcisation de l'école primaire publique, mais ils respectent, au moins pour un temps, le Concordat ; ils développent l'empire colonial, mais recherchent toujours le maintien de la paix. Malgré l'absence de structure permanente et l'affaiblissement dû aux rivalités de personnes, l'opportunisme est la force politique prédominante en France de 1879 à 1895. Une relève se fait ensuite, au profit du radical-socialisme plus avancé. Gambetta et Ferry étant morts, leurs compagnons se partagent : les républicains de gauche, avec Waldeck-Rousseau, s'associent à la reprise de l'action anticléricale décidée par les radicaux-socialistes au nom de la défense républicaine, les progressistes, avec Méline, passent à l'opposition, jugeant l'équilibre social menacé par la montée du socialisme.

— Pierre BARRAL

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Pour citer cet article

Pierre BARRAL. OPPORTUNISME, politique française [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Jules Grévy, président de la République (1807-1891) - crédits : A. Dagli Orti/ De Agostini/ Getty Images

Jules Grévy, président de la République (1807-1891)

Autres références

  • FRANCE (Histoire et institutions) - Le temps des révolutions

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 6 926 mots
    • 8 médias
    ...de l'État, ne correspondait pas à l'idéal qu'ils se faisaient des institutions censées exprimer les principes de la Révolution française. De l'autre, les « opportunistes », tels Jules Ferry et Jules Grévy, acceptèrent d'organiser un régime qui, de l'école gratuite, laïque et obligatoire au service...
  • ROUVIER MAURICE (1842-1911)

    • Écrit par Pierre BARRAL
    • 343 mots

    Né à Aix, Rouvier travaille pendant sa jeunesse dans la branche marseillaise de la banque grecque Zafiropoulos et y acquiert une excellente formation financière. Élu député en 1871, il appartient aussitôt à l'équipe qui entoure Gambetta au journal La République française ; il se prépare...

  • TROISIÈME RÉPUBLIQUE

    • Écrit par Louis GIRARD
    • 14 493 mots
    • 33 médias
    ...paysans. Or, les républicains, vainqueurs, accentuèrent leurs divisions. Les modérés, « républicains de gouvernement » que les radicaux baptisèrent «  opportunistes », entendaient sérier mais aussi limiter les réformes. Les radicaux, déjà talonnés par les socialistes, réclamaient avec Henri...