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OAS (Organisation de l'armée secrète)

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Graffitis pro-OAS - crédits : Bettmann/ Getty Images

Graffitis pro-OAS

Tout au long des huit années de la guerre d'Algérie, tant du côté algérien que du côté français, et pour les innombrables tendances de chacune des parties, la multitude des sigles est une des particularités du conflit. Au combat armé répond le combat des slogans, des manifestes, des mouvements. C'est sur les trois lettres qui baptisent l'Organisation de l'armée secrète que s'achèvera cette guerre des sigles. Dernière-née, en effet, l'O.A.S. est l'organisation qui, du côté des partisans de l'Algérie française, survivra à toutes les décisions officielles, y compris, un temps, aux accords d'Évian.

Mise sur pied selon les formules d'une organisation militaire qui se veut représentative et officielle, mais ne peut être que par les moyens de la clandestinité, l'O.A.S. n'est ni un parti politique (des hommes qui n'ont pas les mêmes options s'y retrouvent) ni un mouvement idéologique, mais plutôt, sous l'impulsion d'hommes qui ne sont pas sans aspirations politiques ou idéologiques, un point de rencontre où civils et militaires se retrouvent, pour des raisons d'intérêt ou d'honneur, de passions partisanes ou d'attachement affectif, dans la même révolte. Cette conjonction de bonnes volontés désintéressées et d'ambitions déçues, de civils désemparés et de « soldats perdus » ne pouvait constituer une organisation efficace dans ses buts. Non seulement le processus de décolonisation, mais aussi l'impossibilité d'une union dans les esprits comme d'une unité dans l'action devaient fatalement aboutir à l'échec de l'O.A.S.

Barricades à Alger, 1960 - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Barricades à Alger, 1960

C'est après la « semaine des barricades » que Pierre Lagaillarde donne au regroupement de diverses organisations antigaullistes, comme le Front pour l'Algérie française et France-Résurrection, le nom d'Organisation de l'armée secrète ; créateur du sigle, Lagaillarde n'aura guère d'autre rôle dans l'O.A.S., qui, à sa naissance, avec Susini, Canal et Pérez, est surtout l'affaire des civils. Au lendemain du putsch d'avril 1961, le chef en sera le général Salan, qu'a rejoint, pour une relance de l'Organisation, le colonel Godard. Les responsabilités sont réparties entre lui et le lieutenant Degueldre pour les renseignements, cependant que l'organisation des masses est confiée au colonel Gardes, la propagande à Susini et l'action politique au général Gardy. L'équipe Argoud-Lagaillarde, en place à Madrid, fait figure de dissidence, et c'est le capitaine Sergent, sous l'autorité du « général Verdun », personnalité jamais identifiée, qui est responsable de l'O.A.S.-métropole, où l'organisation ne parvient pas vraiment à s'implanter. Les actions violentes se multiplient, et l'O.A.S., très populaire en Algérie, essaie de mettre en échec les négociations du gouvernement avec le F.L.N. C'est son premier résultat négatif que souligne, en dépit du ralliement du colonel Château-Jobert, le refus de l'armée de participer à l'aventure. Le cessez-le-feu de mars 1962 consacre la défaite de l'Organisation. La création en France, sur l'initiative de Salan, d'un Conseil national de la Résistance n'empêche pas l'évolution irrémédiable, pas davantage, après l'arrestation de Salan, la déclaration de Gardy, qui prend sa succession. D'autant plus que Susini envisage, avec le F.L.N., un accord qui mettrait fin aux attentats que l'O.A.S. organise malgré le cessez-le-feu. De Mostéfaï, représentant le F.L.N., Susini obtient des garanties, mais le G.P.R.A. ne les confirme pas. C'est alors l'abandon de l'Algérie et la politique de la terre brûlée. L'O.A.S. disparaît, que ne peut remplacer le C.N.R., lancé par Salan et présidé par Georges[...]

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Pour citer cet article

Pierre-Robert LECLERCQ. OAS (Organisation de l'armée secrète) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

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Graffitis pro-OAS - crédits : Bettmann/ Getty Images

Graffitis pro-OAS

Barricades à Alger, 1960 - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Barricades à Alger, 1960

Autres références

  • AFRIQUE (Histoire) - Les décolonisations

    • Écrit par
    • 12 424 mots
    • 24 médias
    ...paraissait inéluctable. Ce fut un nouvel échec pour l'« Algérie française ». Il engendra une dernière réaction extrémiste avec l'Organisation armée secrète ( O.A.S.) qui sema la terreur en 1962, mais ne put qu'accélérer le désir de désengagement de la France et des négociations qui s'achevèrent à Évian en mars...
  • ALGÉRIE

    • Écrit par , , , et
    • 41 835 mots
    • 25 médias
    ...d'active, découragée de se battre, et des Européens en proie à la panique, il met sur pied une sorte de contre-révolution. Des contacts se nouent en métropole. Une Organisation armée secrète (OAS) est créée, il ne reste plus qu'à prendre le pouvoir... La révolte contre de Gaulle ne mobilise pas seulement des...
  • CINQUIÈME RÉPUBLIQUE - La période gaullienne (1958-1969)

    • Écrit par
    • 8 909 mots
    • 15 médias
    ...doivent se rendre ou s'enfuir au bout de quelques jours, n'ayant pas réussi à faire basculer en leur faveur l'ensemble de l'armée et le contingent. Une Organisation de l'armée secrète (O.A.S.) se développe parmi les anciens insurgés qui veulent toujours croire à la force des armes et à la nécessité d'un...
  • GUERRE D'ALGÉRIE

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    • 13 médias
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