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JACOBINS NÉO- (1795-1799)

En novembre 1794, la réaction thermidorienne impose la fermeture du club des Jacobins. L'histoire du jacobinisme n'est pas pour autant terminée, même si elle est éclipsée sous le Directoire par le babouvisme. Après l'amnistie qui suit le coup de force du 13 vendémiaire (oct. 1795), les Jacobins se regroupent. Dans leurs rangs figurent des bourgeois, des artisans et des boutiquiers. À Paris, d'anciens sans-culottes sont ainsi récupérés. Les Jacobins se divisent alors en partisans de la Constitution de 1793, qui sont proches des babouvistes, et modérés, qui acceptent la Constitution de l'an III et souhaitent profiter des élections pour reprendre le pouvoir. La collusion de certains Jacobins avec le babouvisme a nui au néo-jacobinisme sous le premier Directoire : des clubs provinciaux sont en butte aux persécutions à la suite de l'arrestation de Babeuf et de ses complices. Sous le second Directoire, après Fructidor, les clubs jacobins moins opprimés prennent la forme de cercles constitutionnels et se livrent à une propagande intense : pétitions et réunions organisées par des clubs ambulants en faveur du rétablissement du suffrage universel et du monocaméralisme. Action efficace puisque les Néo-Jacobins gagnent les élections de l'an VI ; ils sont toutefois écartés des Conseils par la loi du 22 floréal an VI (11 mai 1798), véritable coup d'État du Directoire contre les Conseils, éliminant plus de cent députés réputés jacobins. Nouvelle victoire du néo-jacobinisme en l'an VII, qu'expliquent la crise financière et les défaites militaires. Cette fois, le Directoire ne peut rien contre les Conseils, ce sont ces derniers qui obtiennent le départ de trois directeurs, Treilhard puis Merlin de Douai et La Révellière-Lépeaux le 30 prairial (18 juin 1799), et qui imposent plusieurs mesures dont un emprunt forcé sur les riches et la loi dite des otages, dirigée contre les royalistes. Sous le nom de club du Manège on assiste à une résurrection du célèbre club des Jacobins de Paris entre le 18 messidor et le 26 thermidor an VII (6 juill.-13 août 1799). Cette renaissance du jacobinisme a inquiété les possédants et frayé la voie, au nom du péril « anarchiste », aux auteurs du coup d'État de Brumaire.

— Jean TULARD

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Jean TULARD. JACOBINS NÉO- (1795-1799) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DIX-HUIT BRUMAIRE AN VIII (9 nov. 1799)

    • Écrit par Jean TULARD
    • 649 mots

    La Révolution française s'est achevée sur un coup d'État militaire, les 18 et 19 brumaire an VIII (9 et 10 nov. 1799). La Constitution de 1795, qui fondait le Directoire, ayant fait faillite, il importait de la modifier. Regroupé autour de Sieyès, un parti révisionniste souhaite...

  • FLORÉAL AN VI COUP D'ÉTAT DU 22 (11 mai 1798)

    • Écrit par Jean TULARD
    • 161 mots

    Deuxième coup d'État du Directoire, celui du 22 floréal an VI (11 mai 1798) n'est plus, comme celui du coup d'État du 18 fructidor an V (4 sept. 1797), dirigé contre les royalistes, mais contre les jacobins qui viennent de gagner les élections d'avril. Ce succès inquiète fortement le Directoire...

  • FOUCHÉ JOSEPH (1759-1820) duc d'Otrante (1809)

    • Écrit par Jean MASSIN
    • 1 199 mots
    • 1 média

    Fils d'un capitaine de navire nantais, Fouché semble n'avoir jamais été ordonné prêtre de l'Oratoire, bien qu'il ait longtemps enseigné dans les collèges de la congrégation ; contrairement à la légende, il ne devra donc pas défroquer à proprement parler pour se marier au début de la Révolution....

  • GÉOMÉTRIE DES PASSIONS (R. Bodei) - Fiche de lecture

    • Écrit par Francis WYBRANDS
    • 1 368 mots

    Géométrie des passions est la version française d'un essai du philosophe Remo Bodei paru en Italie il y a six ans, en 1991 (traduction de Marilène Raiola, aux Presses universitaires de France). Son sous-titre, Peur, espoir, bonheur : de la philosophieà l'usage politique, en définit...

Voir aussi