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MARS, religion romaine

Bien que ses rapports avec les autres divinités majeures se soient modifiés au cours de l'histoire de Rome, le rôle de Mars est toujours resté très clair : il est le dieu de la guerre, le technicien des combats. À la différence de Jupiter qui peut intervenir dans la bataille par des moyens magiques et miraculeux, Mars y patronne les effets de la force physique, des armes et du courage, en un mot les techniques propres à assurer la victoire. Il est symbolisé par une lance sacrée conservée dans une chapelle de la « maison du Roi », la Regia, et par un bouclier merveilleux, talisman tombé du ciel quelque jour de la préhistoire mythique, ancile ; comme il était à redouter qu'un étranger ne cherche à dérober ce talisman, détournant ainsi de Rome la protection de Mars, on en fit faire onze autres en tous points semblables, si bien qu'il était impossible pour un voleur éventuel d'identifier le vrai.

Le culte de Mars est tout entier orienté vers la guerre. Son temple est situé à l'extérieur de l'enceinte sacrée de la ville, en dehors de cet espace urbain où les citoyens en armes n'ont pas le droit de pénétrer ; il préside en lui donnant son nom, au mois qui ouvre la saison guerrière (de mars à octobre) et au cours duquel les Saliens font résonner par toute la ville le bruit des armes sacrées ; les victimes qu'on lui offre ne doivent pas être châtrées. Son domaine est le champ de bataille et rien que lui. Il intervient à partir du moment où l'armée s'ébranle : à Jupiter il appartient de garantir la légitimité de la guerre et à Janus de présider à la transition qui y conduit.

Le paysan invoquait Mars lors de la purification, lustratio, de son fonds. Il ne faut pas s'y tromper : il ne s'adressait pas à lui comme à une divinité agraire patronne de la fertilité de sa terre, mais comme au combattant qui pouvait seul défendre sa moisson contre toutes les formes d'agression, pillage des ennemis aussi bien que maladies et parasites.

Comme spécialiste de la guerre, Mars fut d'abord associé à Jupiter et à Quirinus dans la triade représentative des trois fonctions essentielles d'une société. Avec l'institution de la République, il fut séparé de ses associés primitifs, Jupiter restant seul maître du Capitole ; mais il y gagna en relief comme patron de l'aristocratie militaire qui prenait le pouvoir. Parmi toutes les versions relatives à la naissance de Romulus, on retint comme seule officielle celle qui faisait de lui le fils de Mars. Ainsi, si Rome devait à la garantie de Jupiter l'exercice d'un pouvoir souverain sur l'Italie et bientôt la Méditerranée, elle devait à Mars son existence même. Le sentiment que Rome devait d'être ce qu'elle était à la guerre, et donc à son technicien divin, était si fort qu'on étendit à la paix elle-même la protection de ce dernier, en distinguant Mars gradivus, l'« assaillant », et Mars tranquillus, le « paisible », que l'on identifia à Quirinus.

— Jean-Paul BRISSON

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Pour citer cet article

Jean-Paul BRISSON. MARS, religion romaine [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARÈS

    • Écrit par Olivier JUILLIARD
    • 343 mots
    • 1 média

    Dieu grec de la guerre, et plus généralement de la force brutale, Arès est tôt identifié avec le Mars italique ; il n'eut jamais la popularité de ce dernier et son culte ne fut guère important durant l'époque classique. Dans la mythologie homérique, il est fils de Zeus et d'...

  • ASTROLOGIE

    • Écrit par Jacques HALBRONN
    • 13 311 mots
    ...on nomme les nouveaux astres en puisant dans un panthéon inépuisable de dieux et de déesses, voire de figures littéraires. On n'a pas inventé le dieu Mars parce qu'il y avait une planète rouge (l'Horus rouge des Égyptiens), on a nommé cette planète Mars à cause de sa couleur. Il est généralement assez...
  • MYTHOLOGIES - Dieux des peuples "barbares"

    • Écrit par Régis BOYER, Universalis, Pierre-Yves LAMBERT
    • 7 989 mots
    • 1 média
    ...associées à des sites naturels de type différent (Boruo doit désigner le « bouillonnement » de la source thermale). Cela est encore plus évident pour Mars, qui reçoit un grand nombre d'épithètes indigènes, ce qui donne à penser que chaque tribu cherchait à différencier par le nom même la divinité...
  • POLYTHÉISME

    • Écrit par Marcel DETIENNE
    • 4 141 mots
    ...divine se multiplient dès qu'il s'agit d'une divinité importante et populaire, le mode d'action, lui, reste constant et spécifique. Par exemple, le dieu Mars, dont la vocation guerrière n'est pas douteuse, intervient à plusieurs reprises dans le domaine de la vie agricole : singulièrement pour le ...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi