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LU JI[LOU KI](261-303)

Poète et général chinois, Lu Ji descend d'une longue lignée d'aristocrates sudistes, de la région de Suzhou, royaume indépendant lors de sa naissance mais qui fut conquis par les Jin en 280. Quelques années plus tard, Lu Ji et son frère Lu Yun se rendent dans la nouvelle capitale, Luoyang, où ils sont reçus avec un mélange de mépris (pour leurs origines sudistes) et d'admiration (pour leurs talents littéraires et le piquant de leur conversation). Lu Ji entre dans la filière administrative ; il est nommé gouverneur général des provinces du Nord en 303. Défait sur le champ de bataille, calomnié, exécuté, il est une de ces nombreuses victimes des querelles entre les huit princes des Jin qui ont tant affaibli la dynastie au début du ive siècle. Le meilleur ouvrage sur la vie de Lu Ji est celui de Jiang Liangfu, Lu Pingyuan nianpu (Shanghai, 1957).

Lu Ji a laissé une œuvre littéraire de plus de deux cents pièces, dont il reste plus de la moitié aujourd'hui. Sa réputation est fondée presque exclusivement sur son essai, en forme de fu, sur la littérature (le Wenfu) et sur ses poésies. Le Wenfu est sans doute la première œuvre chinoise à traiter de la littérature indépendamment de la morale ou de la politique. Écrit dans un style extrêmement orné et difficile d'accès, le Wenfu ne renferme pas une théorie systématique de la littérature, mais abonde en intuitions d'une remarquable finesse sur l'acte créateur. Le Wenfu a souvent été traduit ; la dernière traduction en date est celle de A. Fang (Harvard Journal of Asiatic Studies, no 14, 1951). Les poésies de Lu Ji connurent une grande vogue pendant sa vie, mais, aujourd'hui, elles ont atteint leur cote la plus basse. On leur fait le reproche de manquer de sentiments réels, de n'être qu'élégance et forme. Il n'empêche que le style guindé et un peu précieux mis à l'honneur par Lu Ji, où le parallélisme savant joue un rôle primordial, a triomphé dans la poésie chinoise, entraînant tous les poètes, presque sans exception, à l'imiter pendant les trois siècles suivants.

— Donald HOLZMAN

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Écrit par

  • : ancien directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales

Classification

Pour citer cet article

Donald HOLZMAN. LU JI [LOU KI] (261-303) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHINOISE (CIVILISATION) - La littérature

    • Écrit par Paul DEMIÉVILLE, Jean-Pierre DIÉNY, Yves HERVOUET, François JULLIEN, Angel PINO, Isabelle RABUT
    • 47 507 mots
    • 3 médias
    ...Sur la littérature (Dianlun lunwen) qu'il revient ainsi de marquer le début de la critique littéraire proprement dite. Le magnifique poème que Lu Ji consacre, au iiie siècle, à la célébration de l'expérience littéraire est centré tout entier sur les rapports qui relient sens (yi) et...
  • FU [FOU], genre littéraire chinois

    • Écrit par Yves HERVOUET
    • 1 596 mots
    ...importance sont Pan Yue (mort en 300) avec son « Fu de la marche vers l'Ouest » et Zuo Si (mort vers 306) avec son « Fu des trois capitales » et, dans un genre très différent,Lu Ji (261-303), dont le « Fu de la littérature » est en fait le premier traité d'esthétique littéraire.
  • LIU XIE [LIEOU HIE] (465 env.-522)

    • Écrit par Odile KALTENMARK
    • 1 054 mots
    ...Liu Xie se présente comme un critique des critiques littéraires qui l'ont précédé. Il reprend leurs idées, les pèse, les juge ; son verdict pénétrant est sans indulgence. AinsiLu Ji (261-303) qui lui est pourtant proche par la pensée est traité d'esprit superficiel, attentif aux seuls détails.

Voir aussi