LORRAIN PAUL DUVAL dit JEAN (1855-1906)
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Romancier et conteur fantastique, Jean Lorrain fut une sorte de dandy obsédé par la perversité. Cet ancien militaire se met à écrire des poèmes immoraux avec une complaisance évidente pour le monde de l'aristocratie corrompue qu'il met en scène. Ses recueils Le Sang des dieux (1882), Modernités (1885), L'Ombre ardente (1897) connurent un certain succès dans le genre. Journaliste, il travaille comme chroniqueur pour L'Événement, L'Écho de Paris, le Journal. Il publie une série de romans hallucinés où se mêlent un goût profond de la vie et une décadence élégante et morbide qui peuvent avoir caractérisé non seulement toute son œuvre, mais encore sa vie personnelle. Au contraire de sa contemporaine Rachilde, qui semblait jouir de la grande santé des amateurs de monstres et d'un formidable appétit de violence, Lorrain, lui, semble soumis à ces mêmes contradictions qui fondent ses livres : une mélancolie permanente cohabitant avec une volupté impossible à satisfaire sinon dans une suite de fantasmes obsessionnels. Dans Buveur d'âmes (1894), Poussière de Paris (1896), Histoires de masques (1900) se débattent aventuriers et courtisanes raffinés, experts en toutes sortes de cruautés subtiles où s'épuise leur humanité. Monsieur de Bougrelon (1897), Monsieur de Phocas (1901) et le prince Noronsoff du Vice errant (1902) sont les types les plus achevés de cette évocation d'un siècle finissant : aventure et misère, désolation et désinvolture, une sensualité fiévreuse et lasse qui tente de masquer le désespoir d'un paradis inaccessible !
— Antoine COMPAGNON
Écrit par :
- Antoine COMPAGNON : docteur ès lettres, professeur à l'université Columbia, États-Unis
Classification
Autres références
« LORRAIN PAUL DUVAL dit JEAN (1855-1906) » est également traité dans :
GRACQ JULIEN (1910-2007)
Dans le chapitre « Palimpsestes » : […] Julien Gracq est vraisemblablement l'écrivain contemporain qui suscite le plus de malentendus depuis ses débuts. Son premier livre, un roman ( Au château d'Argol , 1939), paraît la même année que La Nausée : d'emblée, Gracq est hors de toute mode, et, comme son ouvrage est immédiatement salué par André Breton, un premier malentendu s'instaure : désormais, l'adjectif « surréaliste » sera très fré […] Lire la suite
SYMBOLISME - Littérature
Dans le chapitre « L'image de l'œuvre » : […] Pour comprendre ce qu'avait en tête un jeune poète de 1884, il suffirait presque de dire : voyez Baudelaire. C'est à partir des Fleurs du mal et de l'interprétation qu'en donna Gautier que Paul Bourget définit la « théorie de la décadence » en un texte fameux, publié en 1881 dans la Nouvelle Revue et paru en librairie en 1883, dans les Essais de psychologie contemporaine : « Un style de décaden […] Lire la suite
Pour citer l’article
Antoine COMPAGNON, « LORRAIN PAUL DUVAL dit JEAN - (1855-1906) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 02 février 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/lorrain-paul-duval-dit-jean/