BARUCH LIVRES DE

Tout comme Hénoch, Moïse, Esdras et d'autres, Baruch, fils de Néri et confident de Jérémie, fut, dans le judaïsme préchrétien, le héros et le patron de toute une série d'œuvres littéraires. Sur ce personnage aussi, les Juifs transmettaient un lot de légendes marquantes.

Le Livre de Baruch (ou Premier Livre de Baruch) est un petit ouvrage biblique, deutérocanonique (« apocryphe » selon la classification protestante), fort complexe, composite et se rattachant à des genres divers : exhortation religieuse (aggada), prière, poème de sagesse et prophétie. Les manuscrits de la Septante l'ont placé à la suite du Livre de Jérémie. Mais sa composition est tardive ; c'est un écrit pseudépigraphique. Sur l'auteur réel et sur la date des différentes parties, les avis divergent : les exégètes catholiques se distinguent habituellement de leurs homologues protestants, et l'on va, selon les opinions, du ~ iii^e siècle au ii^e siècle. Quoi qu'il en soit, il convient de dater différemment chacune des parties compilées. La première moitié (i, 1-iii, 8), en prose, abonde en sémitismes, et l'on admet son origine hébraïque ; il en va tout autrement de la seconde (iii, 9-v, 9), poétique, dont le grec est correct et coulant. C'est à ce livre que fait référence La Fontaine : « Avez-vous lu Baruch ? »

L'Apocalypse syriaque de Baruch (ou Deuxième Livre de Baruch) doit son appellation au fait qu'elle n'est conservée qu'en langue syriaque, dans un manuscrit de la Peschitto (Bible syriaque) du vi^e siècle. Cette traduction syriaque, faite sur une version grecque dont on possède des fragments, remonte certainement au iv^e ou au iii^e siècle. La langue originale de cette apocalypse dut être l'hébreu, ou l'araméen. La mentalité qui s'y reflète est pharisienne, d'inspiration messianique et eschatologique. La date de composition est à situer entre 75 et 100, l'événement de la ruine du Temple (70) étant supposé ou évoqué dans bien des pages. Le livre comprend sept parties. Il débute par cette question préoccupante : pourquoi le peuple de Dieu souffre-t-il, tandis que ses ennemis prospèrent ? Mais Dieu révèle à Baruch que le monde à venir sera réservé aux justes, la destruction de Sion devant hâter l'avènement du monde futur. L'auteur décrit les désastres qui précéderont la venue de l'ère messianique. Le dernier des quatre empires mondiaux, l'Empire romain, apparaîtra et sera détruit ; il sera remplacé par le Royaume du Messie, qui régnera à jamais. La parenté de cette œuvre avec le Quatrième Livre d'Esdras est étroite. Les contacts entre les deux livres sont manifestes, mais on n'a jamais tranché de façon certaine en faveur de l'antériorité de l'un ou de l'autre. Les concordances avec le Nouveau Testament sont également frappantes : on peut relever des parallèles avec la doctrine eschatologique de saint Paul ou bien repérer des éléments semblables à ceux que l'on trouve dans les récits évangéliques du baptême de Jésus (les cieux ouverts et la voix céleste) ou de la tentation au désert (le don de la manne par le Messie, et aussi l'image du Messie contemplant la terre du haut de la montagne).

L'Apocalypse grecque de Baruch (ou Troisième Livre de Baruch) est un ouvrage judéo-chrétien rédigé d'abord en grec, sans doute au ii^e siècle. Sa forme actuelle, par l'effet de nombreuses interpolations greffées sur un fonds juif primitif, dans le dessein probable de gagner des populations juives à la cause du christianisme, est chrétienne. Très poétique d'aspect, ce texte s'inspire du Livre slave d'Hénoch ; d'ailleurs, il existe lui-même dans une recension slave. Il contient le récit d'un voyage à travers les « sept cieux » (dont parle Origène, qui semble connaître ce livre) : croyance[...]