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HANNONG LES

Célèbre famille d'origine hollandaise dont le nom domine l'histoire de la céramique strasbourgeoise au xviiie siècle. Une modeste fabrique de pipes en terre établie en 1710 par Charles-François Hannong à Strasbourg, rue du Foulon (actuelle rue Hannong), est à l'origine de la grande manufacture de faïence et de porcelaine appelée à une renommée européenne. En 1721, Charles-François Hannong commence à faire de la faïence et fonde une autre fabrique à Haguenau. À sa mort en 1739, l'un de ses fils, Balthazar, va à Haguenau tandis que l'autre, Paul-Antoine, associé à son père depuis 1732, lui succède à Strasbourg. L'art céramique doit à Paul Hannong d'importants perfectionnements techniques et la création de formes et de décors nouveaux (notamment une flore orientalisante dite des Indes et fleurs au naturel) ; il introduit l'usage fréquent de la marque (PH). Dès les environs de 1740, il fait les premiers essais en France de décor partiel au petit feu sur émail cuit, procédé mis au point par les habiles peintres sur porcelaine allemands, les Löwenfinck, qu'il saura attirer en 1748. Il réussit même en 1752 à faire de la porcelaine dure avec du kaolin importé d'Allemagne, mais le privilège de Sèvres le contraint à transférer cette fabrication à Frankenthal. Il meurt en 1760, laissant un établissement prospère.

Paul Hannong avait eu de sa seconde femme Barbe Acker (sœur du grand fabricant strasbourgeois de poëles) sept enfants dont l'aîné, Charles, meurt prématurément à Frankenthal. Après deux années de gestion désastreuse par son cadet Pierre-Antoine, de caractère aventurier, qui ira chercher fortune à Paris, Joseph-Adam, lui, sera le grand chef d'entreprise et donnera un nouvel essor à la manufacture de Strasbourg. Il organise systématiquement la production à l'échelle industrielle, s'assurant par ses idées sociales avancées un personnel de valeur ; il crée une école pour la formation de ses apprentis peintres et fait rédiger un catalogue descriptif des objets avec prix et numérotage correspondant aux marques portées sur les faïences elles-mêmes avec ses initiales JH, système rationnel dont Hans Haug, l'historien des Hannong, a donné la clef. Cependant, malgré son immense succès, Joseph Hannong, qui avait repris en 1768 une coûteuse fabrication de porcelaine, sera conduit à la ruine par le changement de mode et les charges douanières pesant sur la diffusion de ses produits en France. La mort de son protecteur, le cardinal Rohan Guéménée, en 1779, lui porte le coup fatal : emprisonné pour dettes, déclaré en faillite en 1781, il terminera misérablement ses jours à Munich au début du xixe siècle.

— Jeanne GIACOMOTTI

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Classification

Pour citer cet article

Jeanne GIACOMOTTI. HANNONG LES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • FAÏENCE

    • Écrit par Henry-Pierre FOUREST, Jeanne GIACOMOTTI
    • 3 892 mots
    • 5 médias
    ...peintres sur porcelaine de la famille Löwenfinck, venus de Saxe, arrivèrent en 1748 et 1749. La faïencerie de Strasbourg, fondée et dirigée par les Hannong, Charles François (1709-1740), Paul (1740-1760), Pierre (1760-1762) et Joseph (1762-1781), prit alors la première place. La fabrique de Niderviller,...
  • PORCELAINE

    • Écrit par Marcelle BRUNET, Antoinette FAŸ-HALLÉ, Daisy LION-GOLDSCHMIDT, Madeleine PAUL-DAVID, Tamara PRÉAUD
    • 6 322 mots
    • 3 médias
    ...Quant à Frankenthal, sa fondation résulte de l'interdiction faite en 1755 par la manufacture de Vincennes de produire de la porcelaine à Strasbourg. Paul Hannong s'installe donc en Allemagne, mais son fils Joseph doit vendre dès 1762. L'influence française, comme ailleurs, tend à remplacer celle de Meissen,...