Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

LEPTOSPIROSES

Épidémiologie

Leptospirose majeure

L 'homme se contamine, directement ou indirectement, à partir des animaux infectés. Dans le cas de la leptospirose ictéro-hémorragique, c'est essentiellement le rat qui héberge et dissémine les leptospires. Le rat fait, en effet, une infection inapparente et élimine pendant des mois les leptospires dans ses urines. La maladie se transmet à l'homme principalement selon deux modes : par voie digestive (absorption d'aliments souillés par les urines de rats infectés) et par le milieu extérieur (terre humide, vase, boue et surtout eau). Bien que les leptospires soient fragiles et très sensibles à la chaleur et à l'acidité, ils peuvent survivre dans le milieu extérieur lorsque certaines conditions de chaleur, de pH et de pénombre se trouvent réalisées. La nature du sol joue donc un très grand rôle dans la conservation des leptospires : ils sont capables de survivre plusieurs semaines, en saison chaude, dans les eaux de rivière légèrement alcalines et ombragées. Cela explique que plus de la moitié des cas de leptospirose ictéro-hémorragique soient contractés après un bain de rivière, les leptospires pénétrant chez les nageurs par voie muqueuse (conjonctive, bouche, rhino-pharynx). Et chez les pêcheurs, les contaminations sur les berges ne sont pas exceptionnelles. Les eaux stagnantes des cours d'eau coupés de barrages sont des sites très favorables, attirant par ailleurs des « vacanciers » et campeurs qui sont installés sans grand standing hygiénique et constituent aussi une population à risque (foyers infectieux locaux du sud-ouest de la France dans les années 2003-2005).

Dans 30 à 40 p. 100 des cas, la maladie revêt un caractère professionnel touchant des travailleurs en relations directes ou indirectes avec les rats : égoutiers et électriciens, plombiers, maçons... travaillant dans les égouts, employés des abattoirs et des halles, bouchers, tripiers, chiffonniers, travailleurs de chantier naval, mineurs.

Le caractère saisonnier de la leptospirose ictéro-hémorragique est très net : la morbidité maximale survient en août et septembre, époque à laquelle les eaux stagnantes et les eaux usées offrent les meilleures conditions (température, pH, etc.) pour la survie des leptospires.

Leptospiroses mineures

Dans les leptospiroses mineures, l'épidémiologie s'apparente à celle de la leptospirose ictéro-hémorragique, mais les réservoirs de leptospires sont différents. La leptospirose à grippo-typhosa est transmise par les campagnols (Microtus arvalis), rongeurs qui sont à l'origine de la contamination des baigneurs et de certains travailleurs ruraux. La leptospirose à pomona (« maladie des porchers ») est une maladie essentiellement professionnelle, transmise surtout par voie cutanée à la faveur d'une excoriation souillée par contact direct avec les porcs ou avec leur litière imprégnée d'urine. Si le porc fait une infection inapparente à L. pomona, nombre d'autres espèces (bovins, ovins, rongeurs...) peuvent être atteintes également.

La leptospirose canicolaire, signalée au Danemark, en Allemagne, en France et aux États-Unis, est en relation avec une maladie du chien. Les mâles, beaucoup plus fréquemment atteints que les femelles, s'infectent par voie cutanéo-muqueuse à partir de l'urine fraîchement émise par un autre chien. Après guérison, ces animaux portent pendant plusieurs mois des leptospires dans leurs urines. L'homme est infecté directement, soit en soignant un chien malade, soit surtout en jouant avec un chien porteur de leptospires. La transmission indirecte par l'eau polluée par les urines est possible.

La leptospirose bataviaire, banale dans les rizières d'Indonésie et importée en Italie en 1937, est véhiculée par Apodemus sylvaticus et surtout par un autre petit muridé : Micromys minutus soricinus (rat des[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur émérite à la faculté de médecine de Paris, chef de service à l'Institut Pasteur

Classification

Pour citer cet article

Henri-Hubert MOLLARET. LEPTOSPIROSES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Épidémiologie - crédits : Encyclopædia Universalis France

Épidémiologie

Autres références

  • CHANGEMENT CLIMATIQUE ET SANTÉ

    • Écrit par Virginie CAVIER, Universalis
    • 2 764 mots
    • 2 médias
    ...être indirects : par exemple, les fortes précipitations sur Rio de Janeiro s’accompagnent souvent, dans les favelas proches des ports, d’une épidémie de leptospirose dont l’agent est véhiculé par les rats chassés de leur habitat en raison de l’engorgement des égouts. Les inondations ont aussi de graves...
  • ONE HEALTH (UNE SEULE SANTÉ)

    • Écrit par Yannick SIMONIN
    • 3 806 mots
    • 1 média
    ...C’est le cas par exemple pour la brucellose dans de nombreux pays, dont ceux du Moyen-Orient, pour la tuberculose bovine en Afrique subsaharienne, la leptospirose aux Fidji, ou encore Ebola et la grippe aviaire en Afrique de l’Ouest. La nécessité d’adopter ces approches intégrées pour une gestion efficiente...

Voir aussi