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LÉPIDOPTÈRES

Problèmes taxinomiques

L'histoire des Lépidoptères est mal connue parce qu'on ne possède pas de fossiles plus anciens que l'Éocène. Du fait que les Lépidoptères du Tertiaire peuvent être classés dans les familles actuelles, les espèces disparues ne sont d'aucun secours pour la systématique. En outre, l'homogénéité du groupe et le nombre considérable des espèces connues (plus de 100 000) rendent difficile et aléatoire toute classification. Les dessins et la pigmentation des ailes ne sont pas suffisamment constants pour lui servir de base. Les variations individuelles sont nombreuses. Certaines sont dues à des facteurs externes : les écarts de températures agissent sur les chrysalides des vanesses, modifiant la morphologie des adultes. D'autres sont dues à des mutations souvent de type sex-limited et, dans ce cas, c'est la femelle seulement qui est polymorphe, le mâle restant invariable. Enfin, on observe parfois des individus gynandromorphes en mosaïque, qu'on sait obtenir expérimentalement par hybridation entre certaines races géographiques d'une même espèce, comme les races japonaise et française de Lymantria dispar (travaux de R. Goldschmidt, 1931-1934). Les caractères utilisés en systématique sont donc la nervation alaire, le développement plus ou moins grand de certaines pièces buccales (mandibule, lacinia, palpe maxillaire), la structure de l'appareil génital femelle. L'armature génitale mâle qui est très utilisée dans la définition des espèces et des petits groupes (genre, sous-famille) ne joue pas grand rôle dans la systématique des familles.

De nombreux auteurs ont proposé des classifications (A. Spuler, 1908 ; J. H. Comstock, 1918 ; A. Handlirsch, 1925 ; C. Börner, 1925-1938 ; R. J. Tillyard, 1926). De nombreux ouvrages, certains richement illustrés, ont facilité la détermination des papillons (C. Oberthur, 1904-1925 ; A. Spuler, 1908-1910 ; A. Seitz, depuis 1906). Les classifications proposées sont variées et des termes reconnus comme insuffisants sont cependant toujours employés dans le langage courant. C'est ainsi qu'on a d'abord distingué les Diurnes, les Crépusculaires et les Nocturnes. On a également opposé les Rhopalocères, qui ont des antennes simples (les Diurnes), aux Hétérocères, dont les antennes sont pennées (les Crépusculaires et Nocturnes). On les a encore classés en Microlépidoptères (Microptérygidés, Ériocranidés, Monotrysiens, Tinéidés et Tortricidés) et en Macrolépidoptères.

Dans le Traité de zoologie publié sous la direction de P.-P. Grassé, J. Bourgogne adopte la division déjà proposée par A. D. Imms (1948) en Homoneures et Hétéroneures, division fondée sur la structure des ailes, les groupes inférieurs étant définis d'après la structure de l'appareil génital femelle. Les Homoneures, dont les quatre ailes ont une nervation semblable, comprennent les familles les plus primitives (Microptérygidés, Ériocranidés, Hépralidés). Les Hétéroneures, chez lesquels les ailes antérieures et postérieures sont différentes, sont divisés en Monotrysiens (un seul orifice à l'appareil génital femelle), avec les Stigmellidés et les Incurvaridés dont le type est Pronuba yuccasiella, et en Ditrysiens (deux orifices à l'appareil génital femelle) qui renferment toutes les autres superfamilles. Parmi elles, les Rhopalocères forment un ensemble homogène groupant Hespéridés, Papilionidés, Piéridés, Lycénidés et Nymphalidés. Tous les autres Ditrysiens comprennent aussi bien des espèces de petite taille comme les Tinéidés, les Hyponomeutidés, les Tortricidés, les Pyralidés que des espèces moyennes ou grandes comme les Cossidés, Sésiidés, Géométridés, Noctuidés, Notodontidés, Lymantriidés, Arctiidés, Bombycidés, Attacidés, Sphingidés, etc.

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Écrit par

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Pour citer cet article

Robert GAUMONT. LÉPIDOPTÈRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Papillon héodes - crédits : Pal Hermansen/ The Image Bank/ Getty Images

Papillon héodes

Homochromie chez un papillon - crédits : Art Wolfe/ The Image Bank/ Getty Images

Homochromie chez un papillon

Chenille de papillon - crédits : Cathy Keifer/ Shutterstock

Chenille de papillon

Autres références

  • MERIAN ANNA MARIA SIBYLLA (1647-1717)

    • Écrit par Denis LAMY
    • 950 mots
    • 1 média
    ...d’un commentaire de Caspar Commelin, alors directeur du Jardin botanique d’Amsterdam. Comme dans son livre concernant les chenilles, chaque planche de lépidoptères est organisée autour d’une seule plante hôte avec la représentation de la chenille, de la nymphe, du papillon en vol pour observer le dessus...
  • PHÉROMONES

    • Écrit par Charles DESCOINS
    • 5 572 mots
    Chez les lépidoptères, de mœurs crépusculaires ou nocturnes, la phéromone sexuelle est produite par la femelle vierge à un moment précis du nycthémère : c'est le comportement d'appel. Cette période d'émission correspond à celle où les mâles sont les plus réceptifs à la perception...
  • POLYMORPHISME, biologie

    • Écrit par Maxime LAMOTTE, Philippe L'HÉRITIER, Étienne PATIN, Lluis QUINTANA-MURCI
    • 11 321 mots
    • 8 médias
    ...Quelques exemples de ce type de phénomène ont pu être observés : l'un des plus célèbres concerne ce que l'on a appelé le mélanisme industriel des lépidoptères. Il s'agit d'une transformation qui a atteint au cours du xixe siècle, dans les régions industrielles, les populations de certaines...
  • SPÉLÉOLOGIE

    • Écrit par Philippe RENAULT, Raymond TERCAFS, Georges THINÈS
    • 11 766 mots
    • 12 médias
    ...observations ont montré que les trogloxènes occupaient les grottes « de façon temporaire mais systématique ». Étudiant la biologie de Triphosa haesitata, Lépidoptère cavernicole de l'Amérique du Nord, R. E. Graham (1968) a pu démontrer que cette espèce ne fréquentait que la zone d'entrée des grottes, car...

Voir aussi