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PETIT PARISIEN LE

Dans le style des journaux à cinq centimes dont Le Petit Journal offre le prestigieux modèle, Le Petit Parisien naît en 1876. De tendance radicale et anticléricale, il a des débuts difficiles et change plusieurs fois de propriétaire et de ligne politique. En 1881, il tire à 50 000 exemplaires ; en 1884, à 100 000, et il passe à 150 000 en 1886 alors qu'il défend la cause boulangiste. Le succès ne se dessine qu'une fois que Jean Dupuy (1844-1919) aura pris en 1888 la direction de sa société, après la mort de Louis Piégu : de journal cherchant le scandaleux et le sensationnel, il devient alors un quotidien d'information générale et met une sourdine à son aspect politique ; il adopte pour mot d'ordre « Jamais de polémique » et donne une large place aux reportages de ses correspondants étrangers et envoyés spéciaux. Le demi-million d'exemplaires est atteint en 1895 ; le million, en 1902, après le passage à six pages, ce qui lui assure la suprématie sur Le Petit Journal. En 1914, Le Petit Parisien, avec un tirage d'un million et demi d'exemplaires, peut se vanter d'avoir « le plus fort tirage des journaux du monde entier » : le groupe Dupuy édite aussi un Supplément illustré, divers magazines illustrés dont Le Miroir ; c'est de loin la plus grande entreprise de presse française.

Jean Dupuy, sénateur et souvent ministre, sorte d'éminence grise de la politique française, dirige son journal avec beaucoup d'habileté et le maintient dans une ligne de gauche modérée, tout en faisant dans ses colonnes une part très large aux faits divers, aux sports et aux romans-feuilletons. La guerre de 1914 porte son tirage à deux millions d'exemplaires.

Après la mort de Jean Dupuy en 1919, ses héritiers peuvent maintenir le tirage aux alentours d'un million et demi jusqu'en 1931, mais ils échouent dans leurs tentatives de lancer des éditions provinciales à l'image des grands quotidiens londoniens. La prospérité du groupe est compromise, dans les années suivantes, par la concurrence croissante des grands journaux régionaux, par celle de Paris-Soir, surtout, dont les tirages sont vite supérieurs à ceux du vieux journal de la rue d'Enghien, mais aussi par les dissensions entre les héritiers de Jean Dupuy, qui ont des effets néfastes sur la gestion du groupe dont la politique évolue nettement à droite, dès 1919 mais surtout après 1934. En 1939, le tirage est tombé à un million d'exemplaires et les autres publications du groupe sont aussi en nette régression.

Replié à Clermont-Ferrand en juin 1940, Le Petit Parisien, sous l'influence des petits-fils de Jean Dupuy, revient à Paris le 8 octobre 1940 et il y poursuit, sous la tutelle allemande, sa publication jusqu'à la Libération. Toujours propriété de la même famille, après avoir été de 1933 à 1939 antihitlérien et prosoviétique, il se montre partisan de l'Europe nouvelle pendant la Seconde Guerre mondiale. Une édition destinée aux travailleurs français alors en Allemagne devait paraître à Constance pendant l'hiver 1944-1945.

Le Petit Parisien a été l'objet d'une monographie scientifique : Francine Amaury, Histoire du plus grand journal de la Troisième République. Le Petit Parisien 1876-1944 (2 vol., Paris, 1972).

— Pierre ALBERT

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Écrit par

  • : professeur émérite de l'université Panthéon-Assas

Classification

Pour citer cet article

Pierre ALBERT. PETIT PARISIEN LE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LONDRES ALBERT (1884-1932)

    • Écrit par Christine LETEINTURIER
    • 506 mots

    Né le 1er novembre 1884 à Vichy, Albert, Jean, Marie Londres fait ses études au lycée de Moulins qu'il quitte en 1902 pour aller travailler à Lyon. En 1903, il monte à Paris et publie ses premiers poèmes intitulés Suivant les heures. Il retrouve à Paris des amis lyonnais : Charles...

  • PARISIEN LE

    • Écrit par Christine LETEINTURIER
    • 820 mots

    Le premier numéro du Parisien libéré fut publié le 22 août 1944. Ce nouveau quotidien est issu d'un mouvement de résistance, O.C.M. (Organisation civile et militaire), animé en particulier par Émilien Amaury et Claude Bellanger. Il s'est vu attribuer à la Libération les presses...

Voir aussi