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LATÉRALISATION MANUELLE

Le terme « latéralisation » renvoie au fait que les organes corporels doubles, bien que symétriques en apparence, sont fonctionnellement asymétriques. C’est le cas pour les mains, les pieds, les yeux, les oreilles, organes corporels périphériques qui ne sont pas nécessairement tous latéralisés du même côté. Concernant la latéralisation manuelle (ou préférence manuelle), il est notoire que chacun d’entre nous a pratiquement toujours une main « préférée », que cette main est la même pour une grande majorité d’individus, et qu’il s’agit de la main droite.

La préférence pour la main droite est attestée depuis le début de l’hominisation. Plusieurs éléments montrent que les droitiers ont toujours été majoritaires. On peut citer, entre autres, les premiers hominidés il y a 2 millions d’années, par des droitiers pour des droitiers pour la plupart d’entre eux, ou les peintures murales rupestres du Paléolithique révélant que la majorité des artistes utilisaient leur main droite pour peindre. Dans les décorations tombales égyptiennes, les représentations humaines âgées de deux à cinq mille ans montrent quant à elles presque toujours des droitiers tenant une arme, ou un stylet.

Pour le profane est droitier celui qui écrit de la main droite et gaucher celui qui écrit de la main gauche. La réalité est plus complexe. Le droitier préfère utiliser sa main droite, pour écrire et pour effectuer la plupart des actions manuelles, mais pas nécessairement pour toutes, et inversement pour le gaucher. Pour évaluer la préférence manuelle, il existe de nombreux questionnaires pour enfants et adultes, comprenant entre dix et soixante questions, portant sur la main choisie pour écrire et pour effectuer d’autres activités unimanuelles (telles que lancer une balle ou tenir sa cuillère) ou pour assurer la composante active d’une activité bimanuelle (comme dévisser le couvercle d’un objet tenu par l’autre main). En général, la préférence pour une main est d’autant plus forte que la tâche demande plus de précision (taper avec un marteau), ou correspond à une activité fréquente (écrire). Pour les autres types d’activité, il n’est pas rare d’utiliser sa main « non préférée ». On est donc plus ou moins droitier ou plus ou moins gaucher. Le degré de latéralisation manuelle s’évalue aussi en comparant la performance des deux mains pour une même activité à l’aide d’un test. Les personnes sont presque toujours plus rapides et plus précises avec leur main préférée, mais l’amplitude de la différence dépend de la tâche et du degré de latéralisation manuelle de la personne.

Dans les sociétés sans tabou ni interdiction relativement à l’utilisation de la main gauche, on observe environ 87 p. 100 de droitiers, 11 p. 100 de gauchers et 2 p. 100 d’ambidextres. On appelle ambidextre une personne qui choisit indifféremment l’une ou l’autre main pour toutes les activités manuelles, mais il est fréquent qu’avec l’âge les ambidextres choisissent une main pour certaines activités manuelles et l’autre pour le reste. Dans certaines sociétés, la main gauche est considérée comme impure et son utilisation est réprimée, pour manger, mais aussi parfois pour écrire et pour d’autres activités. Dans ce cas, le pourcentage de droitiers est beaucoup plus élevé, allant jusqu’à 98 p. 100 dans certains pays africains ou asiatiques.

Les asymétries périphériques reflètent, à des degrés divers, les asymétries du contrôle cérébral. L’hémisphère gauche contrôle la motricité de la main droite des droitiers (et inversement pour les gauchers) mais aussi la motricité bimanuelle. Chez 90 p. 100 des droitiers, l’hémisphère gauche contrôle les principales fonctions du langage, en particulier les aspects syntaxiques. À ce titre, la droiterie manuelle est souvent considérée comme un indice indirect de[...]

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Pour citer cet article

Jacqueline FAGARD. LATÉRALISATION MANUELLE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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