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LAPONS

Un mode de vie traditionnel

Alimentation

Si le renne sauvage, trop tardivement protégé par la loi, a de nos jours presque totalement disparu, le renne semi-domestique reste dans l'ensemble la principale richesse des Lapons. De tous les peuples arctiques, ce sont eux qui disposent des techniques d'élevage les plus élaborées. À la fin du xixe siècle, certains éleveurs possédaient jusqu'à cinq mille têtes ; aujourd'hui, on en compte rarement plus de mille par famille. En Suède, l'élevage du renne est le domaine réservé des Lapons. En Finlande et en Norvège, en revanche, les Finnois sont devenus des concurrents redoutables, de même que les Zyriènes de la presqu'île de Kola avant la constitution des kolkhoz. Chaque éleveur possède une marque traditionnelle, qui consiste en une combinaison de lignes et de trous incisés dans l'oreille de chaque renne. En Laponie finlandaise, le paliskunta réunit plusieurs éleveurs en une sorte de coopérative qui représente également une division administrative. Le renne n'est jamais un animal entièrement domestique. Il se suffit à lui-même et se laisse difficilement approcher par l'homme. Aussi les skis et le lasso sont-ils les outils indispensables de l'éleveur.

Une famille de Lapons montagnards consomme en moyenne un renne par semaine. Un troupeau de trois cents à trois cent cinquante bêtes est nécessaire pour assurer la subsistance d'une famille de six personnes. Les meilleurs morceaux et la plupart des peaux sont vendus. La période de l'abattage va de septembre à la fin de l'hiver. Salée et séchée, la viande de renne est une excellente nourriture au moment de la transhumance estivale.

Le poisson, qui constitue en été la principale nourriture des Lapons de la forêt, est consommé soit grillé, soit sous forme de soupe, soit enfin séché, fumé ou salé. Les Lapons du littoral norvégien utilisaient autrefois la graisse de phoque comme nourriture. Naguère encore, on accrochait aux arbres des sortes de caisses en bois connues en Finlande sous le nom de uuttu, et l'on prélevait un tribut sur les œufs qu'y venaient pondre certains grands oiseaux, notamment le harle.

Avant l'introduction de la pomme de terre, les végétaux propres à la consommation se limitaient à certaines variétés d'oseille et de baies polaires qui permettaient au moins de prévenir le scorbut.

La boisson nationale des Lapons est aujourd'hui le café, sauf pour ceux de la presqu'île de Kola qui, sous l'influence russe, ont adopté le thé. L'alcool n'est apparu qu'au xvie siècle, le tabac au xviie, mais les Lapons, dès les temps le plus anciens, connaissaient les vertus stimulantes de la sève de bouleau printanière.

Certains tabous, hérités du chamanisme, se sont perpétués, jusqu'à une date souvent très récente, sous forme d'usages et de croyances. C'est ainsi qu'une ancienne coutume, commune à tous les peuples arctiques, interdisait jadis aux Lapons de boire de l'eau à même une source ou un cours d'eau ; il fallait l'aspirer au moyen d'un tube constitué le plus souvent d'un tibia d'oiseau. La viande et le poisson étaient traditionnellement préparés par le père de famille. Les femmes n'avaient pas le droit de consommer certaines parties des animaux. Elles ne pouvaient toucher certaines viandes – ours notamment – autrement qu'avec des bâtonnets de bois.

Habitat

L 'habitat lapon actuel ne se distingue plus guère de celui des Norvégiens ou des Finnois de Laponie.

La tente traditionnelle, la kota, encore employée par un petit nombre de montagnards, consiste en une armature de quatre troncs de bouleau d'environ trois mètres chacun, émondés et recourbés à leur sommet. La jointure de ces quatre piquets principaux supporte l'extrémité d'une poutre horizontale, la « poutre à fumée », dont l'autre[...]

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Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jean-Luc MOREAU. LAPONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARCTIQUE (géopolitique)

    • Écrit par François CARRÉ
    • 6 852 mots
    • 2 médias
    ...lesquels les Inuits, appelés autrefois Esquimaux ou Eskimos, en Amérique du Nord et au Groenland, sont les plus nombreux (150 000). Mais il y a aussi les Sâmes (dénommés autrefois Lapons) en Scandinavie et jusqu'en Russie (60 000) et les divers « petits peuples » en Russie du Nord, qualifiés ainsi en...
  • FINLANDE

    • Écrit par Régis BOYER, Maurice CARREZ, Universalis, Lucien MUSSET, Yvette VEYRET-MEKDJIAN
    • 22 464 mots
    • 14 médias
    Les Finnois (Fenni), dont la Germanie de Tacite mentionne la présence en Scandinavie, étaient sans doute des Lapons, comme les Phinoide Ptolémée et de Procope. Les authentiques Finnois, au sens moderne du mot (Suomalaiset), immigrèrent probablement vers le début de notre ère dans la Finlande...
  • SUÈDE

    • Écrit par Régis BOYER, Michel CABOURET, Maurice CARREZ, Georges CHABOT, Universalis, Jean-Claude MAITROT, Jean-Pierre MOUSSON-LESTANG, Lucien MUSSET, Claude NORDMANN, Jean PARENT
    • 35 770 mots
    • 19 médias
    Les Lapons ou Samis, qui ont donné leur nom au pays, ne sont guère que quinze mille. Un très petit nombre d'entre eux seulement continue à mener la vie des éleveurs, campant l'hiver dans les villages de la plaine et poussant leurs troupeaux de rennes vers la montagne au printemps et en été ; mais ils...

Voir aussi