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LA METTRIE JULIEN OFFROY DE (1709-1751)

Médecin et philosophe français. Né dans une famille de commerçants de Saint-Malo, La Mettrie reçoit une bonne éducation chez les jésuites, en Normandie et à Paris ; il étudie la médecine à Paris et à Reims. Reçu docteur en 1733, il poursuit des études chez Boerhaave, à Leyde, où il s'enthousiasme pour les théories iatromécanistes de son maître. Après des traductions de Boerhaave, il publie en 1737 sa première œuvre originale, le Traité du vertige, avec la description d'une catalepsie hystérique. Établi à Paris à partir de 1742, il y connaît un certain succès. Il participe au siège de Fribourg (1744) comme médecin des gardes-françaises et y contracte la fièvre chaude. Son expérience de la maladie lui donne confirmation des hypothèses matérialistes qu'il entreprend alors d'exposer dans l'Histoire naturelle de l'âme (1745), ouvrage condamné en juillet 1746.

Exilé à Leyde, il publie son Homme-machine, ce qui l'oblige à quitter les Pays-Bas pour trouver refuge à Berlin, chez Frédéric II. C'est en Prusse, de 1748 à sa mort, qu'il publie ses trois derniers ouvrages (Discours sur le bonheur, Système d'Épicure et L'Art de jouir) dans lesquels il expose son système social et moral. La Mettrie a beaucoup heurté les esprits ; Voltaire en particulier ne pouvait guère le supporter. Aujourd'hui, on voit en lui, au contraire, un précurseur des idéologues et du positivisme, un esprit remarquablement perspicace qui ne se satisfait pas d'un matérialisme mécaniste : on trouve chez lui « l'échelle imperceptiblement graduée » des êtres, la divinité de la nature, un finalisme inconscient, une ébauche de théorie évolutionniste et enfin l'érotisme universel. Une évolution très sensible s'est produite chez lui entre 1748 (L'Homme-plante) et 1750 (Système d'Épicure) : conçue d'abord comme toute-puissance créatrice de l'univers, la nature est présentée ensuite comme tendant à être soumise à la cécité du hasard — évolution décisive qui rapproche la pensée de La Mettrie des théories atomistes des épicuriens et de certains mécanistes du xviiie siècle (d'Holbach) et que la mort prématurée du philosophe l'a empêché de développer.

— Jean-Robert ARMOGATHE

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, sciences religieuses

Classification

Pour citer cet article

Jean-Robert ARMOGATHE. LA METTRIE JULIEN OFFROY DE (1709-1751) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • L'ART DE JOUIR, Julien Offray de La Mettrie - Fiche de lecture

    • Écrit par Raoul VANEIGEM
    • 1 059 mots

    L'Art de jouir se veut le développement lyrique et raisonné d'une thèse partout présente dans l'œuvre et dans la vie du médecin et philosophe français Julien Offroy de La Mettrie (1709-1751). Elle apparaît sous une forme succincte et péremptoire dans L'Homme machine, son...

  • MATÉRIALISME

    • Écrit par Georges GUSDORF
    • 3 912 mots
    • 1 média
    Le médecin La Mettrie (1709-1751), originaire de Saint-Malo, et qui finit ses jours réfugié à la cour de Frédéric II, dans son Histoire naturelle de l'âme(1745) et son traité L'Homme-machine (1747), réduit la psychologie et la physiologie humaines à de simples conséquences de l'organisation...
  • MATIÈRE/ESPRIT (notions de base)

    • Écrit par Philippe GRANAROLO
    • 3 374 mots
    ... (1713-1784) – pour qui « il n’y a que la matière et elle suffit pour tout expliquer » (article « Spinoza » de l’Encyclopédie) –, avec Julien Offray de La Mettrie (1709-1751) – qui affirme dans L’Homme-machine (1748) qu’« il n’y a dans tout l’Univers qu’une seule substance...

Voir aussi