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LA LETTRE ÉCARLATE, Nathaniel Hawthorne Fiche de lecture

Nathaniel Hawthorne - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Nathaniel Hawthorne

Les expériences et les tendances contradictoires de Nathaniel Hawthorne (1804-1864), écrivain qui est peut-être le plus représentatif des États-Unis du xixe siècle, convergent dans La Lettre écarlate, son meilleur roman, publié en 1850, et que Henry James considérait, quarante ans plus tard, comme « l'œuvre la plus remarquable et la plus authentiquement américaine » qui existe.

Le Diable à Boston

Dans ce que lui-même appelait une histoire de « la fragilité et du chagrin humains... véritablement embrasée par les feux de l'enfer », Hawthorne évoque les tragédies de la conscience malheureuse dans la colonie puritaine de la Nouvelle-Angleterre au xviie siècle. L'intrigue est simple et semble relever du triangle amoureux. Un vieil érudit anglais a envoyé à Boston sa jeune épouse, Hester Prynne, pour qu'elle s'y installe avant lui. Quand il vient la rejoindre deux ans plus tard, il la trouve exposée au pilori, Pearl, sa fillette illégitime, dans les bras. En effet, Hester a refusé de révéler le nom de son amant. Elle est désormais condamnée à porter sur tous ses vêtements une lettre écarlate, un A majuscule, symbole de l'adultère. « Mais ce qui attirait tous les regards et transfigurait en quelque sorte la femme ainsi vêtue, si bien qu'hommes et femmes de son ancien entourage étaient à présent frappés comme s'ils la voyaient pour la première fois, c'était la LETTRE ÉCARLATE si fantastiquement brodée sur son sein. Elle faisait l'effet d'un charme qui aurait écarté Hester Prynne de tous rapports ordinaires avec l'humanité et l'aurait enfermée dans une sphère pour elle seule ».

Peu à peu, cependant, sa force d'âme, sa bonne humeur et sa générosité vont valoir à Hester le respect et l'affection de ses voisins, en dépit de sa condamnation par le conseil des anciens. Son mari, lui, décide de se faire passer pour le docteur Roger Chillingworth afin de mieux parvenir à démasquer le coupable. Il découvre bientôt que le père de Pearl n'est autre qu'Arthur Dimmesdale, un jeune prédicateur de talent que chacun tient pour un saint homme. Il va s'employer à le torturer en menaçant de le dénoncer, commettant ainsi le pire des crimes aux yeux de Hawthorne en « violant de sang-froid la sainteté du cœur de l'homme », c'est-à-dire l'intériorité et l'intimité d'autrui. Sa préoccupation exclusive de vengeance réduit Chillingworth à la monomanie sadique et détruit cette âme dégradée. De son côté, bien qu'il s'impose en secret de terribles pénitences, Arthur Dimmesdale ne peut se résoudre à avouer sa faute et il souffre mille remords, torturé qu'il est par sa conscience. Hester, elle, assume entièrement son amour et voudrait que son amant la suive dans sa fuite en Europe. Mais lui voit dans ce projet une tentation diabolique. Il finit pourtant par avouer, en faisant une confession publique au pilori. Brisé par le poids de sa culpabilité, il mourra dans les bras de son amante. Hester lui survivra à Boston tandis que Pearl, « l'enfant-lutin, voire, aux yeux de bien des gens encore, le rejeton du Démon », retournera en Angleterre pour y mener une vie plus heureuse à la suite de l'héritage considérable que lui a légué, à sa mort, Roger Chillingworth.

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Pour citer cet article

Michel FABRE. LA LETTRE ÉCARLATE, Nathaniel Hawthorne - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Marc CHÉNETIER, Rachel ERTEL, Yves-Charles GRANDJEAT, Jean-Pierre MARTIN, Pierre-Yves PÉTILLON, Bernard POLI, Claudine RAYNAUD, Jacques ROUBAUD
    • 40 118 mots
    • 25 médias
    La Lettre écarlate (The Scarlet Letter, 1850) de Hawthorne, par exemple, n'a de sens que si l'on admet la présence et l'omniprésence réelles de cette lettre, de ce symbole ; c'est le véritable personnage central de l'ouvrage. Les rapports psychologiques entre les coupables sont en définitive conçus...
  • GOTHIQUE LITTÉRATURE & CINÉMA

    • Écrit par Gilles MENEGALDO
    • 6 313 mots
    • 5 médias
    Dans The ScarletLetter (1850) et The House of the Seven Gables (1851), Nathaniel Hawthorne évoque le passé calviniste et traumatique de l’Amérique et explore le concept puritain du mal. Ses nouvelles revisitent des motifs gothiques comme la vaste demeure, la forêt hantée ou le portrait animé, mais mettent...
  • HAWTHORNE NATHANIEL (1804-1864)

    • Écrit par Jean NORMAND
    • 2 344 mots
    • 1 média
    Toutes ces expériences, tous ces itinéraires convergent vers une même œuvre centrale : La Lettre écarlate (The Scarlet Letter, 1850). Hawthorne a fait dans ce livre la somme de son moi et de ses tendances contradictoires. On y trouve réunis, dans une même sphère de fatalité sans issue, dans un...

Voir aussi