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LA CÉLESTINE (F. de Rojas) Fiche de lecture

La Tragi-comédie de Calixte et Mélibée, publiée en 1502, est l'édition définitive de l'œuvre couramment appelée la Célestine, en vingt et un actes. Cinq actes avaient été ajoutés à la première édition intitulée Comédie de Calixte et Mélibée, publiée en 1499 à Burgos, qui n'en comptait que seize. À l'exception du premier acte, dont l'auteur est inconnu, l'auteur de cette œuvre exceptionnelle de la littérature espagnole est un « converso » (un juif converti au catholicisme), Fernando de Rojas (1465-1541).

Une sorcière venue des Enfers

La Célestine appartient au genre de la comédie humanistique, créé par Pétrarque (1304-1374). Drame ou roman ? Par sa longueur et sa complexité, ce texte tout en dialogues a été rapproché des tragédies de Sénèque (4 av. J.-C.-65 apr. J.-C.), ou encore des Comédies barbares (1907-1922) de Valle-Inclán et du Soulier de satin (1943) de Claudel.

« Entrant dans un verger à la poursuite d'un de ses faucons », Calixte, jeune homme de noble lignage, rencontre Mélibée, jeune fille de haute naissance ; « blessé par l'amour » il exalte sa beauté en termes dithyrambiques, entremêlés d'expressions sacrilèges. Repoussé par la jeune fille, Calixte se désole. Son domestique, Sempronio, lui conseille de faire appel aux bons offices de la vieille Célestine. Malgré les mises en garde de son autre valet, Pármeno, Calixte engage l'entremetteuse. Après avoir invoqué « le maître des profondeurs infernales », Célestine entreprend le siège de Mélibée, dont elle parvient à vaincre la résistance : « Gracieuse, très haute, très noble demoiselle, ton doux parler et cet air de gaieté, ajoutés à ces preuves de libéralité que tu montres envers une pauvre vieille, me donnent l'audace de te le dire. Je laisse un malade à la mort. Il croit, comme article de foi, qu'un seul mot sorti de ta noble bouche, que j'emporterai sur mon cœur, le ferait guérir tant il a de dévotion en ta courtoisie. » L'affaire est en bonne voie : Calixte est fou de joie. Une rencontre a lieu entre les deux jeunes gens. Mélibée a bientôt le cœur enflammé. La vieille a reçu son salaire : une belle chaîne en or, qu'elle refuse de partager avec Pármeno et Sempronio ; exaspérés, les deux complices la tuent. Les assassins seront décapités en place publique.

Malgré cette fâcheuse nouvelle, que lui a apprise un autre de ses domestiques, Sosie, Calixte accourt au rendez-vous nocturne que lui a fixé Mélibée. Celle-ci consent à se donner à lui. Une autre fois, Mélibée accueille Calixte dans sa chambre. Alerté par le bruit d'une querelle dans la rue, Calixte se réveille entre les bras de sa maîtresse et entend les appels au secours de Sosie aux prises avec des spadassins. Il s'élance pour lui porter secours, fait une chute malencontreuse et se tue. Mélibée, désespérée, avoue ses amours coupables à son père Pleberio. Elle se jette du haut de la tour, où elle s'était enfermée. La tragédie s'achève avec la déploration de Pleberio, devant le cadavre de sa fille. L'action se partage entre deux univers intimement liés : autour de la passion tragique des amants, des intrigues sordides, où Célestine mène le jeu, se nouent entre serviteurs et servantes, bandits et prostituées.

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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Bernard SESÉ. LA CÉLESTINE (F. de Rojas) - Fiche de lecture [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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