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KIM DAE-JUNG (1924 ou 1925-2009)

Homme politique sud-coréen, le charismatique Kim Dae-jung fut le chef de l'opposition pendant plus de trente ans, avant d'accéder à la présidence du pays (1998-2003).

Né, selon certaines sources, le 6 janvier 1924 dans l'île de Haeui (auj. dans la province du Cholla-Sud, en Corée du Sud), Kim Dae-jung se présente à l'administration militaire en donnant pour date de naissance le 3 décembre 1925, vraisemblablement pour éviter de servir sous l'uniforme japonais. Diplômé d'une école de commerce, il travaille pour une compagnie maritime nippone. Capturé par les forces communistes pendant la guerre de Corée, le jeune Kim réussit à s'échapper. Dans les années 1950, il milite ardemment en faveur de la démocratie. Après cinq tentatives infructueuses, il est élu en 1961 à l'Assemblée nationale ; mais celle-ci est dissoute peu après, en raison du coup d'État militaire perpétré par le général Park Chung-hee.

Critique acharné de la politique du dictateur, Kim Dae-jung prend la tête du Nouveau Parti démocratique en 1970 et, un an plus tard, se présente contre lui lors de l'élection présidentielle. Il remporte plus de 46 p. 100 des voix, mais ce résultat s'avère insuffisant pour arracher la victoire. Le 8 août 1973, Kim Dae-jung est enlevé par des agents des services secrets coréens dans l'hôtel où il réside à Tōkyō ; ramené de force en Corée du Sud, il est placé en résidence surveillée. Trois ans plus tard, il est de nouveau mis aux arrêts. Après avoir obtenu la suppression de son assignation à résidence en 1979, il est une fois encore arrêté pour sédition et conspiration. Condamné à mort en septembre 1980, il voit sa peine commuée en prison à perpétuité, puis à vingt ans d'incarcération, par le président Chun Doo-hwan. Autorisé à aller se faire soigner aux États-Unis en décembre 1982, Kim Dae-jung est de nouveau assigné à résidence lorsqu'il rentre en Corée en 1985. Mais la pression de la rue, à l'approche des jeux Olympiques de Séoul, contraint le régime à se démocratiser.

En 1987, Kim recouvre ses droits politiques et se présente à l'élection présidentielle, remportée par le candidat du pouvoir en raison de la division de l'opposition ; il échoue de nouveau en 1992. Trois ans plus tard, il fonde le Congrès national pour une nouvelle politique et en prend la direction. Lors de sa quatrième tentative, en décembre 1997, Kim remporte l'élection présidentielle de justesse (40,3 p. 100 des voix) face au candidat du Parti démocratique libéral au pouvoir, Lee Hoi-chang.

Kim Dae-jung et Kim Jong-il, 2000 - crédits : Newsmakers/ Hulton Archive/ Getty Images

Kim Dae-jung et Kim Jong-il, 2000

Premier chef de l'opposition élu à la tête de l'État, Kim Dae-jung incarne une véritable alternance démocratique. Dès son entrée en fonction, en février 1998, il s'attelle à redresser l'économie, au bord de la faillite en raison de la crise financière asiatique de l'automne de 1997. Mais sa priorité est la réconciliation avec la Corée du Nord. Sa politique dite « du soleil » (Sunshine Policy) vise à une coexistence pacifique entre des deux Corées, qui permettrait de valoriser la coopération économique. Au cours d'un sommet historique, du 13 au 15 juin 2000, Kim Dae-jung rencontre son homologue nord-coréen, Kim Jong-il. À la suite des accords conclus à cette occasion, des échanges de familles sud et nord-coréennes séparées depuis 1953 sont organisées. Kim Dae-jung assouplit par ailleurs les règles régissant les investissements sud-coréens en Corée du Nord. L'ensemble de sa politique est récompensée en 2000 par le prix Nobel de la paix.

La fin de son mandat est ternie par des accusations de corruption concernant ses fils, qui rejaillissent sur son image ; son impopularité est telle que, en mai 2002, il préfère quitter son parti, le Parti démocratique du millénaire, afin de ne pas obérer les chances de celui-ci pour la prochaine[...]

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. KIM DAE-JUNG (1924 ou 1925-2009) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CORÉE DU NORD

    • Écrit par Universalis, Valérie GELÉZEAU, Jin-Mieung LI
    • 9 001 mots
    • 8 médias
    Dès son arrivée au pouvoir, le président sud-coréen Kim Dae-jung a pratiqué une politique dite « du soleil » (sunshinepolicy) à l'égard du Nord. Soutenu également par le préjugé favorable du Nord à son égard, son gouvernement a réussi à obtenir la faveur de Pyongyang. C'est la raison pour laquelle...
  • CORÉE DU SUD

    • Écrit par Universalis, Valérie GELÉZEAU, Jin-Mieung LI, Stéphane THÉVENET
    • 11 386 mots
    • 9 médias
    Qui plus est, il persécuta son rival Kim Dae-jung. Le 8 août 1973, Kim fut enlevé d'un hôtel au centre de Tōkyō et ramené en Corée. Il fut placé en résidence surveillée chez lui grâce à l'intervention des États-Unis et de l'opinion internationale.
  • KIM JONG-IL (1942-2011)

    • Écrit par Universalis
    • 878 mots
    • 1 média

    Avant d'être un h omme politique nord-coréen, au pouvoir de facto de 1994 à 2011, Kim Jong-il avait comme première « vertu » d'être le fils de son père, Kim Il-sung.

    Selon la légende écrite par le pouvoir, il est né le 16 février 1942 dans une cabane en bois située sur le mont Paektu,...

  • KIM YOUNG-SAM (1927-2015)

    • Écrit par Universalis
    • 583 mots

    Kim Young-sam fut président de la Corée du Sud de 1993 à 1998, après avoir été un des principaux leaders de l’opposition modérée sous le régime autoritaire de Park Chung-hee.

    Kim Young-Sam est né le 20 décembre 1927 sur l’île de Kŏje, dans la province du Kyŏngsang-Sud, en Corée (aujourd’hui...

Voir aussi