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JŌMON. L'ART DU JAPON DES ORIGINES (exposition)

Du 29 septembre au 28 novembre 1998 s'est tenue à la Maison de la culture du Japon à Paris l'exposition Jōmon. L'art du Japon des origines. Elle coïncidait avec le premier anniversaire de l'ouverture de cette institution. Le pari était de créer un événement à partir d'un pan peu connu en France de l'héritage artistique japonais en présentant des objets, en majorité des vases et des figurines de terre cuite, appartenant à la culture de Jōmon.

Le pari fut gagné d'abord par l'extraordinaire qualité des objets présentés. Non seulement la plupart d’entre eux n'étaient jamais sortis du Japon, mais c'était aussi la première fois que presque tous les chefs-d'œuvre connus de Jōmon étaient rassemblés. Au Japon même, il faut se rendre pour les voir dans une dizaine de musées souvent peu commodes d'accès, car ils sont installés près des sites de fouilles.

L'exposition commençait par les figurines, dogū, regroupées autour de la plus célèbre, celle de Tanabatake, première pièce de l'époque Jōmon à avoir été déclarée Trésor national. Titre qui aurait pu tout aussi bien être attribué à la statuette de Nishinomae, campée sur de longues jambes, au visage entièrement lisse. La deuxième salle rassemblait des décorations corporelles : masques, bracelets et surtout d'extraordinaires parures d'oreille en terre cuite de Chiamigaito dont la finesse fait penser à de l'orfèvrerie. La dernière salle comportait les poteries disposées par ordre chronologique depuis le Jōmon antérieur avec le bol de Torihama digne des meilleurs potiers des époques historiques. Suivaient pour le Jōmon moyen les jarres flamboyantes de Sasayama et de Dōdaira, mais aussi le pot avec anses de Nagamine d'un extraordinaire équilibre. Le Jōmon postérieur était illustré notamment par la jarre de Horinouchi qui reprend en terre cuite l'élégante simplicité d'une vannerie et par d'étonnantes poteries à goulot verseur. Le Jōmon final était surtout représenté par une jarre sphérique à col étroit décorée de courbes et de spirales provenant de Kawara.

La culture de Jōmon correspond au Néolithique. Elle doit son nom au motif de corde qui ornait les premières poteries de cette époque découvertes en 1877. La période de Jōmon est donc d'abord caractérisée par la maîtrise de la technique de la terre cuite. Si l'on en croit la datation au carbone 14, la poterie serait apparue sur l'archipel vers – 10500 avant notre ère. Ce serait la plus ancienne attestation au monde de cette technique. Grâce à la maîtrise de la terre cuite et de la hache de pierre, les hommes de Jōmon purent se doter progressivement d'un habitat stable dans des villages au milieu des forêts de feuillus ou en bordure de mer, sources de leur nourriture. Ils se nourrissaient en effet d’abord de fruits secs – noix, châtaignes, glands – que l'on peut assez facilement stocker, secondairement de la chasse (cerfs et sangliers), ou de la pêche et du ramassage de coquillages. À la fin du ive siècle avant notre ère, apparut une nouvelle civilisation centrée sur la riziculture.

Quoique le titre de l'exposition le suggère, il est bien aventureux de vouloir faire remonter certains traits de l'esthétique japonaise à ce lointain passé. Par contre le mot « art » est pleinement justifié. Il s'agissait en effet avant tout d'une exposition d'art. Le fait que les objets soient fort anciens provoquait un étonnement supplémentaire, mais ce qui primait, c’était la beauté, la perfection des pièces présentées. Une exposition archéologique sur la civilisation de Jōmon, qui aurait comporté beaucoup d’objets de la vie quotidienne et des poteries dénuées de qualité esthétique, n’aurait eu qu’un succès d'estime.

Il existe en France un public possédant une[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

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Pour citer cet article

François MACÉ. JŌMON. L'ART DU JAPON DES ORIGINES (exposition) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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