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CORIGLIANO JOHN (1938- )

« John Corigliano est un des compositeurs les plus talentueux d'aujourd'hui. Sa façon d'exploiter l'orchestre est habile et imaginative. » Ainsi s'exprimait Aaron Copland en 1985. Corigliano s'est de fait rapidement imposé au tout premier rang des compositeurs américains, une place qui a été confortée par le triomphe, en 1991, de son opéra The Ghosts of Versailles, considéré comme une des œuvres majeures de l'art lyrique de la fin du xxe siècle. Son style n'est cependant pas sans être controversé : forte et expressive, offerte à toutes les influences de son temps mais pratiquant un éclectisme sélectif, sa musique a en effet pratiquement toujours été tonale, même à l'époque où beaucoup pensaient que le sérialisme était la seule et unique voie possible. Par ailleurs, à l'instar de nombreux compositeurs américains, Corigliano est un adepte du métissage des musiques classique et populaire : caractérisées par une prodigieuse imbrication d'éléments, ses œuvres apparaissent cependant dénuées de tout artifice, les influences diverses et variées étant mises en œuvre de manière naturelle et spontanée.

Né à New York le 16 février 1938, John Paul Corigliano, Jr., grandit dans la musique : son père, John Corigliano, est premier violon solo de l'Orchestre philharmonique de New York de 1943 à 1966, et sa mère une brillante pianiste. Dès son plus jeune âge, il joue du piano et improvise avec habileté. Il découvre adolescent Billy the Kid de Copland : fortement impressionné, il décide de s'essayer à la composition et apprend seul l'orchestration. Malgré les réticences de ses parents, qui ne souhaitent pas que leur fils devienne un musicien professionnel, il entre à l'université Columbia de New York, où il étudie la composition, avec Otto Luening notamment. Il prend également des leçons privées auprès de Paul Creston. Après avoir obtenu son diplôme de bachelor of arts en 1959, il mène de front plusieurs activités sans jamais cesser de composer : il est pigiste et programmateur dans des stations de radio new-yorkaises (1959-1964), fait des arrangements de musique rock, collabore avec Leonard Bernstein sur la série d'émissions télévisées de C.B.S. Young People's Concerts (1961-1972), travaille comme producteur pour la firme discographique C.B.S. Masterworks (1972-1973). Il se consacre également à l'enseignement, notamment à la Manhattan School of Music (1971-1986) et à la Juilliard School of Music de New York (à partir de 1992). De 1987 à 1990, il est premier compositeur en résidence à l'Orchestre symphonique de Chicago.

John Corigliano publie ses premières œuvres en 1959 : il s'agit de quatre mélodies pour une voix et piano, Petit Fours, et d'une pièce pour deux pianos, Kaleidoscope. En 1964, le jury du concours de musique de chambre de Spoleto (Italie), dans lequel figurent notamment Walter Piston et Samuel Barber, lui décerne à l'unanimité le prix de la création pour sa Sonate pour violon et piano, composée en 1963 : il a été sélectionné parmi plus de cent candidats. Cette œuvre inaugure la première manière de John Corigliano, qui s'inscrit alors dans la lignée de Copland, Samuel Barber, Roy Harris et William Schuman ; cette période culmine dans la symphonie avec chœur et solistes vocaux A Dylan Thomas Trilogy (composée entre 1960 et 1976, et qui sera révisée en 1999). En 1967, Corigliano compose Tournaments : Overture, pour orchestre, qui manifeste clairement sa non-appartenance à quelque école que ce soit. Le titre de cette pièce fait référence à l'esprit de compétition qui en sous-tend l'écriture, les premiers pupitres et des sections entières de l'orchestre entrant en lice pour confronter leur virtuosité : une fanfare de cuivres annonce le tournoi et une envolée des bois conduit à un choral, qui constitue le matériau[...]

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Écrit par

  • : musicologue, analyste, cheffe de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

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Pour citer cet article

Juliette GARRIGUES. CORIGLIANO JOHN (1938- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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