Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JEANNE Ire (1326-1382) comtesse de Provence et reine de Naples (1343-1382)

Petite-fille, par son père, du roi Robert d'Anjou, Jeanne lui succéda en 1343. Fiancée en 1333 à André de Hongrie, elle l'épousa dix ans plus tard et le fit sans doute assassiner en 1345 ; elle se remaria en 1347 avec son cousin Louis de Tarente, qui mourut de la peste en 1362. Jusqu'à cette date, la politique angevine fut en grande partie influencée par les maris de la reine, qui furent l'un après l'autre très vite brouillés avec elle. L'arbitrage du pape Clément VI, facilité par le fait que le royaume était vassal du Saint-Siège, permit jusqu'en 1352 le maintien d'un certain équilibre intérieur, cependant que l'autorité pontificale protégeait Jeanne lors de l'intervention armée du roi Louis de Hongrie, venu venger son frère. La reine trouva refuge dans son comté de Provence et vendit au pape la seigneurie d'Avignon pour financer son retour à Naples.

Pratiquement tenue à l'écart des affaires de 1352 à 1362 par son second mari, Louis, que le pape avait fait roi, Jeanne dut le laisser gouverner avec son conseiller Nicola Acciaiuoli. Elle reprit en main le gouvernement à la mort de Louis, ne laissant aucun rôle à ses autres maris successifs, le fou Jacques de Majorque et l'aventurier Otton de Brunswick. Avec énergie, elle restaura l'autorité comtale dans une Provence où les Grandes Compagnies avaient trop longtemps fait régner l'anarchie, mit un terme au conflit qui opposait les Angevins de Naples aux Aragonais de Sicile depuis 1282, soutint la politique pontificale en Toscane et fit face aux intrigues de sa sœur Marie et des Duras.

Ayant été déclarée déchue en 1380 par Urbain VI à qui elle s'était opposée, la reine Jeanne se rangea du côté du pape avignonnais Clément VII et adopta pour héritier le duc Louis d'Anjou, frère de Charles V et fondateur de la seconde dynastie angevine. Celui-ci n'eut pas le temps d'intervenir avant que Jeanne et Otton soient vaincus par Charles de Duras, à qui Urbain VI avait donné l'investiture du royaume. La reine Jeanne fut assassinée en prison.

— Jean FAVIER

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : membre de l'Institut, directeur général des Archives de France

Classification

Pour citer cet article

Jean FAVIER. JEANNE Ire (1326-1382) comtesse de Provence et reine de Naples (1343-1382) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CHARLES III DE DURAS (1345-1386) roi de Naples (1381-1386)

    • Écrit par Gérard RIPPE
    • 373 mots

    Fils de Louis d'Anjou et unique descendant mâle des ducs de Durazzo (ou Duras), Charles de Duras est orphelin très jeune et passe son enfance à Naples, à la cour de Jeanne Ire. Vers l'âge de quinze ans, la reine l'envoie en Hongrie auprès de son beau-frère, Louis Ier, qui...

  • ITALIE - Histoire

    • Écrit par Michel BALARD, Paul GUICHONNET, Jean-Marie MARTIN, Jean-Louis MIÈGE, Paul PETIT
    • 27 498 mots
    • 40 médias
    ...s'affaiblit devant l'indépendance des barons et les appétits des commerçants florentins et vénitiens. Après la mort de Robert (1343), les égarements de la reine Jeanne Ire et les conflits entre branches angevines rivales provoquent une grave crise sociale et politique. En Sicile, malgré la valeur de quelques princes...
  • PROVENCE, histoire

    • Écrit par Maurice AGULHON
    • 3 434 mots
    • 3 médias
    ...Auparavant, au cours des péripéties du xive siècle, époque de la présence des papes à Avignon, époque aussi de l'incapable et inquiétante reine Jeanne (1343-1382), la Provence avait achevé d'acquérir ses limites classiques, avec la cession à la papauté de la ville d'Avignon (1348), complétant...

Voir aussi