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FLORENTZ JEAN-LOUIS (1947-2004)

La musique française a toujours engendré des créateurs résolument indépendants qui ont su traverser les époques en restant imperméables aux influences et aux querelles de chapelle. Jean-Louis Florentz était du nombre : à l'image de son maître Olivier Messiaen, ce solitaire contemplatif a trouvé dans le sacré la source de son inspiration.

Il voit le jour à Asnières (Hauts-de-Seine), le 19 décembre 1947 et commence à étudier l'orgue en 1962. Il mène de front des études universitaires et musicales et obtient des diplômes d'arabe littéraire et d'ethnomusicologie ainsi qu'un premier prix de composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où il est l'élève de Messiaen et de Pierre Schaeffer. Il travaille aussi avec Antoine Duhamel et reçoit les conseils d'Henri Dutilleux. Entre 1971 et 1979, il effectue une quinzaine de voyages en Afrique et puise dans les racines culturelles de ces régions la matière de base de sa création. Sa première œuvre importante – Ténéré (1978), une incantation pour orchestre sur un verset coranique – se réfère au désert saharien. Lauréat de l'Institut de France, il séjourne à la Villa Médicis à Rome (1979-1981) puis à la Casa de Velázquez à Madrid et à Palma de Majorque (1983-1985). Pendant cette période, il compose sa première œuvre d'inspiration chrétienne, le Magnificat-Antiphone pour la Visitation, pour ténor, chœur mixte et orchestre (1979-1980), suivi des Laudes, 7 pièces pour orgue (1984). Il effectue quatre voyages au Kenya entre 1981 et 1986, notamment pour enseigner au Kenyatta University College, à Thika-Nairobi (1981-1982). Comme Messiaen, les oiseaux le fascinent et il travaille sur leurs polyphonies en milieu équatorial à l'Institut d'étho-écologie des communications animales de l'École pratique des hautes études. Entre 1982 et 1997, ses voyages le mènent en Israël, où il entre en contact avec la communauté orthodoxe éthiopienne de Jésusalem-Ouest, en Égypte, en Martinique, en Polynésie et en Afrique du Nord. Il décide alors (1989-1990) d'apprendre l'éthiopien pour approfondir ses relations sur le terrain. Entre 1985 et 2000, il est professeur d'analyse des musiques de tradition orale au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon. Son œuvre s'enrichit d'une pièce pour orchestre, Les Marches du soleil (1983), du Chant de Nyandarua, pour quatre violoncelles (1985), et de ce qui est son chef-d'œuvre, le Requiem de la Vierge, conte liturgique pour l'Assomption de Marie, pour soprano, ténor, baryton, chœur mixte, chœur d'enfants et orchestre, auquel il donnera plus tard le titre d'Asun (1986-1988). Il compose un chant de résurrection pour orgue, Debout sur le soleil (1990), Asmarâ, le livre des enchantements II, melt'ân pour chœur mixte a cappella sur le psaume VIII éthiopien (1991), son concerto pour violoncelle Le Songe de Lluc Alcari (1993), qui s'impose rapidement comme une œuvre majeure de la littérature concertante pour cet instrument, et L'Ange du Tamaris, pour violoncelle seul (1995). En 1995, il est élu à l'Académie des beaux-arts au fauteuil de Raymond Gallois-Montbrun. Entre 1995 et 1997, il est compositeur en résidence à l'Orchestre national de Lyon (pour lequel il écrit Les Jardins d'Amènta, 1997, et L'Anneau de Salomon, 1999), puis, entre 2000 et 2002, à celui des Pays de la Loire (L'Enfant des îles, 2001). Parmi ses œuvres ultimes figurent deux partitions pour orgue de caractère symphonique, La Croix du Sud (2000) et L'Enfant noir (2002), ainsi qu'un poème symphonique, Qsar Ghilâne (2003). Il meurt à Paris le 4 juillet 2004.

Les sources d'inspiration auxquelles Florentz a puisé au cours de ses voyages ont forgé un langage d'une grande diversité, tant sur le plan harmonique que métrique. Les éléments[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. FLORENTZ JEAN-LOUIS (1947-2004) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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