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DALHOUSIE JAMES ANDREW BROWN-RAMSAY lord, 1er marquis et 10e comte (1812-1860)

Connu surtout pour son action au gouvernement général de l'Inde de 1848 à 1856, lord Dalhousie a bénéficié à sa naissance de toutes les bénédictions. Troisième fils d'un gouverneur général du Canada devenu pair du royaume au cours de sa carrière militaire, il reçoit l'éducation des jeunes aristocrates à Harrow et à Oxford, et entre très jeune à la Chambre des Communes. Héritier du titre à la mort de son père, en 1838, il siège ensuite à la Chambre Haute. En 1845, dans le cabinet Peel, il occupe le poste de président du Board of Trade, y fait preuve d'un esprit ouvert et brillant et favorise considérablement la construction des chemins de fer en Angleterre. Il demeure au gouvernement après la démission de Peel en 1846, mais accepte deux ans plus tard d'être nommé gouverneur général des Indes. Il exerce ses pouvoirs avec l'autorité d'un grand proconsul et s'applique tout à la fois à développer les territoires sous administration directe et à apporter aux habitants les bénéfices de la civilisation occidentale. Dès son arrivée, il hérite de la situation difficile née de la guerre du Pendjab qui oppose les redoutables guerriers sikhs aux troupes anglaises de lord Gough : la victoire de ces dernières permet l'annexion de tout le Pendjab et aussi le début de la constitution d'une force armée de Sikhs au service de l'Angleterre. Sous prétexte de défendre les intérêts des marchands britanniques en Birmanie, lord Dalhousie décide des opérations militaires qui aboutissent en 1852 à l'annexion de la province de Pégu avec sa capitale Rangoon. Surtout, il cherche à supprimer l'écran que constitue pour l'administration de la Compagnie le pouvoir de centaines de princes autonomes : sans en être l'inventeur, il recourt systématiquement à la doctrine du lapse qui permet de faire « tomber » dans le giron anglais tout territoire dont le souverain serait mort sans héritier ; il la complète en ne reconnaissant pas l'adoption comme procédé de succession et en déclarant nul tout héritage d'un prince adopté : ainsi peut être annexé l'État de Nagpour peuplé de 4 millions d'habitants, et du coup l'inquiétude gagne de très nombreux princes sans enfant. Parfois aussi on invoque la mauvaise gestion d'un territoire, c'est le cas en 1856 pour l'État encore plus grand d'Oudh et sa capitale Lucknow. Il en résultera un profond mécontentement dans les masses, peut-être attisé par les intrigues des dynastes dépossédés. En outre, le système administratif est perfectionné grâce en partie au dévouement de l'Indian Civil Service, dont les chefs sont recrutés en Angleterre par le système du patronage mais dans lequel lord Dalhousie fait entrer un nombre croissant d'indigènes. Le gouverneur général tente aussi d'occidentaliser l'Inde : l'anglais, promu langue officielle, devient la langue de base des trois universités dont la fondation est décidée en 1854. Soucieux de relever une économie dont le secteur cotonnier avait été sciemment ruiné par les mesures de ses prédécesseurs, lord Dalhousie tente de fonder un enseignement technique, ouvre de nombreux chantiers ferroviaires, télégraphiques, améliore la gestion des forêts, développe les canaux : ses efforts, dont certains profitent surtout à la métropole et à ses marchands, se révèlent nettement insuffisants pour compenser les pertes subies et ne parviennent pas à endiguer la misère et l'esprit de révolte. Le gouverneur général en est conscient et, devant la montée des périls nationalistes et sociaux, multiplie les mises en garde à son gouvernement, s'insurgeant contre le rappel de troupes pour la guerre de Crimée. En 1856, il démissionne pour raisons de santé et, moins d'un an après son retour, la révolte des cipayes confirme le bien-fondé de ses inquiétudes. Considéré comme le responsable du mécontentement et des mutineries, il est lavé de ces accusations par un vote du Parlement qui[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Roland MARX. DALHOUSIE JAMES ANDREW BROWN-RAMSAY lord, 1er marquis et 10e comte (1812-1860) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AOUDH, OUDH ou AVADH

    • Écrit par Roland BRETON
    • 254 mots

    Région de la plaine du Gange dont le nom vient de celui de la ville antique d'Ayodhya, capitale du royaume de Kosala, dont Rāmā, conformément à l'épopée du Rāmāyana, fut le souverain. Après avoir suivi les vicissitudes historiques complexes de cette plaine et vu d'autres capitales naître dans la...

  • INDE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Universalis, Christophe JAFFRELOT, Jacques POUCHEPADASS
    • 22 936 mots
    • 25 médias
    ...peuple les professions libérales et les rangs subalternes de l'administration. L'apogée du réformisme libéral prend place sous le proconsulat de lord Dalhousie (1848-1856), qui introduit le chemin de fer et le télégraphe, organise les travaux publics, la poste et l'instruction publique, et annexe sans...
  • INDE BRITANNIQUE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Olivier COMPAGNON
    • 577 mots

    Juin 1757 L'officier anglais Robert Clive écrase à Plassey une armée indigène et, en prenant le contrôle du Bengale, permet le renforcement de la présence anglaise en Inde.

    1784 L'India Act renforce le pouvoir de la Couronne britannique sur l'East India Company.

    1848-1856 ...

  • ROYAUME-UNI - L'empire britannique

    • Écrit par Roland MARX
    • 21 770 mots
    • 43 médias
    ...véritable « commise » anglaise justifiée par des proclamations généreusement humanitaires (1856) ; la théorie du lapse, inventée par le gouverneur lord Dalhousie, au cours de son administration, de 1848 à 1856, permet de faire tomber sous la coupe directe des fonctionnaires de la Compagnie les États (Sātāra,...

Voir aussi