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BONOMI IVANOE (1873-1951)

Homme d'État italien dont la carrière, comme celle de son contemporain Orlando, se partage en deux grands moments séparés par la longue parenthèse du fascisme. Devenu journaliste socialiste, Ivanoe Bonomi milite, aux côtés de Bissolati, dans la tendance réformiste qui l'emporte au congrès de 1902. Il soutient ensuite la guerre de Libye et, au congrès de 1912, il est exclu du parti socialiste. Appelé au gouvernement, il représente les socialistes indépendants de droite dans le cabinet Boselli (juin 1916-oct. 1917), dans les formations Orlando (oct. 1917-juin 1919) et Giolitti (janv. 1920-juill. 1921). Le 15 mai 1921, il avait été élu député sur la liste du « bloc national » comprenant des candidats fascistes. Après la chute du dernier gouvernement Giolitti, il devient président du Conseil le 4 juillet 1921. Devant la montée de la violence, son attitude mêle à une fermeté épisodique une bienveillance qui le fait s'entremettre pour la conclusion d'un « pacte de conciliation » (2 août 1921) entre socialistes et squadristes (formation fasciste), accord bien vite renié par les partisans de Mussolini. Lors de la dépression économique des années 1920-1922, sa politique financière mécontente les grands capitalistes qui soutiennent le fascisme et, à l'extérieur, la difficile application du traité de Rapallo avec la Yougoslavie suscite les critiques des nationalistes. Le 17 février 1922, Bonomi est renversé. Croyant à la prochaine « normalisation » du fascisme, il se laisse abuser par les assurances légalistes prodiguées par Mussolini. Au sein d'un parti socialiste divisé, il ne s'oppose pas résolument aux audaces croissantes des partisans du Duce.

Bonomi se rend compte tardivement de la nature réelle de la dictature, dont il est désormais l'adversaire. Candidat d'opposition aux élections du 6 avril 1924, il n'est pas réélu. Au lendemain de l'assassinat de Matteotti, il soumet au roi des documents qui établissent la responsabilité du fascisme dans le crime, mais Victor-Emmanuel III refuse d'en prendre connaissance. Après le triomphe du régime mussolinien, il vit à l'écart, écrivant des études d'analyse politique.

Son activité reprend à la fin de 1942, au moment où il coordonne les divers mouvements antifascistes. Sa dignité de chevalier de l'Annonciade lui permet d'avoir accès auprès du souverain, à qui il expose sans succès la nécessité de renverser la dictature et de détacher le pays de l'emprise allemande. Après l'élimination de Mussolini (25 juill. 1943) et l'occupation de Rome et de l'Italie centrale et septentrionale par les Allemands, il entre dans la clandestinité et devient président du Comité central de libération nationale (C.L.N.). Il s'efforce d'harmoniser les diverses tendances qui combattent la dictature et l'occupant, et il préconise la formation d'un gouvernement de coalition antifasciste. Après la libération de Rome et le refus des partis groupés dans le Comité de libération nationale de participer à un cabinet présidé par Badoglio, Bonomi devient chef du gouvernement le 9 juin 1944. Il tente d'assurer la continuité du pouvoir entre la démocratie libérale préfasciste et la nouvelle démocratie issue de la Résistance. Mais il se heurte à la volonté des partis et des groupements de résistance qui entendent modifier radicalement les structures politiques et sociales. À la suite de divergences sur la manière dont s'opérait l'épuration, Bonomi démissionne le 26 novembre. Les six formations représentées au C.L.N. désignent le comte Sforza comme son successeur, mais, devant le veto des alliés, Bonomi revient au pouvoir le 12 décembre, à la tête d'un gouvernement auquel ne participent ni les socialistes ni le parti d'action. Après la libération de l'Italie septentrionale (fin avr. 1945), un nouveau cabinet est constitué qui intègre les forces politiques du[...]

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Pour citer cet article

Paul GUICHONNET. BONOMI IVANOE (1873-1951) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ITALIE - Histoire

    • Écrit par Michel BALARD, Paul GUICHONNET, Jean-Marie MARTIN, Jean-Louis MIÈGE, Paul PETIT
    • 27 498 mots
    • 40 médias
    ...tandis que la division entre socialistes et catholiques-populaires de don Luigi Sturzo s'aggrave. La faiblesse des gouvernements d'Ivanoè Bonomi (juill. 1921-févr. 1922) et de Luigi Facta favorise la montée du fascisme qui, au printemps 1922, déchaîne la violence à travers tout le pays. Devant...

Voir aussi