Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

DUNCAN ISADORA (1878-1927)

Isadora Duncan - crédits : Eadweard Muybridge/ Hulton Archive/ Getty Images

Isadora Duncan

La danseuse et chorégraphe américaine Isadora Duncan, pionnière absolue de la danse moderne, incarne une liberté nouvelle, non seulement pour l'art chorégraphique mais également pour la condition féminine. En effet, sa vie tumultueuse, qui fit d'elle une héroïne, fascina son époque, contribuant probablement au rayonnement extraordinaire de son nom et de sa légende dans le monde. Avec ses pieds nus, ses fines tuniques « à la grecque » et ses mouvements « libres », c'est-à-dire affranchis de toute technique connue, elle imposa une nouvelle idée de la danse qui repose sur l'invention, l'improvisation et l'harmonie du corps et de l'esprit. À sa suite, la danse moderne s'exécutera systématiquement pieds-nus et chaque chorégraphe devra trouver son « langage » personnel.

Danser sa vie

Isadora (déclarée Dora Angela) Duncan naît à San Francisco le 27 mai 1878. Elle vit une enfance heureuse et bohème avec sa mère, ses trois frères et sa sœur, malgré des conditions difficiles liées à l'absence de son père. Anticonformiste, sa mère n'avait pas hésité à divorcer de son père l'année de la naissance d'Isadora. Formant un vrai clan familial, les Duncan se passionnent pour les arts. Sa mère est pianiste, son père – qu'elle ne rencontrera qu'à l'âge de 8 ans – se dit poète. Isadora Duncan semble déjà une enfant différente : dès ses premiers pas, elle semble mue par le désir de s'exprimer par les mouvements de son corps. Sa mère n'hésite pas à la confier, ainsi que sa sœur cadette Elisabeth, à Geneviève Stebbins, une des élèves de François Delsarte (1811-1871), qui lui transmet la théorie de son maître, selon laquelle le moindre de nos gestes trahit une émotion intérieure. En 1892, à l'âge de quatorze ans, elle s'improvise professeur de danse. Son adolescence coïncide avec la naissance d'un courant d'émancipation aux États-Unis qui vise à améliorer la condition féminine. La pratique de la gymnastique et de la danse vient d'être admise comme un mode d'exercice bénéfique pour la santé des femmes. Mais, nécessité oblige, avant de faire fructifier l'héritage du delsartisme en le transformant en pilier de la danse moderne, Isadora Duncan commence par se produire dans quelques comédies musicales à Chicago et New York, de 1895 à 1897, malgré sa faible formation. Son idée maîtresse : « danser, c'est exprimer sa vie intérieure ». Face à la prouesse technique et au corps corseté (au propre comme au figuré), Duncan prône la danse « naturelle », liée à la respiration, et introduira le principe de la « gravité » contrariant la légèreté obligée des danseuses. Elle veut retrouver le rythme des mouvements innés de l'homme. « Dès le début, écrit elle, je n'ai fait que danser ma vie. » Pour ses premières compositions de danse sur des poèmes, elle reçoit les encouragements de la poétesse Donna Coolbrith (1841-1928), femme très émancipée pour l'époque et figure majeure des cercles littéraires et culturels américains.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse

Classification

Pour citer cet article

Agnès IZRINE. DUNCAN ISADORA (1878-1927) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Isadora Duncan - crédits : Eadweard Muybridge/ Hulton Archive/ Getty Images

Isadora Duncan

Autres références

  • BALLET

    • Écrit par Bernadette BONIS, Pierre LARTIGUE
    • 12 613 mots
    • 20 médias
    ...Français, François Delsarte, a préparé la révolution esthétique en dressant un répertoire de gestes en relation avec l'émotion. Alors survient Isadora Duncan. Le ballet classique lui semble inhumain. En révolte contre un puritanisme où elle puise aussi son énergie, elle aspire à une expression...
  • CHORÉGRAPHIE - L'art de créer les gestes

    • Écrit par Agnès IZRINE
    • 3 702 mots
    • 6 médias
    ...même de ce que peut être une chorégraphie grâce à la danse moderne puis contemporaine. On attribue traditionnellement ce renouveau à deux américaines, Isadora Duncan (1877- 1927) et Loïe Fuller (1862-1928). En réalité, c'est un mouvement qui apparaît presque simultanément aux États-Unis et en Allemagne...
  • DANSE

    • Écrit par Marie-Françoise CHRISTOUT, Serge JOUHET
    • 5 050 mots
    • 17 médias
    À ce moment, la danse est essentiellement féminine. Est-ce en pensant à Carlotte Zambelli sur pointes, à Isadora Duncan en tunique et pieds nus, ou à la Loïe Fuller dans ses voiles de lumière, que Stéphane Mallarmé a reconnu dans leur art le sien, la poésie ? « La danseuse n'est pas une femme qui...