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ISAAC LE SYRIEN saint (VIIe s.)

Un des plus grands spirituels de l'Orient chrétien où son influence reste vivante, comme le prouve l'étude du père Justin Popovitch, « La Connaissance de Dieu chez saint Isaac », dans la revue orthodoxe Contacts (nos 69 et 70). De l'homme lui-même, on ne sait presque rien, sinon qu'il fut, au viie siècle, évêque de Ninive, en milieu nestorien. Sa pensée fait la synthèse des grands courants spirituels du christianisme ancien : celui d'Évagre, plus spéculatif, qui met l'accent sur la purification de l'intellect ; celui de Macaire, plus biblique, centré sur les thèmes du « cœur » et de la « plénitude du Saint-Esprit » ; celui d'Origène, avec l'espérance du salut universel.

Pour saint Isaac, les voies de la connaissance de Dieu sont existentielles : la foi — « révélation de la science du cœur » —, la prière, l'humilité, la purification de l'esprit et son union avec le cœur — « organe central des sens intérieurs ». Alors le cœur « se brise et se renouvelle », « s'élève de contemplation en contemplation », « jusqu'à ce qu'il atteigne les hauteurs de l'amour et que la joie demeure au fond de lui ». La prière devient « spontanée » : l'homme devenant sanctifié, « qu'il mange, boive ou dorme, le parfum de la prière s'exhale spontanément de son âme ». Il réalise l'amour évangélique du prochain, devient un être d'accueil, de miséricorde, de bénédiction : « N'essaie pas de distinguer celui qui est digne et celui qui ne l'est pas ; que tous soient égaux à tes yeux pour les aimer et les servir [...]. Le Seigneur n'a-t-il pas partagé la table des publicains et des femmes de mauvaise vie ? » La charité du « cœur miséricordieux » devient cosmique, son espérance sans limite, il prie même pour les serpents et les démons. Il perçoit « la flamme des choses » et les bêtes sauvages se pacifient autour de lui.

Pour Isaac le Syrien, le seul péché est en définitive l'insensibilité à la Résurrection qui nous ressuscite, au Christ vainqueur de la mort et de l'enfer : « Où est l'enfer qui puisse nous angoisser devant la joie de l'amour du Christ ? Qu'est-ce que l'enfer, devant la grâce de sa Résurrection ? »

— Olivier CLÉMENT

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris

Classification

Pour citer cet article

Olivier CLÉMENT. ISAAC LE SYRIEN saint (VIIe s.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ENFERS ET PARADIS

    • Écrit par Olivier CLÉMENT, Mircea ELIADE
    • 6 311 mots
    • 3 médias
    ...Dieu peut tout, sauf contraindre l'homme à l'aimer ». Ainsi s'ouvre la possibilité de la « seconde mort » (Apoc., xxi, 8) : « L'amour divin agit de deux manières différentes : il devient souffrance chez les uns et joie chez les autres. » ( Isaac le Syrien, Homélies spirituelles, XI, 1.)
  • ORTHODOXE ÉGLISE

    • Écrit par Olivier CLÉMENT, Bernard DUPUY, Jean GOUILLARD
    • 23 362 mots
    • 1 média
    ...le salut universel. L'homme sanctifié se découvre à la fois microtheos et microcosme. « Qu'est-ce que le cœur charitable ? » demande Isaac le Syrien. Et il répond : « C'est le cœur qui brûle d'amour pour la création tout entière, pour les hommes, les oiseaux, toutes les bêtes, pour ...

Voir aussi