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BERLIN IRVING (1888-1989)

Irving Berlin - crédits : George Konig/ Hulton Archive/ Getty Images

Irving Berlin

Irving Berlin a suivi le parcours « classique » de nombreux juifs russes de son époque. Il naît à Mogilev, en Russie (aujourd'hui Biélorussie) le 11 mai 1888 ; fils de Moses Baline, chantre de synagogue, il est prénommé Israel : « Izzy ». Il a cinq ans quand sa famille émigre aux États-Unis, à la suite d'un pogrom, et s'installe dans un quartier pauvre de New York. Le petit Israel grandit comme il peut et gagne quelques sous en chantant dans les rues ; ce sera – presque – la gloire quand il passera en « attraction » au Pelham's Café, dans Chinatown. C'est là, nous dit José Bruyr, « qu'il écrivit sur une seule portée la musique qu'il jouait avec un doigt : certain Spring Song – accommodant en ragtime la Chanson de printemps de Mendelssohn ». En 1907 – il a dix-neuf ans –, il commence à écrire les paroles de chansons dont le pianiste du Pelham's Café, Nicholson, compose la musique ; la première est Marie from Sunny Italy. Et il trouve du même coup le nom sous lequel il deviendra universellement connu : la légende veut, en effet, qu'une erreur de typographie ait transformé Israel Baline en Irving Berlin... à moins qu'il ne s'agisse là d'une « trouvaille » de son agent de publicité.

Ce nom, en tout cas, lui portera bonheur, car il ne cessera désormais de composer, sans prétention superflue : il se dira toujours song maker plutôt que song writer, et il avouera qu'il ne savait pas lire une partition, ni jouer du piano autrement qu'en fa dièse ! Sa carrière est celle d'un self-made-man : dès 1910, il crée lui-même quelques-unes de ses œuvres dans une revue, Up and Down Broadway ; dès l'année suivante, Alexander's Ragtime Band – dont il compose cette fois et les paroles et la musique – va faire le tour du monde. Et le voilà parti pour quelque deux mille chansons, une quinzaine de comédies musicales et soixante-dix revues...

On lui reconnaît un indéniable sens du rythme, et l'habileté d'avoir su tirer parti du ragtime qui faisait fureur pendant les années folles : il appartenait, avec Cole Porter, Jerome Kern, Richard Rogers et George Gershwin au groupe de musiciens baptisé « The Mighty Five ».

Fred Astaire et Ginger Rogers dans <it>Le Danseur du dessus</it> - crédits : John Miehle/ John Kobal Foundation/ Getty Images

Fred Astaire et Ginger Rogers dans Le Danseur du dessus

Irving Berlin saura aussi bien exploiter un filon sentimental illustré par Bing Crosby que trouver des rythmes endiablés pour les Ziegfeld Follies, Ginger Rogers et Fred Astaire (Top Hat), ou les Marx Brothers, pour lesquels il écrira sa première comédie musicale, The Cocoanuts, en 1925.

Son plus grand succès – après la chanson White Christmas – sera sans doute la comédie musicale Annie Get your Gun (Annie du Far West), en 1946, mais son bâton de maréchal, il l'avait à trente ans : il fondait alors sa propre maison d'édition et, dès 1921, faisait construire à New York, de ses propres deniers, son théâtre, pour faire entendre ses œuvres, le Music Box Theatre.

Roi de la Tin Pan Alley – surnom donné à la 28e Rue de New York, spécialisée dans la musique légère –, roi de Broadway, puis roi de Hollywood, Irving Berlin sera assez habile pour ne pas se laisser démoder, et pour faire reprendre et réactualiser par les plus grands jazzmen – Charlie Parker, Benny Goodman, Bill Evans ou Ray Charles – les plus célèbres de ses chansons. Il meurt à New York, le 22 septembre 1989.

— Sylvie FÉVRIER

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Écrit par

  • : licenciée ès lettres françaises, grecques et latines, producteur délégué d'émissions musicales à Radio-France

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Sylvie FÉVRIER. BERLIN IRVING (1888-1989) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Irving Berlin - crédits : George Konig/ Hulton Archive/ Getty Images

Irving Berlin

Fred Astaire et Ginger Rogers dans <it>Le Danseur du dessus</it> - crédits : John Miehle/ John Kobal Foundation/ Getty Images

Fred Astaire et Ginger Rogers dans Le Danseur du dessus

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