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INDE (Le territoire et les hommes) L'économie contemporaine

Capitale

New Delhi

    Unité monétaire

    Roupie (INR)

      Population (estim.) 1 384 380 000 (2024)
        R.N.B. par habitant (USD) 2 380 $ (2022)

          En 1947, année de son indépendance, l'Inde était un des pays les plus avancés du monde non occidental en raison de ses élites modernes, de ses infrastructures, de ses noyaux industriels – développés par des entrepreneurs ambitieux et pugnaces, face aux mesures démobilisatrices voire coercitives de la puissance coloniale britannique –, en raison également des progrès de certaines zones agricoles. En même temps, alors qu’Adam Smith, en 1776, la décrivait comme un pays de cocagne, l’Inde était devenu en 1947 l’un des pays les plus pauvres du globe. Cette « colonie extractive » (on distingue les colonies d’implantation des colonies extractives, organisées par la métropole pour « l’extraction » de leurs ressources) avait connu une baisse nette de son P.I.B. au cours du xixe siècle. De 1901 à 1947, la croissance n’avait été que de 0,1 p. 100 par habitant, taux absolument dramatique pour la population. Enfin, l’Inde restait politiquement morcelée – Londres ne croyait pas à son unité après l’indépendance. À partir de la mutinerie de 1857, ses structures sociales, ses nombreuses identités culturelles, ethniques et religieuses avaient été particulièrement bousculées par l’accélération de la politique du « divise et règne » britannique.

          La nécessité de stabiliser le pays réclamait, à parité avec la volonté de développement économique, une mobilisation des énergies, une structuration du champ politique, ainsi que la recherche d’un compromis entre les divers « modernistes » et « traditionalistes » indiens.

          Le choix du Premier ministre Jawaharlal Nehru – choix confirmé et prolongé après sa mort en 1964 – d’une économie mixte, en partie planifiée, a permis la généralisation géographique de l'accès aux infrastructures, la diffusion de l'industrialisation, et l’élaboration d’une politique sociale remarquable pour un pays traditionnellement inégalitaire. Celle-ci a mis fin aux famines séculaires. Elle a aussi allongé l'espérance de vie, scandaleusement basse en 1947 (27 ans !). Dans le cadre d’un système économique plus libérale mis en place à partir de 1991, la transition démographique s'achève en Inde du Sud à partir de la décennie 2000, même si le Nord (en particulier la zone culturelle de langue hindi ou hindi belt) est en retard. Ces transformations ont contribué à asseoir l'équilibre sociopolitique de la plus grande démocratie du monde.

          Le contexte socio-économique de la naissance de l'État indien ainsi que le « tiers-mondisme » de la période des indépendances – dont l'Inde est alors l'un des fers de lance – expliquent le choix initial d'une politique économique autocentrée et la substitution des productions nationales aux importations, ce qui a donné autant de degrés de liberté pour la politique économique intérieure. Transformation lente, complexe, parfois frustrante, mais massive de 1947 à 1991.

          Si ce modèle a trouvé dans les années 1970 ses limites (débuts de pénurie de type socialiste dans les infrastructures, obsolescence de l'appareil industriel par limitation des importations de biens d'équipement), la période 1947-1980 n'en aura pas moins préparé la suivante – de 1980 à nos jours –, celle de l'essor économique d'une Inde qui affirme aujourd'hui sa place dans le monde. Depuis les galops d’essai de simplification administrative de la décennie 1980 et encore plus à partir de la décennie 1990, l'industrie s'est remise à niveau par rapport à ses concurrents mondiaux et les services ont connu une croissance incomparable. L'Inde dispose aujourd'hui encore (alors que la Chine les perd) des atouts d'un pays à bas coûts, ce qui permet à nombre de ses entreprises de trouver leur place dans l'économie mondiale. Mais avant tout, sa diversité en fait un véritable laboratoire, accélérant par là même ses capacités de rattrapage technologique.[...]

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          Écrit par

          • : professeur honoraire des Instituts universitaires de hautes études internationales et d'études du développement, Genève (Suisse)
          • : chercheur C.N.R.S. au Centre d'économie de l'université Paris Nord

          Classification

          Pour citer cet article

          Gilbert ÉTIENNE et Joël RUET. INDE (Le territoire et les hommes) - L'économie contemporaine [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

          Médias

          Planning familial - crédits : Three Lions/ Hulton Archive/ Getty Images

          Planning familial

          Cueillette du thé en Inde - crédits : Dinodia Photo/ The Image Bank Unreleased/ getty Images

          Cueillette du thé en Inde

          Inde : population active - crédits : Encyclopædia Universalis France

          Inde : population active

          Autres références

          • INDE (Arts et culture) - Les mathématiques

            • Écrit par Agathe KELLER
            • 5 429 mots
            • 3 médias

            On traitera ici des pratiques et pensées mathématiques qui ont eu cours dans le sous-continent indien – en « Asie du Sud », comme on dit communément dans les pays anglo-saxons –, puisque l’aire géographique concernée couvre tout autant l’Inde que le Pakistan, le Bangladesh, le Bhoutan et l’île de Ceylan...

          Voir aussi