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HYDROGÉOLOGIE

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Qualité naturelle

L’eau contient naturellement des particules solides en suspension, minérales ou organiques (matières diverses en suspension totale, levures, champignons, protozoaires, bactéries, virus…), ou des substances chimiques dissoutes (ions, substances organiques, éléments-traces métalliques ou non).

Particules et microbiologie

Si les formations fines (sables fins et silts) jouent un rôle efficace de filtration des particules solides, les aquifères à drains (chenaux graveleux très perméables des aquifères poreux, failles des aquifères fracturés, drains karstiques) laissent passer les matières en suspension minérales (sables, argiles, carbonates) et organiques (humus, bois, micro-organismes). De plus, le temps de séjour de l’eau dans ces milieux à grande perméabilité est plus court que la durée de vie des organismes vivants.

Minéralisation

L’eau souterraine est à la fois un solvant des minéraux et un vecteur des ions mis en solution. Selon l’altérabilité et la solubilité des minéraux de l’aquifère, ainsi que les conditions physico-chimiques du milieu (température, pH, potentiel redox), la minéralisation de l’eau pourra aller de quelques milligrammes à quelques grammes par litre.

Dans l’ordre croissant de solubilité des minéraux, on trouve les silicates, les carbonates, les sulfates et les chlorures. Ainsi, des eaux percolant dans des roches silicatées (granites, gneiss, coulées de lave), altérables lentement en régime météorique, pourront contenir seulement 50 mg/l en solution, mais plus de 1 000 mg/l dans des circuits hydrothermaux à haute température et en présence des fluides acides volcaniques ou hydrothermaux (CO2, SO2).

En milieu calcaire, une eau peut contenir par exemple 250 mg/l d’hydrogénocarbonates et 80 mg/l de calcium, grâce à la dissolution du CO2 produit par l’activité biologique du sol. Par simple dissolution, en milieu gypseux, 1 200 mg/l de sulfates et 500 mg/l de calcium et, en milieu salin, 150 000 mg/l de chlorures et 100 000 mg/l de sodium peuvent se maintenir en solution.

Outre la lithologie et les paramètres du milieu, les principaux facteurs de la minéralisation sont le temps de séjour dans l’aquifère et les mélanges entre composants. Dans les milieux carbonatés, par exemple, la cinétique d’acquisition du magnésium par dissolution incongruente en fait un bon indicateur relatif du temps passé par l’eau au contact de la roche. Dans des milieux argileux, les ions divalents (calcium, puis magnésium) sont échangés contre des monovalents plus labiles (sodium) au cours du temps. L’évolution spatiale du contenu minéral en solution reflète donc son histoire dans le réservoir.

Isotopes

La molécule d’eau elle-même et ses ions en solution sont constitués de différentes variétés isotopiques utilisables en hydrogéologie. Les isotopes stables de l’eau (oxygène 18 et deutérium) sont thermo-dépendants ; ils permettent donc de déterminer les conditions de la recharge : altitude de l’impluvium et saison, évaporation et éventuellement paléoclimat. D’autres traceurs (gaz rares) permettent de valider. Les isotopes radioactifs sont utilisés pour dater la recharge : tritium pour les cinq dernières décennies, carbone 14 pour les trente derniers millénaires, chlore 36 pour les trois dernières centaines de milliers d’années. Les dernières décennies peuvent également être étudiées par le biais des polluants atmosphériques (chlorofluorocarbures : CFC, hexafluorure de soufre : SF6), dont la teneur dans l’air est bien connue.

Parmi les solutés, la teneur relative en carbone 13 renseigne sur l’interaction entre le CO2 (pédogénique ou profond) et la roche, la teneur relative en soufre 34 sur l’origine pyriteuse ou évaporitique du soufre, celle en azote 15 détermine l’origine urbaine ou agricole (élevage) de l’azote, celle en strontium 87 sur son origine carbonatée ou évaporitique ou[...]

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Classification

Pour citer cet article

Jacques MUDRY. HYDROGÉOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Médias

Khettara, système traditionnel de collectage des eaux souterraines au Maroc - crédits : J. Mudry

Khettara, système traditionnel de collectage des eaux souterraines au Maroc

Vitesse d’infiltration de l’eau dans le sol - crédits : Encyclopædia Universalis France

Vitesse d’infiltration de l’eau dans le sol

Loi de Darcy - crédits : Encyclopædia Universalis France

Loi de Darcy

Autres références

  • CÉMENTATION ZONE DE

    • Écrit par
    • 396 mots

    Dans le schéma général de la circulation des eaux en terrain homogène, on peut distinguer trois zones superposées :

    au-dessus de la surface piézométrique, se trouve la zone d'oxydation, où l'eau, riche en O2 et en CO2, circule facilement et peut ainsi dissoudre les roches ;

    au-dessous...

  • EAUX MINÉRALES & THERMOMINÉRALES

    • Écrit par
    • 1 378 mots
    • 1 média

    Naturelles, les eaux minérales sont des eaux spécifiquement caractérisées par leur teneur en sels dissous, leur température et les gaz qu'elles contiennent. Du fait de leur composition, où interviennent encore des éléments en traces, les eaux minérales ont souvent une action bénéfique du type homéopathique...

  • GÉOCHIMIQUE PROSPECTION

    • Écrit par
    • 5 199 mots
    ...dans les formations éluviales ou de pente actuelles des auréoles résiduelles. Par opposition à celles-ci, les auréoles surimposées, ou « anomalies de fuite », proviennent de la diffusion des éléments chimiques dansles formations superficielles allochtones d'une minéralisation primaire sous-jacente.
  • GÉOTECHNIQUE

    • Écrit par
    • 5 298 mots
    • 4 médias
    ...mécaniques. Pour ces dernières, des sondages économiques destructifs avec enregistrement des paramètres de forage, puis des essais en forage (pressiomètre, pressiomètre autoforeur) ou même des essais in situ par fonçage ou battage depuis la surface (pénétromètre statique ou dynamique, scissomètre) permettent...
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