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HISTOLOGIE

Histophysiologie : la notion de « barrières »

En biologie humaine et en médecine, le concept de barrière s'applique à de nombreux systèmes : barrières cutanée, intestinale, hépatique, glomérulaire, placentaire, thymique, testiculaire, alvéolaire, hémato-encéphalique, etc. Nous ne retiendrons ici que ces deux derniers exemples : la barrière alvéolaire ou barrière air-sang et, surtout, la barrière sang-cerveau ou barrière hémato-encéphalique (BHE).

La barrière air-sang

Barrière alvéolo-capillaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Barrière alvéolo-capillaire

Dans les poumons, l'air est au contact des mailles d'une sorte de dentelle tissulaire. Il pénètre dans des cavités, alvéoles pulmonaires revêtues par un épithélium simple reposant sur sa membrane basale (fig. 1) et comportant chez l'homme deux types de cellules, les pneumocytes I et II. Les pneumocytes de type I sont les moins nombreux, mais assurent le revêtement de 95 p. 100 de la surface épithéliale alvéolaire. Leur cytoplasme très aplati, de 0,2 à 0,3 μm d'épaisseur, forme une sorte de voile pétaloïde étendu à partir de la région plus épaisse où siège le noyau. Les pneumocytes de type II, de forme parallélépipédique, sécrètent le surfactant qui s'étale à la surface des alvéoles où il forme un mince film de matériel tensio-actif fait de phospholipides et d'apoprotéines. Pneumocytes I et II sont rendus jointifs par des jonctions serrées. Les aquaporines sont une famille de glycoprotéines transmembranaires qui assurent le rôle de canaux hydriques, permettant le passage rapide d'eau à travers la membrane plasmique de nombreuses cellules. L'aquaporine AQP1 joue un rôle important dans l'humidification du film de revêtement alvéolaire.

Les capillaires sanguins forment un très riche réseau situé dans les cloisons interalvéolaires. Ce sont des capillaires continus non fenêtrés entourés d'une membrane basale continue (avec présence de péricytes). Les jonctions, bien que serrées, sont moins imperméables que celles de l'épithélium.

Les échanges gazeux (O2 et CO2) entre l'air et le sang se font par diffusion à travers la barrière alvéolo-capillaire faite de l'adossement du cytoplasme des pneumocytes de type I, des membranes basales épithéliales et endothéliales pouvant fusionner, puis du cytoplasme des cellules endothéliales des capillaires pulmonaires. L'ensemble de la barrière air-sang a une épaisseur de l'ordre de 0,5 μm.

La barrière sang-cerveau

Rappelons tout d'abord que chez les vertébrés, donc chez l'homme, les centres nerveux sont abrités dans une carapace osseuse craniovertébrale, à l'intérieur de laquelle ils sont baignés par un liquide appelé céphalorachidien (LCR). Celui-ci occupe les cavités internes que recèlent les centres nerveux (ventricules cérébraux et canal de l'épendyme, réunis par l'aqueduc de Sylvius) et il remplit l'espace méningé qui enveloppe les centres nerveux et les sépare de la paroi squelettique, crânienne et vertébrale, dont ils sont entourés. Le liquide céphalorachidien, incolore et limpide, n'a pas la composition du sang.

Dans ce contexte, le cerveau, organe précieux mais très fragile, est protégé des fluctuations normales ou pathologiques dans la composition du sang par un système de barrières, globalement connu sous le nom de BHE, c'est-à-dire barrière hémato-encéphalique. En réalité, il ne s'agit pas d'une mais de trois barrières qui agissent de façon coordonnée et qui se situent respectivement entre le sang et le cerveau, le LCR et le cerveau, le sang et le LCR. Ces barrières délimitent trois compartiments séparés mais entre lesquels s'effectuent en permanence de nombreux échanges : d'abord, le compartiment vasculaire (contenant le sang), ensuite, le compartiment liquidien, représenté par le LCR, enfin, le compartiment parenchymateux, c'est-à-dire le tissu nerveux lui-même. La BHE est absente au[...]

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Écrit par

  • : doctorante
  • : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et Marie-Curie, docteur d'État en sciences naturelles, directeur du Laboratoire de cytologie et morphogenèse végétale
  • : docteur, maître de conférences
  • : professeur des Universités, praticien hospitalier

Classification

Pour citer cet article

Élodie BOUCHERON, Dominique CHRIQUI, Anne GUIVARC'H et Jacques POIRIER. HISTOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Barrière alvéolo-capillaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Barrière alvéolo-capillaire

Barrière sang-tissu cérébral - crédits : Encyclopædia Universalis France

Barrière sang-tissu cérébral

Cytosquelette sous-sarcolemmique de la cellule musculaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cytosquelette sous-sarcolemmique de la cellule musculaire

Autres références

  • CHYTRIDIOMYCOSE

    • Écrit par Claude MIAUD
    • 3 346 mots
    • 4 médias
    ...responsables de cette maladie. Les signes cliniques observés ne sont pas spécifiques de la chytridiomycose et ils permettent seulement de la suspecter. Le diagnostic doit être validé par l’analyse microscopique de la structure du tissu (analyse dite histologique) épidermique (afin d'y déceler la présence...
  • HENLE FRIEDRICH GUSTAV JACOB (1809-1885)

    • Écrit par Universalis
    • 339 mots

    Pathologiste allemand, né le 19 juillet 1809 à Fürth (Bavière), mort le 13 mai 1885 à Göttingen.

    Friedrich Gustav Jacob Henle obtient son diplôme de médecin à l'université de Bonn, où est l'élève du physiologiste allemand Johannes Müller. Il poursuit ses études à l'université...

  • LANGERHANS PAUL (1847-1888)

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 400 mots

    Paul Langerhans, médecin allemand, est né le 25 juillet 1847 à Berlin. Il fait des études de médecine à Iéna et les finit à Berlin, passant sa thèse de doctorat en 1869. À peine diplômé, il voyage au Proche-Orient, revient en Allemagne et est médecin dans une ambulance pendant la guerre franco-prussienne...

  • MALPIGHI MARCELLO (1628-1694)

    • Écrit par Alfredo RIVA, Ettore TOFFOLETTO
    • 926 mots
    • 1 média

    Médecin et biologiste italien né le 10 mars 1628 à Crevalcore, près de Bologne (États pontificaux), mort le 30 novembre 1694 à Rome.

    Marcello Malpighi entre en 1646 à l'université de Bologne dont il est docteur en médecine et en philosophie en 1653. Nommé enseignant dans son alma mater...

  • Afficher les 11 références

Voir aussi