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KLINT HILMA AF (1862-1944)

Née le 26 octobre 1862 au château de Karlberg, près de Stockholm, Hilma af Klint tient une place particulière non seulement dans l’histoire de l’art, mais aussi dans celle de la réévaluation qui touche les artistes femmes et leur œuvre.

Elle étudie notamment à l’Académie royale des beaux-arts de Stockholm (1882-1887) – une des premières écoles d’art publiques à accepter les femmes –, avant de s’établir comme peintre professionnelle. Pendant une vingtaine d’années, elle réalise des œuvres de facture naturaliste (paysages, portraits, etc.), expose régulièrement et voyage en Europe. Parallèlement, elle fréquente les cercles médiumniques qui, en cette fin du xixe siècle, connaissent un grand succès, notamment auprès des femmes pour lesquelles ils représentent un espace de liberté et un moyen d’émancipation. En 1896, Klint rejoint la Edelweissförbundet (« société de l’Edelweiss »), une association œcuménique au sein de laquelle elle cofonde, avec quatre autres artistes femmes, De Fem (« Les Cinq »). Chaque semaine, le groupe se réunit pour des séances de spiritisme, consignées dans des carnets qui mêlent textes et dessins automatiques témoignant de l’entrée en contact avec « les esprits supérieurs ». En 1904, Klint adhère à la Société théosophique, organisation internationale favorable à l’étude de l’ésotérisme selon une approche syncrétique. Cela constitue pour l’artiste un apport spirituel et théorique essentiel. Elle est particulièrement sensible à la pensée de l’occultiste Rudolf Steiner (1861-1925), lui aussi membre de la Société théosophique, puis fondateur de la Société anthroposophique universelle.

Lors d’une séance de spiritisme en 1906, celui que les Cinq appellent de l’esprit Amaliel aurait demandé à Hilma af Klint de réaliser un cycle pictural. Les Peintures pour le temple – 193 œuvres exécutées entre 1906 et 1908, puis entre 1912 et 1915 – sont réparties en séries, telles que Chaos primordial, Éros, Les Dix Plus Grands, L’Évolution, L’Arbre de la connaissance, Le Cygne, etc. Ces œuvres, souvent de grande dimension (pour la plupart des peintures à l'huile), se caractérisent par une iconographie généralement non figurative et une palette très colorée. Les rapports de formes, géométriques ou organiques, et de tons font écho aux grands principes théosophiques que sont l’harmonie et l’unicité du monde, par-delà, notamment, le masculin et le féminin, le visible et l’invisible. Les symboles sont nombreux dans l’œuvre spirite d’af Klint, à l’exemple du triangle, qui traduit une énergie ascendante, de l’étoile à six branches, qui représente l’Univers, ou la spirale, l’évolution.

Après l’achèvement en 1915 des Peinturespour le temple, l’artiste poursuit ses recherches avec de nouvelles séries de peintures d’inspiration métaphysique mais aussi scientifique (L’Atome, Série II, etc.) et travaille beaucoup à l’aquarelle. Sous l’influence de Steiner, elle délaisse la géométrisation des formes. Elle rédige un très long texte intitulé Études sur la vie de l’âme (1917-1918) dans lequel elle détaille son approche de la spiritualité. En 1920, elle devient membre de la Société anthroposophique universelle, réaffirmant son intérêt pour les idées de Steiner, et effectue un premier séjour à Dornach (Suisse) où se trouve le Goetheanum, siège de la société. Elle y retournera à huit reprises et offrira à l’institution plusieurs de ses œuvres et de ses carnets. Dans les années 1930, af Klint dessine un projet d’édifice sacré pour accueillir ses toiles et peint les « formes-pensées » des esprits qui l’accompagnent depuis plusieurs décennies. Au cours de conférences à la Société anthroposophique de Stockholm (1937), elle encourage ses membres à faire usage de ses peintures. Elle meurt le 21 octobre1944 des suites d’un accident de tramway.[...]

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Écrit par

  • : docteure en histoire de l'art contemporain, historienne de l'art, auteure

Classification

Pour citer cet article

Camille VIÉVILLE. KLINT HILMA AF (1862-1944) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • TRACES DU SACRÉ (exposition)

    • Écrit par Bénédicte RAMADE
    • 1 176 mots

    L'exposition Traces du sacré, qui s'est tenue au Centre Georges-Pompidou à Paris du 7 mai au 11 août 2008, se veut une célébration transdisciplinaire et résolument intellectuelle. L'événement s'efforçait de combler une lacune très française : l'absence d'...

Voir aussi