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PURCELL HENRY (env. 1659-1695)

Après les dix années de « morne silence » du gouvernement de Cromwell, la restauration des Stuarts, en 1660, avec le roi Charles II, stimula de nouveau la vie artistique en Angleterre. Malgré le cosmopolitisme de la cour entretenu par les nombreux musiciens étrangers appelés par le roi, c'est à ce moment que la musique anglaise trouva son représentant le plus glorieux et le plus typiquement national, avec Purcell dont le seul nom résume toute l'histoire de la musique de ce pays dans la seconde moitié du xviie siècle. Son œuvre est d'une si incomparable qualité que, dans tous les domaines, opéra, musique de scène, cantates, musique de clavier ou musique de chambre, il a éclipsé tout ce que ses contemporains ont pu composer dans ces mêmes genres. Ouvert aux influences françaises et italiennes en même temps que profondément enraciné dans les traditions nationales, il a su tirer de ces éléments opposés la plus heureuse « synthèse musicale ». Si, de son vivant déjà, la valeur de son œuvre a été reconnue et si, trois ans à peine après sa mort, il était consacré Orpheus Britannicus par son éditeur Henry Playford qui, en 1698, rassembla ses plus beaux airs en un recueil commémoratif, il n'est pas aussi connu de nos jours qu'on pourrait le supposer, car, même en Angleterre, nombre de ses œuvres n'ont encore jamais été exécutées. Il est vrai que l'édition de l'œuvre complète n'a été achevée qu'en 1968 par la Purcell Society. Il est vrai aussi que certaines des œuvres de Purcell dont les paroles datent terriblement seraient difficilement acceptées aujourd'hui ; en effet, il fut, par la force des choses, un musicien très « engagé », et dans ce que la vie officielle de son temps avait de plus banalement conformiste, et dans ce que la mode imposait alors à un compositeur de cour. Fort heureusement, il a su le plus souvent triompher de ces impératifs stérilisants.

Au service de l'Église et du roi

Henry Purcell - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Henry Purcell

Si l'on sait que Henry Purcell naquit à Londres, on n'est pas tout à fait sûr de l'identité de son père, bien qu'on tende maintenant à en faire le fils de Thomas Purcell († 1682) qui était gentleman de la chapelle royale et chef de l'orchestre royal. On sait aussi qu'il se maria en 1681 avec une certaine Frances dont il eut six enfants, et enfin qu'il mourut à Londres et fut enterré à Westminster après des funérailles solennelles.

On connaît mieux sa vie professionnelle, tout entière consacrée au service de l'Église et du roi. Purcell entra très jeune dans les rangs de cette cohorte des musiciens de cour qu'il ne quitta jamais. C'est à dix ou onze ans, en effet, qu'il est admis comme choriste à la chapelle royale par le captainHenry Cooke, qui chantait selon le style italien, puis, en 1673, par son successeur Pelham Humphrey, qui avait rapporté de son séjour sur le continent le goût de la musique instrumentale et de l'opéra de style baroque. Après la mue de sa voix, Purcell quitte le chœur, mais reste cependant à la chapelle royale au titre de conservateur, réparateur et accordeur de tous les instruments à vent de Sa Majesté, puis, l'année suivante, comme accordeur des orgues de l'abbaye de Westminster où l'organiste, le célèbre compositeur John Blow, devient à la fois son maître et son ami. Dès 1677, il est nommé compositeur des Violons du roi, ensemble que Charles II avait constitué à l'exemple des Vingt-Quatre Violons de Louis XIV. Enfin, en 1679, il succède à Blow à l'orgue de Westminster et, en 1682, il est l'un des organistes de la chapelle royale, chargé en outre de l'entretien des orgues et clavecins du roi, fonctions qu'il occupera jusqu'à sa mort.

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Pour citer cet article

Nanie BRIDGMAN. PURCELL HENRY (env. 1659-1695) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>The Indian Queen</em>, opéra d'H. Purcell, mise en scène de Peter Sellars - crédits : Robbie Jack/ Corbis/ Getty Images

The Indian Queen, opéra d'H. Purcell, mise en scène de Peter Sellars

Henry Purcell - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Henry Purcell

<it>Henry Purcell</it>, J. Closterman - crédits : Courtesy of The National Portrait Gallery, London

Henry Purcell, J. Closterman

Autres références

  • DIDON ET ÉNÉE (H. Purcell)

    • Écrit par Christian MERLIN
    • 207 mots
    • 1 média

    Pour un peu, l'Angleterre du xviie siècle n'aurait pas eu son opéra ! Ce n'est pas, il est vrai, dans le contexte puritain institué par Cromwell que l'activité théâtrale pouvait se développer. C'est seulement lors de la réouverture des théâtres, en 1660, que s'affichent de nouvelles recherches...

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Musique

    • Écrit par Universalis, Jacques MICHON
    • 6 879 mots
    • 8 médias
    La Restauration de Charles II, en 1660, a pour effet un regain d'activité artistique à Londres. La Chapelle royale est reconstituée, la vie musicale renaît, stimulée par le modèle qu'avait trouvé le roi à la cour de Louis XIV pendant son exil ; grâce aussi à l'apparition de quelques talents authentiques...
  • ANTHEM, musique

    • Écrit par Edith WEBER
    • 586 mots

    Du vieil anglais anteifn, du grec et du latin antifona, de l'espagnol et de l'italien antifona, l'anthem, forme de musique religieuse anglicane, est une paraphrase libre (et non une traduction littérale anglaise) de textes bibliques (psaumes de David, en particulier), chantée pendant...

  • BLOW JOHN (1649-1708)

    • Écrit par Jacques MICHON
    • 557 mots

    Pour la postérité, le nom de John Blow est lié à celui de Henry Purcell, dont il a été à la fois le maître et l'ami, et à la mémoire duquel il a dédié une de ses plus nobles compositions, Ode on the Death of Mr. Henry Purcell (1696). On peut aussi penser que la seule œuvre qu'il ait...

  • CLAVECIN

    • Écrit par Josiane BRAN-RICCI, Robert VEYRON-LACROIX
    • 4 766 mots
    • 4 médias
    ...et lui céda sa charge pour la reprendre après la mort de celui-ci, mort qui le frappa beaucoup et lui inspira une Ode d'une très grande beauté. Enfin, Henri Purcell (1659-1695), sans nul doute le plus grand musicien de l'Angleterre, doit certainement beaucoup à l'école française, dont il emprunte...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi