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GUO XIANG[KOUO HIANG](mort en 312)

Philosophe chinois de l'école Xuanxue, Guo Xiang est connu pour le commentaire du Zhuangzi qui porte son nom. La question de savoir si ce commentaire a réellement été écrit par lui ou s'il est l'œuvre de Xiang Xiu (221 env.-300) a été beaucoup discutée depuis l'époque de sa parution jusqu'à nos jours. En définitive, il semble que le commentaire actuel soit, en effet, de Guo Xiang, mais que ce dernier ait fait usage, dans une très large mesure, de celui de Xian Xiu, maintenant perdu.

Xian Xiu est l'un des Sept Sages de la forêt de Bambous, groupe d'hommes de lettres excentriques épris de « causeries pures » (qingtan). Il était un fervent taoïste et la version originale de son travail devait être bien plus proche de la pensée du grand penseur antique que l'adaptation qu'en fit Guo Xiang. Cette dernière paraît être, en effet, une réaction contre les théories de liberté personnelle et d'anarchie gouvernementale de philosophes tels que Yuan Ji ou Xi Kang.

La pensée de Guo Xiang est essentiellement centrée sur l'Être (you) dans la création, en opposition avec le commentaire du Laozi par Wang Bi, qui prône la priorité du Non-Être (wu) comme étant l'origine de toute chose. Pour Guo Xiang, le wu est un pur Néant, incapable de produire quoi que ce soit. Les êtres, au contraire, se développent d'eux-mêmes, sous l'influence du Dao, il est vrai, mais chacun selon sa destinée propre (benfen). Les êtres individuels ne s'influencent guère les uns les autres. Chacun est mû par sa seule nature (duhua). Mais la somme de toutes les destinées (fen, littéralement « parts ») est le Dao, lequel est en même temps la causalité absolue qui se traduit dans l'évolution de chaque partie. Le sage se conforme donc, à chaque instant, aux nécessités de sa propre destinée et à celles de son temps. Vouloir maintenir des idées morales fixes ou avoir des ambitions au-delà de son sort sont autant d'entraves à la voie spontanée. Cette voie spontanée n'est pas un dao immatériel, vide et distinct de la création, mais une force immanente, omniprésente dans le Ciel et la Terre et non distincte des êtres. Dans le monde, il ne faut pas se retirer, refuser le service de l'État et s'abandonner à la mystique ; au contraire, chaque être doit vivre strictement selon ses capacités naturelles et réaliser sa destinée propre. Dans l'application politique et sociale de la pensée de Guo Xiang transparaît clairement l'arrière-plan de la nouvelle société féodale issue de la débâcle de l'Empire des Han.

— Kristofer SCHIPPER

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

Classification

Pour citer cet article

Kristofer SCHIPPER. GUO XIANG [KOUO HIANG] (mort en 312) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • XUANXUE [HIUAN-HIUE]

    • Écrit par Kristofer SCHIPPER
    • 953 mots

    Courant philosophique qui apparut en Chine vers la fin de l'Empire des Han (iie s.), le Xuanxue réagit contre la scolastique confucianiste qui était jusque-là la doctrine officielle. En cherchant à retrouver l'enseignement pur et fondamental des grands penseurs de l'Antiquité, ainsi...

  • ZHUANGZI

    • Écrit par Paul DEMIÉVILLE
    • 2 399 mots
    C'est au cours du iiie siècle de notre ère qu'apparurent les premiers commentaires du Zhuangzi, dont nous est parvenu celui de Guo Xiang, mort vers 313. Ce commentaire est un chef-d'œuvre philosophique et littéraire, mais il faussait complètement la pensée du Zhuangzi en un sens mi-confucianiste...

Voir aussi