Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GUELFES & GIBELINS

Deux factions dont la lutte anima l'histoire de l'Italie aux xiiie et xive siècles. Leur origine toutefois se situe en Germanie. Guelf (Welf) est le nom de famille des ducs de Bavière dont la puissance féodale est hostile à la maison impériale des Hohenstaufen. Gibelin (Waiblingen, château des Hohenstaufen) est le cri de guerre des impériaux. L'antagonisme se développe lors des luttes pour la succession impériale, dans le cadre de la querelle des Investitures et du conflit entre la monarchie et le particularisme féodal. Les tenants des Hohenstaufen sont fidèles aux traditions de l'Empire germanique et hostiles à la suprématie pontificale, les guelfes sont favorables à un accord avec la papauté par hostilité aux Hohenstaufen. Avec Frédéric Ier Barberousse, le conflit entre le pape et l'empereur se confond avec la lutte entre celui-ci et les communes lombardes. Les antagonismes germaniques sont transférés en Italie.

Quand ils y apparaissent vers 1240, les deux mots sont une étiquette recouvrant une réalité mouvante. En apparence, sont gibelins ceux qui prônent le maintien de bonnes relations avec Frédéric II, alors que les guelfes sont anti-impérialistes. Des querelles locales, des conflits d'intérêts entre groupes familiaux ou entre cités rivales, des attitudes religieuses divergentes déterminent en réalité le partage des nobles en deux camps opposés. Des villes oscillent d'un parti à l'autre, mais Pise et Sienne penchent pour l'empereur, puisque Florence tient pour le pape et Charles d'Anjou qui, pour chasser d'Italie les Hohenstaufen, a besoin de l'argent florentin. Après la mort de Conradin, le dernier des Hohenstaufen, tué par Charles VI d'Anjou en 1268, le sens des deux mots s'affaiblit : le guelfisme n'est plus qu'un vague système d'alliances appuyant la cause angevine et, à l'intérieur des communes, il justifie une oligarchie conservatrice favorable au maintien du statu quo. Le gibelinisme, hostile aux Angevins, ne se ravive que lors des interventions impériales en Italie (Henri VII et Louis IV) qui alimentent la nostalgie de Dante dans son De monarchia (1311 env.).

— Michel BALARD

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Michel BALARD. GUELFES & GIBELINS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALBERTI LES

    • Écrit par Gérard RIPPE
    • 310 mots

    Famille florentine. Aux alentours de 1200, un certain Rustico Alberti, issu des seigneurs de Catenaìa, dans le Casentino, s'établit à Florence et y exerce la profession de juge. Liés au parti guelfe, les Alberti se rangent, au cours des luttes civiles du début du xive siècle, du côté des...

  • ALBIZZI LES

    • Écrit par Gérard RIPPE
    • 310 mots

    Famille florentine. Originaires d'Arezzo, les Albizzi sont inscrits à l'Arte della Lana, l'une des plus importantes corporations marchandes de Florence, dès le début du xiiie siècle ; très fréquemment, on les trouve occupant les plus hautes fonctions au gouvernement de la ville...

  • DANTE ALIGHIERI (1265-1321)

    • Écrit par Paul RENUCCI
    • 5 410 mots
    • 2 médias
    ...Deux ans plus tard étaient frappés les premiers florins d'or, qui allaient devenir bientôt, et pour trois siècles, les « dollars » de l'Europe marchande. Les conflits entre les guelfes, acquis à l'autorité temporelle des papes, et les gibelins, défenseurs de la primauté politique des empereurs, tournaient...
  • FLORENCE RÉPUBLIQUE DE

    • Écrit par Charles-Marie de LA RONCIÈRE
    • 4 485 mots
    • 3 médias
    ...impériale en Italie est le plus marqué. Certes, il s'est formé, dès 1216, à l'occasion d'une vendetta entre deux familles des bords de l'Arno, un parti dit «   gibelin », fort du soutien de l'empereur, qui a fini par regrouper tous les partisans italiens de l'empire. Mais les succès des gibelins à Florence sont...
  • Afficher les 19 références

Voir aussi