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GRANDVILLE JEAN IGNACE ISIDORE GÉRARD dit (1803-1847)

Dessinateur français. L'œuvre de Grandville se partage entre des planches satiriques et des illustrations bizarres, que Baudelaire comparait à un « appartement où le désordre serait systématiquement organisé ». Les premières, dont beaucoup furent publiées dans La Caricature de Philipon, sont des charges de contemporains ou de violentes attaques contre la politique de la monarchie de Juillet. La partie illustrative de son œuvre est la plus remarquable et elle connaît un regain de faveur depuis que les surréalistes ont découvert en Grandville un de leurs précurseurs. Grandville y reprend des formes de l'iconographie médiévale et maniériste, parfois renouvelées par Callot, puis par Goya, dont il exécuta des copies. Il s'agit essentiellement d'« hybrides », de mélanges entre les êtres humains, les animaux et les plantes. L'effet en est à la fois troublant et fantasque. Le grand modèle est évidemment La Fontaine, dont Grandville illustra les Fables dans l'édition Fournier et Perrotin de 1838, avec un succès immense. Il donna les chefs-d'œuvre du genre dans plusieurs livres illustrés qui comptent parmi les trésors de l'art romantique français dans ses aspects mineurs (Voyages de Gulliver, 1838 ; Scènes de la vie privée et publique des animaux, 1842 ; Les Fleurs animées, 1847). D'une fantaisie moins innocente est Un autre monde (1844), dont les images, qui se déroulent suivant la logique absurde des associations d'idées, substituent, dans leur écriture grêle, un complément délicatement humoristique aux grandes expériences romantiques sur le rêve.

— Pierre GEORGEL

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Classification

Pour citer cet article

Pierre GEORGEL. GRANDVILLE JEAN IGNACE ISIDORE GÉRARD dit (1803-1847) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GRAVEURS SUR BOIS ROMANTIQUES

    • Écrit par Ségolène LE MEN
    • 962 mots
    • 1 média

    La gravure sur bois de bout a été importée en France par un graveur anglais, Charles Thompson. Appelé par Ambroise Firmin Didot en 1817, il forma un atelier avec des compatriotes et, peu à peu, des disciples français, et suscita rapidement une émulation sur place avec des graveurs concurrents,...

  • ILLUSTRATION

    • Écrit par Ségolène LE MEN, Constance MORÉTEAU
    • 9 135 mots
    • 11 médias
    ...effet de « suspense » inhérent au feuilleton et analogue à la formule « à suivre au prochain numéro ». La coupure du feuilleton avait été figurée par Grandville en 1846 au moyen d'une vignette horrifique, prémonitoire de ce type d'images ; c'est une tête coupée que brandit aux yeux du lecteur une main...
  • LIVRE

    • Écrit par Jacques-Alexandre BRETON, Henri-Jean MARTIN, Jean TOULET
    • 26 610 mots
    • 3 médias
    ...perçoivent mieux dans son illustration du Père Goriot et surtout dans celles, également gravées sur bois, de la Némésis médicale de F. Fabre (1840). Grandville fit figure d'isolé jusqu'à ce que les surréalistes l'annexent parmi les ancêtres de leur groupe. Son imagination insolite crée un univers étrange...
  • MONSTRES, esthétique

    • Écrit par Gilbert LASCAULT
    • 3 485 mots
    • 2 médias
    ...La production du monstre constitue d'abord un jeu savant, de type combinatoire, guidé par une volonté de perpétuel renouvellement. Au xixe siècle, Grandville, un des plus grands dessinateurs fantastiques, décrit ainsi son travail de fabricateur de monstres : « J'ai imaginé quoi ? Des monstruosités...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi