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GOMAR ou GOMARUS FRANÇOIS (1563-1641)

Théologien réformé des Pays-Bas qui formula, contre les arminiens, une doctrine très stricte de la prédestination et rédigea de nombreux écrits dogmatiques et exégétiques. Né à Bruges, Gomar ou Gommer, dit Gomarus, rencontra, au cours de ses études, plusieurs éminents professeurs : à Strasbourg (1577-1580), J. Sturm ; à Neustadt, F. Junius, Z. Ursinus et H. Zanchi ; à Oxford et Cambridge (1582-1585), J. Reinold et G. Whitaken ; à Heidelberg (1585), J. Grynaeus. Nommé, en 1586, prédicateur dans la communauté des réformés hollandais de Francfort-sur-le-Main (1586), il y épousa Emerentia Muysenhol (1588). Sa vie familiale fut marquée par de nombreux deuils (de ses trois mariages — le deuxième avec Maria l'Hermite, le troisième avec Anne-Marie de Lannoy — une seule fille survécut), à l'image même de sa carrière de théologien jalonnée par plusieurs ruptures successives. Reçu docteur en théologie à Heidelberg en 1594, il fut aussitôt nommé professeur à Leyde (sa leçon inaugurale était intitulée De foedere Dei).

Gomar écrivit très vite un premier traité sur le problème de la prédestination ; il y prenait à partie les sociniens, ainsi que les autorités civiles et ecclésiastiques. En 1603, Arminius étant nommé à Leyde, le conflit entre les deux hommes dépasse le cadre universitaire et commence à diviser les Églises des Provinces-Unies suivant les clivages politiques et sociaux. Soutenus par Maurice de Nassau, Gomar et les « gomaristes » trouvent en face d'eux Arminius — gagné aux idées d'Acontius et de Cornheert, alors qu'il se prépare à dénoncer Coolhaes —, mais aussi les théologiens C. Vorstius (1569-1622) et Episcopius (1583-1643), le pasteur J. Vitenbogaerd (1557-1644), le juriste H. Grotius (1583-1648) et le négociateur de la trêve de Douze Ans (1609-1621), Oldenbarnevelt, soutenus par de nombreuses villes et provinces. Gomar, plus rationaliste que Théodore de Bèze à Genève et que Zanchi à Heidelberg, défend, sur le chapitre de la prédestination, la thèse « supralapsaire » : Dieu a créé les hommes à son image, libres ; mais avant la « chute », qu'il permet, il décide de sauver quelques élus par l'œuvre de Jésus-Christ, qui n'est donc pas le sauveur de toute l'humanité. Majesté, liberté, gloire divines sont ainsi placées au premier plan, au détriment du libre arbitre humain. Le débat ayant pris une grande ampleur, Gomar et Arminius finissent par se rencontrer à deux reprises en 1608 et 1609, mais sans parvenir à s'accorder.

Après la mort d'Arminius, en octobre 1609, « remontrants » libéraux et « contre-remontrants » s'affrontent encore plus âprement (1610-1611). La nomination à Leyde de C. Vorstius étant envisagée, Gomar part pour Middleburg, où il est pasteur et enseignant (1611) ; puis il se rend à l'académie protestante de Saumur (1615), dont il est nommé recteur en 1517. Il gagne Groningue en 1618 et participe au Synode de Dordrecht 1618-mai 1619) : en présence de nombreux délégués des Provinces-Unies et d'autres pays touchés par les réformes protestantes (à l'exception des Français, empêchés), les thèses arminiennes, exposées une dernière fois par Episcopius, sont condamnées. Mais, bien qu'ils ne les condamnent pas, les canons de Dordrecht ne font pas vraiment droit aux thèses « supralapsaires ». Ils affirment que la prédestination est intervenue du fait de la chute (thèse « infralapsaire »), mais qu'elle est au centre (ce qui peut satisfaire Gomar) des rapports entre Dieu et ses créatures, comme une décision immuable et indépendante de la prescience divine. Ces canons préparent la rédaction, en 1625, de la Synopsis purioris theologiae. Par la suite Gomar, plusieurs fois recteur de Groningue (entre 1618 et 1635) poursuit ses travaux : révision de la traduction de la[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté protestante de théologie de Strasbourg

Classification

Pour citer cet article

Bernard ROUSSEL. GOMAR ou GOMARUS FRANÇOIS (1563-1641) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ARMINIANISME

    • Écrit par Jean BAUBÉROT
    • 860 mots
    ...affirmaient-ils, pour tous ceux qui s'approprient ses mérites par la foi ; la grâce est absolument indispensable, elle n'est pas irrésistible. » L'année suivante, les « gomaristes », soutenus par le peuple des campagnes et le stadhouder Maurice d'Orange-Nasseau, soumirent aux États une « Contre-Remonstrance...
  • ARMINIUS JACOB HARMESZOON dit JACOBUS (1560-1609)

    • Écrit par Universalis
    • 519 mots

    Théologien néerlandais et ministre de l'Église réformée des Pays-Bas, Jacob Harmeszoon (Harmensen ou Hermansz), dit Jacobus Arminius, est né le 10 octobre 1560 à Oudewater et mort le 19 octobre 1609 à Leyde. Opposé à la stricte doctrine calviniste de la prédestination, il développe...

Voir aussi