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PAPINI GIOVANNI (1881-1956)

Après une enfance pauvre, Giovanni Papini adolescent s'enthousiasma pour une culture littéraire et scientifique animée par l'idéal d'omniscience prôné par le positivisme fin de siècle. Il enseigne, devient journaliste. La lecture de Schopenhauer et de Max Stirner lui suggère une nouvelle vision de l'existence, centrée sur une exaltation solipsiste du moi. Il développe ces idées dans la revue Leonardo qu'il créa à Florence en 1903 et qui se présente comme l'une des premières manifestations du vitalisme, doctrine qui, au cours des années suivantes, jouera un rôle important dans la culture italienne. Soumise aux influences de Stirner, de Bergson, de Blondel, on doit néanmoins accorder à cette revue le mérite d'avoir fait connaître en Italie le pragmatisme, malgré l'interprétation déformante de Papini qui attribuait à W. James ses propres tendances vitalistes.

Ce vitalisme pouvait mener au nationalisme : en 1907, Papini passe au Regno, le journal nationaliste d'Enrico Corradini. De 1906 date Il Crepusculo dei filosofi, un pamphlet qui proclame la mort prochaine et définitive de la philosophie. La même année paraissent les contes fantastiques d'Il Tragico quotidiano, et en 1907 ceux du Pilote aveugle. Toujours en équilibre entre l'imaginaire et le réel, ils traduisent l'écartèlement entre la conscience et la volonté, soulèvent le problème de l'identité et du dédoublement de la personnalité. On y relève les empreintes, souvent malhabiles, de Poe, de Baudelaire, de Maeterlinck, de Dostoïevski. Surréelles, également, mais avec plus d'humour et de fantaisie, sont Les Folies du poète (Pazzie del poeta).

En 1908, au cours d'un séjour à Paris, Papini fréquente Ardengo Soffici, Péguy, Picasso, Gide. À son retour en Italie, il collabore à La Voce, revue florentine dirigée par G. Prezzolini, ce qui ne l'empêche pas de travailler à Un uomo finito (1912), chronique de sa jeunesse. Ici, comme en général chez Papini écrivain et poète, les meilleures pages sont celles où il s'abandonne au goût de la description détaillée et du langage toscan simple et populaire.

L'activité de Papini comme directeur des deux nouvelles revues : L'Anima (en 1911) d'abord, Lacerba ensuite (en 1913), eut une plus forte influence sur la culture de son temps. Par la dernière, Papini joue un rôle important dans la diffusion des idées bellicistes et impérialistes qui prenaient forme au moment de l'entrée en guerre de l'Italie ; il aide aussi à lancer le futurisme, dont le chef, F. T. Marinetti, écrivait lui-même des articles dans la revue. Le futurisme de Papini ne fit d'ailleurs pas long feu : il s'en sépara au terme d'une violente polémique qui l'opposa à Marinetti et à ses fidèles, et tandis qu'il s'adonne à la critique littéraire dans Éreintements (Stroncature, 1916), il écrit les Cento Pagine di poesia (1915) et Opera prima, où l'on retrouve les thèmes presque « crépusculaires » du désir d'une vie simple et la présence, quelquefois, d'une technique cultivant l'analogie et qui dérive de la poésie symboliste française.

La Storia di Cristo parut en 1919 et remporta dans le monde entier un vif succès. Papini a tendance à humaniser le Christ, à le réduire aux dimensions de l'homme moyen : une réduction semblable est opérée à l'égard de Dante (Dante vivo, 1933) et de Michel-Ange (Vita di Michelangelo nella vita del suo tempo, 1949). Néanmoins son Storia di Cristo, plus que par ses aspects philosophiques et théologiques, est attachant par l'impétuosité de son style, la puissance de choc et le baroque du langage.

Des dernières œuvres émergent les ouvrages autobiographiques Il Libro nero. Nuovo diario di Gog (1951) et La Seconda Nascita (1958), les Lettere agli uomini di papa Celestino VI (1946) et[...]

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Sandro BRIOSI. PAPINI GIOVANNI (1881-1956) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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