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ANDA GÉZA (1921-1976)

Pianiste suisse d'origine hongroise, représentant de l'illustre école magyare qui a vu éclore Annie Fischer, György Cziffra, Andor Foldes, György Sebök ou Tamás Vásáry, Géza Anda naît à Budapest le 19 novembre 1921. Sa famille encourage très tôt ses dispositions pour la musique et il entre à l'Académie Franz-Liszt de Budapest, où il suit notamment les cours de Ernst von Dohnányi et de Zoltan Kodály. En 1940, il remporte le prix de piano Franz-Liszt et donne dans la capitale hongroise son premier concert avec orchestre, interprétant le Deuxième Concerto pour piano de Brahms sous la baguette de Willem Mengelberg. Il triomphe à Berlin en 1941 avec l'Orchestre philharmonique de Berlin dirigé par Wilhelm Furtwängler, qui le surnommera le « troubadour du piano ». En 1943, cependant, malgré ses brillants débuts en terre germanique, les événements le poussent à se réfugier en Suisse, dont il adoptera en 1955 la nationalité.

Sa carrière prend son plein essor à la fin des hostilités. Dès 1952, il se produit au festival de Salzbourg ; il y apparaîtra tous les ans jusqu'à sa mort. Son répertoire est d'abord essentiellement virtuose et romantique : Beethoven – dont il enregistrera en 1960, avec Wolfgang Schneiderhan, Pierre Fournier et l'Orchestre radio-symphonique de Berlin sous la direction de Ferenc Fricsay, l'une des plus belles versions discographiques du Triple Concerto pour piano, violon et violoncelle –, Schubert, Schumann Liszt, Chopin et Brahms ; il joue également Tchaïkovski et Rachmaninov. Mais Clara Haskil le remarque et enregistre avec lui en 1956, avec le Philharmonia Orchestra sous la baguette d'Alceo Galliera, la version pour deux pianos du Concerto pour deux claviers en ut majeur BWV 1061 de Jean-Sébastien Bach et le Concerto pour deux pianos en mi bémol majeur K 365 de Mozart. Considéré comme l'héritier spirituel de la grande pianiste suisse d'origine roumaine, Géza Anda va dès lors consacrer une grande partie de son énergie au compositeur autrichien. De 1961 à 1970, il grave la première intégrale de ses concertos pour piano, avec les effectifs allégés de la Camerata Academica du Mozarteum de Salzbourg qu'il dirige lui-même depuis son clavier ; seul avant lui, Edwin Fischer l'avait osé pour un seul d'entre eux, le no 20 K 466. Géza Anda écrit ses propres cadences pour seize des vingt-sept concertos. Par sa conception foncièrement antiromantique, très mesurée et maîtrisée, fougueuse mais réservée, au style lumineux et dépouillé d'où sont bannies la virtuosité gratuite et la sentimentalité, cette intégrale marque un important tournant dans l'interprétation moderne de Mozart et ouvre une voie où s'élanceront, quelques années plus tard, Daniel Barenboïm et Murray Perahia. Autre coup d'éclat qui lui permet de renouer avec ses racines hongroises, l'enregistrement des trois concertos pour piano de Bartók – compositeur qu'il adule – avec l'Orchestre radio-symphonique de Berlin sous la direction idiomatique et inspirée de Ferenc Fricsay (1960-1961), qui est récompensé par un grand prix du disque et reste, encore aujourd'hui, une référence par la rencontre entre la perfection du toucher et l'établissement par Fricsay du climat exact de ces musiques. Bartók marque pour Géza Anda le point extrême de ses incursions dans la musique du xxe siècle.

Géza Anda a mené une intense activité professorale, au Conservatoire de Lucerne (1959-1968), où il succède en 1960 à Edwin Fischer comme responsable des masterclasses de piano, puis à Zurich à partir de 1969. Ce grand styliste meurt dans cette ville le 14 juin 1976.

Sa seconde épouse, Hortense Anda-Bührle, a créé en 1978 à Zurich la fondation Géza-Anda, qui est à l'origine d'une compétition internationale de piano, le Concours Géza-Anda, qui se tient tous les trois[...]

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Pierre BRETON. ANDA GÉZA (1921-1976) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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