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SEBÖK GYÖRGY (1922-1999)

Sans doute parce qu'ils ne consacrent pas la totalité de leur énergie au développement exclusif de leur carrière personnelle, les grands professeurs de piano obtiennent rarement une reconnaissance publique à la hauteur de leur talent d'interprète. Comme quelques autres, le pianiste américain d'origine hongroise György Sebök fut à la fois un pédagogue très recherché et l'un des plus passionnants musiciens de sa génération. Plus que bien d'autres, il aurait mérité une popularité qui s'élargisse au-delà du cercle étroit des connaisseurs.

György Sebök naît à Szeged, en Hongrie, le 2 novembre 1922. Les dons très précoces de cet enfant prodige – il donne son premier récital de piano à onze ans – lui ouvrent à l'âge de seize ans les portes de l'illustre académie Franz-Liszt de Budapest. Il en sortira avec une formation complète – piano, musique de chambre, composition et harmonie – grâce à des maîtres comme György Sándor, Leó Weiner, Arnold Székely, Zoltán Kodály et Paul Weingartner. Entre-temps, c'est un adolescent de quatorze ans qui avait donné son premier concert public avec orchestre dans l'épineux Premier Concerto pour piano de Beethoven, sous la baguette d'un jeune chef de vingt-deux ans qui fera son chemin, Ferenc Fricsay.

Dès 1942, György Sebök se consacre à l'enseignement. Grâce à Georges Enesco, qui l'invite en 1946 pour une tournée de récitals en Roumanie, l'interprète commence à se faire connaître. En 1948, il est nommé professeur au conservatoire Béla-Bartók de Budapest. Après les premiers prix qu'il remporte au concours international de Berlin, en 1951, et au concours Franz-Liszt de Budapest, en 1952, sa renommée franchit les frontières. L'invasion russe de 1956 et la répression qui s'ensuit le chassent – comme György Cziffra et János Starker – de Hongrie. Il s'établit à Paris, où le Conservatoire national supérieur de musique ne daignera cependant pas lui offrir de poste permanent, ne lui concédant que de rares masterclasses. Heureusement, les firmes discographiques, en particulier Erato, moins sourdes au talent, lui permettront d'enregistrer assez abondamment – Liszt, Brahms, Franck, Bartók, Kodály, Martinů, Grieg, Prokofiev... –, soit en solo, soit avec des partenaires comme le violoniste Arthur Grumiaux et le violoncelliste János Starker.

Les États-Unis l'appellent en 1962 pour enseigner à l'École de musique de l'université d'Indiana à Bloomington et il sera naturalisé américain en 1970. György Sebök dirige également des masterclasses à la Hochschule der Kunste de Berlin, au conservatoire Toho de Tōkyō et à Ernen, en Suisse, où il fonde en 1986 un festival de musique de chambre, le Festival der Zukunft (« Festival du futur »). Il meurt à Bloomington le 14 novembre 1999.

Au concert comme au disque, György Sebök montre une technique sans faille qui jamais ne violente l'instrument, une superbe sonorité et une hauteur de pensée musicale rare. Rien dans son jeu ne vise à l'effet. Sviatoslav Richter, qui sut l'inviter à plusieurs reprises à la Grange de Meslay, en Touraine, appréciait en lui l'exigence spirituelle, l'aisance physique et l'absolue probité.

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. SEBÖK GYÖRGY (1922-1999) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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