Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

VARGAS GETÚLIO (1883-1954)

Article modifié le

Getulio Vargas, vers 1930 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Getulio Vargas, vers 1930

Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

Né dans le Rio Grande do Sul d'une famille de fermiers, Vargas entre à l'école militaire de Rio Vardo, mais en est chassé après une révolte des cadets. Il se tourne alors vers le droit. Attiré par le positivisme d'Auguste Comte, il croit déjà à la possibilité d'une politique qui ne soit pas le fruit du hasard. Devenu avocat en 1908, il est bientôt élu député à la Chambre de son État. En 1922, il entre à la Chambre fédérale et y demeure 4 ans. Ministre de l'Économie en 1926, dans le cabinet du président Washington Luiz Pereira de Souza, il devient gouverneur du Rio Grande do Sul en 1928. Il est candidat malheureux à la présidence de la République en 1930 ; ses partisans déclenchent un coup d'État qui triomphe au bout de 21 jours et qui met fin au régime constitutionnel. Devenu chef du gouvernement provisoire, il réprime le soulèvement pauliste qui exigeait le rétablissement de la Constitution (1932). Une Assemblée constituante est cependant convoquée en 1934. Cette Assemblée adopte une Constitution qui renforce les pouvoirs du gouvernement central au détriment de ceux des États, et élit Vargas président pour 4 ans. L'année suivante, celui-ci doit affronter une tentative de coup d'État communiste partie de Rio et qui avorte rapidement. Avec l'appui des forces armées, il dissout, en 1937, le Congrès, suspend les libertés démocratiques et destitue tous les gouverneurs d'États. Une Constitution calquée sur celle des États totalitaires est imposée au pays : jusqu'en 1945, le Brésil vit à l'heure de l'Estado Novo. Durant la Seconde Guerre mondiale, Vargas se range dans le camp des Alliés et, en 1942, le Brésil déclare la guerre aux puissances de l'Axe. Mais le 29 octobre 1945 un pronunciamento renverse Vargas. Bien que réélu sénateur du Rio Grande do Sul immédiatement, il ne réapparaît sur le devant de la scène politique qu'en 1950, année où il est réélu à la présidence grâce au soutien du Parti travailliste brésilien et de la classe ouvrière. Respectant le cadre institutionnel, Vargas porte son effort sur le redressement économique, mais il laisse se développer la corruption dans l'administration et donne prise aux campagnes menées par la droite et orchestrées par un redoutable polémiste, Carlos Lacerda. Une tentative d'assassinat de ce dernier, dans laquelle sont compromis plusieurs membres de l'entourage de Vargas, fournit le prétexte pour exiger la démission du président. À l'aube du 24 août 1954, Vargas se suicide d'une balle au cœur. Le lendemain et pendant deux semaines les masses manifestent dans les principales villes du pays avec une violence sans précédent ; une grève générale est déclenchée à São Paulo.

Getúlio Vargas disparu, le getulisme demeure une donnée fondamentale de la politique brésilienne. Pour une grande part, les conditions du développement brésilien, entre 1929 et 1950, expliquent ses virages à droite — la dictature fasciste — puis à gauche — l'alliance avec les communistes. En effet, par ses répercussions sur le commerce international, la crise de 1929 a entraîné, pour le Brésil, un blocage des importations et accéléré le développement d'une industrie autochtone destinée à pallier la réduction des importations. Socialement émerge alors une nouvelle classe moyenne, mais aussi une bourgeoisie industrielle et un nouveau prolétariat : ces derniers contestent à l'oligarchie terrienne son monopole du pouvoir et de la représentation politique. L'Estado Novo, établi par Vargas en 1937, se donne comme une tentative de compromis entre des intérêts opposés et vise à organiser la complémentarité sociale des classes en présence : la bourgeoisie industrielle associe ses capitaux à ceux des investisseurs propriétaires fonciers ; corrélativement, elle tisse de nouvelles relations avec les travailleurs par le biais d'une législation du travail qui est alors adoptée (sécurité sociale, salaire minimum garanti). Toutefois, Vargas, qui emprunte au fascisme italien une part de sa philosophie et de ses formes d'organisation, encadre ces mêmes travailleurs dans une organisation syndicale rigide et institue un système corporatif que contrôle le gouvernement. Mais la politique sociale de Vargas lui assure le soutien d'une grande part de la classe ouvrière. Jusqu'en 1950, un tel compromis maintiendra la stabilité du pays, et cela malgré l'éviction de Vargas en 1945. Son retour au pouvoir en 1950 reflète la pression des masses exigeant de nouvelles conquêtes sociales : la bourgeoisie, pour briser la résistance des anciennes classes dominantes (propriétaires fonciers), propose un programme d'expansion économique, ouvrant des perspectives d'emploi et d'élévation du niveau de vie à la classe ouvrière et aux classes moyennes des villes ; les directions syndicales, relevant directement du ministère du Travail, permettent au gouvernement d'exercer un contrôle idéologique sur les masses. Mais, en 1950, la situation économique est désastreuse, la marge de manœuvre du « Gaucho », très réduite. Sa politique nationaliste et progressiste aura cependant permis la création, en 1952, de la Banque nationale du développement économique (B.N.D.E.), l'établissement, la même année, du plan Salte (santé, alimentation, transport, énergie), la création d'un Fonds national de l'électrification et la mise en œuvre d'un plan national du réseau routier ; les ressources pétrolières brésiliennes sont nationalisées et le monopole de leur exploitation est confié à la société nationale Petrobras. Ce dirigisme économique se double d'une politique sociale active, conduite par le nouveau ministre du Travail João Goulart (augmentations de 100 p. 100 du salaire minimal, réunion d'un Congrès national de la Sécurité sociale). L'inquiétude naît chez les classes dominantes menacées d'une « République syndicaliste » ; soumis à de furieuses pressions, Goulart doit abandonner son ministère et s'exiler en Uruguay ; Vargas calme alors l'opposition en faisant paraître la loi de Sécurité nationale et en resserrant les liens militaires entre le Brésil et les États-Unis. Le meilleur exemple de cette tentative de conciliation qu'aura constamment menée Vargas est la réforme des changes adoptée en 1953 ; celle-ci ouvrira le Brésil à l'invasion des capitaux extérieurs.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Accédez à l'intégralité de nos articles

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Média

Getulio Vargas, vers 1930 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Getulio Vargas, vers 1930

Autres références

  • AMÉRIQUE LATINE - Rapports entre Églises et États

    • Écrit par
    • 6 743 mots
    • 2 médias
    ...la rupture, plusieurs États d'inspirations idéologiques variées ont retrouvé au xxe siècle une relation mutuellement profitable avec l'Église. Ainsi, l'homme fort du Brésil dans les années 1930, Getúlio Vargas, sut ménager le pouvoir d'influence de l'Église au moment de sa prise de pouvoir....
  • BRÉSIL - La conquête de l'indépendance nationale

    • Écrit par
    • 6 218 mots
    • 4 médias
    ...d'indépendance des villes à l'égard de la « République des coroneis ». Le triomphe des villes explique l'élection en 1930 du riograndenseGetulio Vargas, l'échec de la révolte pauliste contre Vargas en 1932 et le triomphe d'un intégralisme de type fasciste. Le 9 novembre 1937 est proclamé l'Estado...
  • BRÉSIL - Le Brésil contemporain

    • Écrit par et
    • 5 682 mots
    • 5 médias
    Une politique économique tournée vers l'étatisation et appuyée par le syndicalisme officiel metGetulio Vargas, élu à la présidence en 1950, aux prises avec les intérêts liés au capital étranger et avec les libéraux. On pouvait en effet craindre que la mobilisation nationaliste n'engageât le pays...
  • GOULART JOÃO (1918-1976)

    • Écrit par
    • 843 mots

    Douze ans après avoir été chassé du pouvoir par le coup d'État d'avril 1964, l'ancien président du Brésil João Goulart mourait en exil, dans un ranch situé dans la Pampa argentine. Il avait choisi cette demeure parce que la Pampa lui rappelait son pays natal, l'État du Rio Grande do Sul....

Voir aussi