Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

SHAW GEORGE BERNARD (1856-1950)

L'art et l'humour au service de la pensée

Les grands thèmes du théâtre de Shaw : l'art conçu comme didactique et réformateur, le socialisme iconoclaste destiné à détruire les structures présentes et à instaurer une juste démocratie dont les citoyens seront des surhommes, la philosophie de la « force vitale » qui anime la matière et tend vers la création d'espèces supérieures, la religion métabiologique, sorte de mysticisme naturaliste nécessaire à l'homme de demain, tous ces thèmes se trouvent développés et amplifiés dans les importantes et célèbres préfaces aux pièces, véritables essais indépendants, dans lesquelles Shaw précise sa pensée, les pièces apparaissent alors comme de simples illustrations. On peut citer Mieux que Shakespeare ?, Sur les médecins, Épître dédicatoire à A. B. Walkley, Le Demi-Siècle incroyant, L'Avenir du christianisme.

Du point de vue de la technique dramatique, l'apport de Shaw n'est pas moins important. Pour redonner vie au théâtre anglais, il substitue au conflit des passions, devenu banal et conventionnel, un conflit d'idées, tout aussi dramatique, car pour Shaw les pensées sont aussi des passions, passions intellectuelles, certes, mais aussi fortes que les autres. Ces discussions sont portées par un dialogue où l'humour, l'esprit, le paradoxe et la fantaisie sont toujours présents dans une sorte de gaieté intellectuelle. Ces dialogues mettent en lumière les jeux et les rapports entre illusions et réalité. Il faut aussi noter le soin apporté par Shaw à préciser le décor, l'attitude des personnages et leurs réactions dans des indications scéniques très développées.

Il apparaît donc comme un manieur d'idées qui cherche toujours à faire réfléchir sur le bien-fondé des opinions reçues, à rejeter ce qui est caduc ou hypocrite, et à accepter après examen critique de généreuses et bénéfiques nouveautés. Dans sa quête inlassable de la vérité, dans sa lutte pour la dignité de l'homme et dans son génie comique réside sa durable grandeur.

— Jean-Claude AMALRIC

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Montpellier

Classification

Pour citer cet article

Jean-Claude AMALRIC. SHAW GEORGE BERNARD (1856-1950) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

George Bernard Shaw - crédits : Sasha/ Hulton Archive/ Getty Images

George Bernard Shaw

Autres références

  • FABIAN SOCIETY ou SOCIÉTÉ FABIENNE

    • Écrit par Roland MARX
    • 978 mots
    • 1 média

    Les « Fabiens » constituent depuis 1884 le plus célèbre club de pensée socialiste en Angleterre. Gros de quelques centaines de membres dans les années 1890, il en compte 2 462 en 1909, dont plus de la moitié sont des Londoniens. Ce nombre a plus que doublé à notre époque. Depuis sa naissance, on...

  • JEANNE D'ARC (1412-1431)

    • Écrit par Jacques LE GOFF
    • 4 340 mots
    • 3 médias
    ...jusqu'aux travaux historiques sérieux, telle la Jeanne d'Arc d'Henri Wallon (1860). Les voix plus ou moins discordantes sont rares. Bernard Shaw fait de Saint Joan (1923) la première protestante mais ne l'en admire que davantage. Anatole France, dans sa Vie de Jeanne d'Arc (1908),...
  • THINK TANKS

    • Écrit par Keith DIXON
    • 4 211 mots
    ...juste titre cette société toujours existante au Parti travailliste britannique, l'ambition originelle des ses fondateurs, Sidney et Beatrice Webb et George Bernard Shaw, entre autres, était de mener en faveur de la vision fabienne du changement social un travail de conversion intellectuelle auprès de...

Voir aussi