Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MONNET GABRIEL (1921-2010)

Acteur, metteur en scène et directeur de théâtre français, Gabriel Monnet fut, avec Jean Vilar, Hubert Gignoux, Jean Dasté, Roger Planchon, une des grandes figures de la décentralisation théâtrale. Né en 1921 à Montmédy (Meuse), il passe son enfance au Meynard, en Ardèche. Il se destine à l'enseignement lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale. Refusant de rejoindre le S.T.O., il gagne le maquis du Vercors. Les exigences qui seront par la suite les siennes devront beaucoup aux convictions qu'il se forgea alors. Après avoir été nommé en 1946 inspecteur national d'art dramatique, il crée en 1954, dans l'esprit de Dullin et de Copeau, les Nuits théâtrales d'Annecy. C'est à cette occasion qu'il fait la connaissance de Michel Vinaver, auquel il commande sa première pièce, Les Coréens, qu'il lui sera interdit de mettre en scène, ce qui l'amène à démissionner pour rejoindre Jean Dasté à la Comédie de Saint-Étienne. Il restera avec lui de 1957 à 1961. C'est alors qu'il lui est proposé de prendre la direction de la Comédie de Bourges, qui s'installe bientôt dans la Maison de la culture inaugurée en 1963 par André Malraux, ministre de la Culture. En effet, depuis le début des années 1950, et dans la logique de la réflexion conduite pendant la Résistance, une vaste politique de décentralisation a été lancée, qui vise à briser le monopole parisien et à favoriser l'installation dans le pays de lieux de création appuyés par les collectivités locales, afin de faire du théâtre un véritable service public. Parce qu'il rêve lui aussi d'un théâtre capable de montrer « le jeu des relations entre les hommes, entre les mots » et de dialoguer avec toutes les formes artistiques – littérature, peinture, musique –, Gabriel Monnet sera le parfait représentant de cette volonté d'ouverture au plus grand nombre. Il mettra en scène des œuvres de Shakespeare, Molière, Tchekhov, Brecht, mais aussi d'auteurs contemporains tels qu'Arnold Wesker ou encore Edward Bond, comme ce fut le cas à Nice à partir de 1969, avec la fondation du Centre dramatique national. Sa libre parole lui vaudra bien des conflits avec les autorités locales, à Bourges d'abord, mais surtout à Nice où il se heurtera régulièrement au maire de la ville, Jacques Médecin, peu soucieux d'accueillir et de financer un véritable théâtre populaire. Après son départ de Nice, en 1975, Gabriel Monnet va diriger le Centre dramatique des Alpes, à Grenoble. C'est le début d'une fructueuse collaboration avec son cadet, le metteur en scène Georges Lavaudant. Non seulement Monnet l'appuiera dans ses projets, mais il jouera dans nombre de ses spectacles – Maître Puntila et son valet Matti de Brecht, Les Géants de la montagne de Pirandello, Palazzo mentale de Pierre Bourgeade. En 1986, Georges Lavaudant prend la direction du T.N.P. de Villeurbanne. Cette fois, Monnet ne l'accompagne pas et se retire dans sa maison près de Montpellier. Il n'en continue pas moins d'aller par villes et villages pour des lectures en public où il fait partager les œuvres qu'il aime – Dostoïevski, René Char, António Lobo Antunes.

— Universalis

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. MONNET GABRIEL (1921-2010) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Voir aussi