Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FUJIWARA NO TEIKA ou SADAIE (1162-1241)

Poète japonais. Infatigable, en dépit d'une santé toujours chancelante, Teika a laissé une œuvre immense : un journal tenu pendant cinquante-six ans, à partir de sa dix-neuvième année, le Meigetsu-ki ; quelque quatre mille tanka (poèmes de trente et une syllabes), des renga, des poèmes en chinois (dans son journal) ; des traités de poétique ; des copies et commentaires de recueils de poésie et de romans classiques ; quelques romans aussi, œuvres de jeunesse.

Par deux fois, il est appelé à compiler des anthologies officielles. Avec cinq autres poètes, il compose, sur l'ordre de l'empereur Go-Toba, le Nouveau Recueil[de waka] de jadis et de naguère (Shin-kokin [waka] shū), achevé en 1205, qui est tenu aujourd'hui pour le plus important, avec le Kokin-shū, des vingt et un recueils officiels. À l'âge de soixante-quatorze ans, il compose, à lui seul cette fois, le Nouveau Recueil de waka sur ordre impérial (Shin-chokusen-waka-shū, 1235).

De sa correspondance avec le shōgun poète Minamoto no Sanetomo, on retiendra la Tradition orale de la composition poétique (Eiga kuden, 1209), le premier d'une série de traités qui imposeront pour deux siècles au moins ses conceptions sur la poésie.

Les meilleures versions connues, et parfois les plus anciennes qui aient été conservées, de divers grands classiques sont des copies de sa main : c'est le cas en particulier du Kokin-shū, de l'Ise monogatari, du Genji monogatari, dont il a laissé également des commentaires qui font autorité. Des romans qu'il a lui-même composés, un seul nous est parvenu, le Dit de Matsura (Matsura monogatari, vers 1195).

Mais ce qui a sans doute le plus contribué à populariser son nom, c'est un petit recueil connu sous le nom de Hyakunin isshu (Cent poètes, cent poèmes), que tout Japonais sait par cœur pour avoir joué dès sa plus tendre enfance avec le jeu de cartes qui s'en est inspiré : c'est à qui trouvera aux premiers mots de chaque poème, lus par le meneur de jeu, parmi les cartes étalées devant les joueurs, celle qui en porte le second verset.

Si tout Japonais est poète peu ou prou, c'est à Teika qu'il le doit tout d'abord.

— René SIEFFERT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur à l'Institut national des langues et civilisations orientales

Classification

Pour citer cet article

René SIEFFERT. FUJIWARA NO TEIKA ou SADAIE (1162-1241) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • JAPON (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par Jean-Jacques ORIGAS, Cécile SAKAI, René SIEFFERT
    • 20 234 mots
    • 2 médias
    ...monde de la poésie. Une de leurs dernières prérogatives sera d'ordonner la composition des anthologies. C'est ainsi que Go-Toba se fait présenter par Fujiwara Sadaie (ou Teika, 1161-1241), poète et philologue, le Shin kokin[waka]shū (Nouveau Recueil de waka anciens et modernes). Les plus illustres...
  • MINAMOTO NO SANETOMO (1192-1219)

    • Écrit par René SIEFFERT
    • 383 mots

    Poète japonais, troisième et dernier shōgun du clan des Minamoto, fils de Minamoto no Yoritomo, frère cadet et successeur, en 1203, de Yoriie. Sous son nom, le pouvoir est exercé par sa mère, Masako, et le frère de celle-ci, Hōjō Yoshitoki.

    Prisonnier dans son palais de Kamakura, Sanetomo...

  • SHIN-KOKIN-SHŪ (1205)

    • Écrit par René SIEFFERT
    • 460 mots

    Huitième des anthologies japonaises officielles, le Nouveau Recueil[de waka] de jadis et naguère (Shin-kokin[waka]shū, ou Shin-kokin-shū) fut composé sur l'ordre de l'ex-empereur Go-Toba, qui avait en 1201 rétabli le Bureau de la poésie du palais, et qui révisa lui-même le texte du recueil,...

Voir aussi