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KORTNER FRITZ (1892-1970)

Fritz Kortner, de son vrai nom Fritz Nathan Kohn, se fit connaître comme acteur de théâtre et de cinéma d'avant-garde dans l'Allemagne des années 1920. Après son retour d'exil en 1949, il contribua, par ses talents d'innovateur, à redonner vie à la scène allemande. On lui doit notamment des interprétations particulièrement originales de grands chefs-d'œuvre classiques.

Né à Vienne le 12 mai 1892, diplômé de l'académie de musique et d'art dramatique de Vienne, il travaille pour divers théâtres allemands avant de rejoindre, à Berlin, Max Reinhardt en 1911 et Léopold Jessner en 1916. Il commence à jouer dans des films muets en 1916, et se fait très vite remarquer dans des rôles de « méchants ». Son énergie explosive, sa façon d'imposer un personnage font de lui un acteur idéal pour les drames expressionnistes de Jessner. On citera, parmi les rôles qui l'ont rendu célèbre, celui de Gessler dans le Guillaume Tell de Friedrich Schiller et celui de Richard III, le souverain cauteleux de Shakespeare, dans l'extraordinaire mise en scène de Jessner.

Contraint de fuir l'Allemagne après l'arrivée des nazis au pouvoir en 1933, Kortner finit par trouver refuge aux États-Unis, où il travaille comme acteur au cinéma, tout en écrivant et en montant des pièces pour le théâtre. Il revient en Allemagne en 1949 et s'y impose très vite comme metteur en scène. Son souci du détail, sa direction d'acteurs scrupuleuse font merveille dans des œuvres de Lessing, Schiller, Molière, Tennessee Williams ou bien encore Samuel Beckett. On n'a pas oublié ses réussites dans Richard III (1964), où la pièce s'achevait sur le roi en train de ramper sur des monceaux de cadavres, ou bien encore dans Père (1967) de Strindberg. Unanimement reconnu, Kortner continue de travailler pour le théâtre jusqu'à sa mort, le 22 juillet 1970 à Munich.

Il joua par ailleurs dans plus de quatre-vingt-dix films, dont, à l'époque du muet, Danton (1920 et 1931), Die Hintertreppe (1921), tous deux réalisés par Jessner, Die Schatten (1923) d'Arthur Robison, Orlac Hände (1925) de Robert Wiene, et Die Büchse der Pandora (1928) de G. W. Pabst. Il apparut également dans Beethoven (1927). Parmi les films qu'il réalisa lui-même, on retiendra Die brave Sünder (1931) et Die Stadt ist voller Geheimnisse (1955).

Son côté homme de la rue un peu bourru permit à Kortner d'incarner une grande diversité de personnages. S'il est resté fameux pour sa façon de camper des traîtres ou des criminels flamboyants, le très vaste registre affectif qui était le sien lui permit de donner vie à des héros plus policés ou à de grandes figures historiques.

— Universalis

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Écrit par

  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis. KORTNER FRITZ (1892-1970) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLEMAND THÉÂTRE

    • Écrit par Philippe IVERNEL
    • 8 394 mots
    • 2 médias
    ...Gründgens et K. H. Stroux ses metteurs en scène de prédilection. Les émigrés de retour – Kurt Horwicz ou Leonard Steckel – font plus précis, et surtout un Fritz Kortner, qui s'entend à conjuguer l'humain et le politique, mettant l'accent sur le conflit des impulsions chez un même individu, dans son jeu de...

Voir aussi