Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

WIESER FRIEDRICH VON (1851-1926)

Dans ses principaux ouvrages — L'Origine et les lois principales de la valeur économique (Ursprung und Hauptgesetze des wirtschaftlichen Wertes, 1894) et La Valeur naturelle (Der natürliche Wert, 1889) — ,Wieser, disciple de Menger, prolonge dans trois directions essentielles la doctrine de celui-ci. Tout d'abord, il précise la notion de valeur, montrant le divorce entre l'utilité et la valeur, soulignant le paradoxe de la valeur (la valeur totale d'un stock arrive à partir d'un certain moment à diminuer quand le stock augmente), créant le concept d'utilité marginale (Grenznuter), introduisant le concept de valeur naturelle ou valeur qui prévaudrait dans une société communiste et rationnelle. En second lieu, il s'interroge sur l'imputation (autrement dit, sur la dissociation), dans le produit d'une combinaison de moyens de production, de ce qui correspond, en valeur, à l'apport de chacun des facteurs, et en vient à opposer à la conception de Menger de l'adjonction d'un facteur celle d'une soustraction dudit facteur. Enfin, fidèle en cela à l'analyse marginaliste, il introduit la notion de coût d'opportunité ou coût alternatif : étant donné la quantité des facteurs de production, la concurrence sur le marché des facteurs répartit ces derniers de telle sorte que la valeur des produits qu'ils permettent d'obtenir sera la même dans tous les emplois alternatifs ; par cette réflexion, Wieser rejettera de l'analyse économique la notion de coût de production, l'opportunity-coast, exprimant l'idée qu'on aurait pu avoir besoin de n'importe quel autre facteur pour produire et obtenir tel ou tel bien.

Animateur de la première école des économistes de Vienne, Wieser aura aussi été homme politique — il est ministre du Commerce de l'empereur d'Autriche lors de la Première Guerre mondiale ; aussi souligne-t-il le rôle de l'État dans l'économie, ce dernier privilégiant l'utilité sociale, ce que Wieser appelle la « valeur naturelle ». Il s'oppose par là à la libre concurrence, qui donne un maximum de satisfactions aux individus bien placés économiquement parlant ; dans La Théorie de l'économie sociale (1913) et dans La Loi de la puissance (1926), il réclame le « respect des droits économiques fondamentaux » — droits en l'absence desquels « le principe de l'égalité des droits pour tous » conduit en pratique à une complète illégalité — et, rejetant toutefois le socialisme, qui lui semble vouloir nier toute forme de concurrence, demandera qu'on mette de l'ordre dans la vie économique des sociétés libérales (par exemple, contrôle des monopoles, des inégalités de revenus, aménagement des relations entre employeurs et salariés).

— Guy CAIRE

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Guy CAIRE. WIESER FRIEDRICH VON (1851-1926) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Marginalisme

    • Écrit par Jean-Sébastien LENFANT
    • 2 035 mots
    • 1 média
    ...la consommation de biens pour produire d'autres biens. Le détour sera plus ou moins long selon l'impatience de la communauté à consommer. Au contraire, Friedrich von Wieser (Der Natürliche Wert, 1889), successeur de Menger à Vienne, oriente la théorie autrichienne vers une synthèse avec l'école...

Voir aussi